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La copie d'une belle oeuvre d'art peut-elle être une belle oeuvre d'art ?

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« La copie d'une œuvre d'art se comprend en plusieurs sens, une copie peut être une reproduction par gravure et photographie, une copie peut être parfois un faux.

Il est question ici de se demander si dans l'art on admire en vérité un objet pour lui-même ou pour le prestige qui l'entoure, pour l'artiste génial qui l'a crée ou pour lui-même.

Aussi une copie peut parfaitement rendre compte d'un travail d'artistes et donner lieu à des émotions esthétiques comparables aux œuvres d'art originales.

Mais ce plaisir esthétique devant la copie n'est-il pas un plaisir coupable et déplacé, voire vulgaire, un plaisir qui se contenterait d'art de second sans se soucier de l'original ? 1) La reproduction des œuvres d'art Désormais n'importe quel objet est reproductible en série à l'infini, tout peut être copié même ce qui auparavant ne pouvait l'être.

La production d'objet est devenue plus rapide mais ces derniers ont perdu en qualité.

Il ne faut un long laps de temps pour dupliquer une œuvre d'art, mais quelques secondes pour la photographier et seulement quelques minutes pour l'imprimer en rotative Le « Musée imaginaire » pensé par Malraux dans l'ouvrage du même nom, est le rassemblement de toutes les œuvres d'art de l'humanité en pensée et non dans un musée réel.

La photographie a permis ce regroupement autrefois impossible, et des détails auparavant invisibles ont pu être mis à jour.

L'architecture de la cathédrale de Chartres peut enfin se révéler telle que elle est dans ses détails les plus inaccessibles et peut être comparée à d'autres types d'art.

Au contraire, W.

Benjamin a vu dans cette reproduction au même format de toutes les œuvres d'art, la fin d'un rapport imaginaire à l'art.

La démocratisation des musées et leur ouverture au public au XIXe siècle a opéré un déplacement de la valeur de l'œuvre d'art.

Les objets de culte ont perdu leur usage et ont gagné en retour une valeur d'exposition.

Le musée a détruit les valeurs de culte des objets qui y sont exposés.

Il n'est plus que le cimetière d'anciennes civilisations disparues.

Il y a donc un lien entre la naissance de la civilisation industrielle et une perte d'aura des œuvres d'art.

L'art s'est démocratisé, il n'est plus l'apanage de la noblesse et du monde religieux.

Des individus qui n'ont pas reçu d'éducation artistique ou qui n'ont pas les moyens de s'approprier de véritables œuvres d'art peuvent désormais se procurer des copies. 2) Le faux en art. Il importe de définir tout d'abord ce qu'est exactement le faux en art.

Il réside dans l'intention frauduleuse, et non dans l'imitation ellemême.

Les nombreux artistes qui s'exercent dans les musées depuis plus de deux siècles à copier les toiles des grands maîtres ne sont pas des faussaires, mais leurs ouvrages ont pu devenir des faux, soit par ignorance, soit par imposture.

La réussite du faux suppose en effet une collaboration involontaire (plus rarement frauduleuse) de l'historien d'art qui avalise le faux ; quant au négociant, il peut aussi être de bonne foi, et se trouver la victime du faussaire et de l'historien d'art.

Enfin, le faux suppose encore une certaine complaisance de la part de l'amateur abusé.

Tôt au tard, d'ailleurs, le faux est démasqué, soit qu'une meilleure connaissance des styles et des manières l'ait rejeté parmi les apocryphes, soit que le faussaire, pour n'être pas frustré de la gloire de son exploit, finisse par se faire connaître, même contre son intérêt.

Cependant, le faux n'est pas en lui-même indigne d'intérêt.

On admire les chefsd'œuvre de l'art antique à travers des répliques ou des copies dont beaucoup ont été vendues aux patriciens romains comme des œuvres authentiques.

De même qu'on s'intéresse aux petits bronzes de la Renaissance, qui relevaient bien souvent d'une intention frauduleuse, mais qui constituaient des imitations si réussies de l'Antique que, pour beaucoup d'entre eux, les spécialistes hésitent encore aujourd'hui à se prononcer.

Quant aux statuettes de Tanagra fabriquées dans des moules retrouvés dans les fouilles sont-elles ou non des faux ? Une vue plus juste ne nous ferait-elle pas reconnaître dans les pastiches gothiques faits pour Notre-Dame de Paris par le sculpteur Geoffroy Dechaume d'après les dessins de Viollet-le-Duc des œuvres qui, par rapport à leurs modèles, sont comparables aux copies romaines des originaux grecs ? De même, la contrefaçon a sévi d'une façon particulièrement fructueuse dans la peinture moderne et contemporaine.

Pour le XIXe siècle, il faut reconnaître que l'immense production de plusieurs artistes, tels Corot, Courbet, Monticelli, souvent assistés de « nègres », a contribué à créer une grande confusion dans leur œuvre. . 3) Le plaisir du kitsch. Le mot « kitsch » tirerait son origine d'un verbe allemand verkitschen qui veut dire brader ; apparu vers 1870 dans la Bavière de l'hyperromantique et maniériste du roi Louis II ; où le terme est utilisé pour qualifier les reproductions d'art à bon marché.

Kitsch veut dire aussi : « vendre en dessous du prix » ou de kitschen « rénover, revendre du vieux », d'abord « ramasser des déchets dans la rue » Le mot a ensuite resurgi dans le vocabulaire suivant les besoins du temps.

Il ne faut donc pas qualifier de kitsch un objet ou un bâtiment si l'idée et surtout le contexte qui a vu émerger cette notion n'existaient pas.

Jean Duvignaud définit ce phénomène dans Baroque et kitsch : « Kitsch, mot qui apparaît à la fin du siècle dernier, en Europe centrale quand l'industrialisation esquisse une redistribution des bénéfices de la production.

Les salariés achètent quelques bribes d'une culture à laquelle jusque-là ils n'avaient aucune participation.

Les amateurs éclairés font la grimace : ces gens se pavanent dans la pacotille, dans un ersatz de grand art, et se laissent séduire par une musique dégradée, une peinture pervertie et les facilités commerciales du tape-à-l'œil, le kitsch n'est-il que cela ? » Aussi, des bâtiments, des peintures, des sculptures peuvent être kitsch.

Le kitsch c'est la surcharge décorative, l'accumulation de symboles, la reproduction en un matériau moins noble ou inadapté d'un objet, la copie de styles artistiques incongrus pour une époque.

Ainsi la peinture pompier et académique, L'Art Nouveau, les œuvres architecturales de Gaudi ne sont à proprement parlé pas belles mais kitsch.

Mais Gaudi reste un artiste qui a produit des œuvres d'art, on ne peut dire le contraire.

Le kitsch ; c'est sortir de son contexte des éléments culturels pour les insérer dans un autre milieu totalement différent ; ou s'en servir à des fins opposées ou étrangères à leur destination d'origine.

Comme le dit Gilles Dorfles dans Le kitsch, un catalogue raisonné du mauvais goût : « Le kitsch recourt en priorité à des éléments irrationnels, fantasmagoriques, ou s'il on veut au subconscient ou au préconscient.

» Conclusion. Le plaisir esthétique pris devant une copie, un faux, une reproduction d'œuvre d'art a toujours quelque chose de coupable, de perversion.

En effet, pourquoi préférer la copie à l'original, pourquoi préférer l'art de seconde zone à l'art authentique aux chefs d'œuvre.

L'homme aime être dupé, il admire ceux qui arrivent par des procédés à le duper, il admire la technique, les proportions, les couleurs quelque soit l'intention qui peut se trouver à l'origine d'un projet.

C'est pour cette raison que les copies artistiques, les faux, les reproductions existeront toujours.. »

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