Peut-on définir l'homme par sa conscience ?
Extrait du document
«
Discussion :
Définir le propre de l'homme aboutit toujours à exclure une partie de l'humanité.
On ne saurait « définir » l'humanité
sans la réduire.
Plutôt que de travailler la question de la spécificité de l'humanité, comme le firent l'hégélianisme, le
marxisme, ou l'existentialisme, il y a peut-être une conception phénoménologique de la conscience des choses qui
milite en faveur de l'origine animale de la culture et du symbolique.
Suggestion de plan :
Première partie : Conscience et pensée
Tout d'abord, être conscient, est-ce penser au sens où l'homme est un être pensant ? Une perspective classique
d'approche de la conscience consiste à y voir un caractère anthropologique et à opposer le statut de la conscience
humaine avec l'ordre des objets ou à l'ordre de l'animalité.
En quoi l'homme se distingue-t-il en tant qu'être
conscient de l'animal ? Qu'y a-t-il donc de spécifique dans la conscience humaine ? « Conscience ! conscience !
instinct divin, immortelle et céleste voix; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre; juge
infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la
moralité de ses actions.
» Rousseau, Émile ou De l'éducation, 1762.
Dans le sentir apparaît l'immédiat de la sensation et du sentiment.
Dans la pensée apparaît la représentation de soi,
représentation qui tisse une forme et donne un identité.
L'enfant est d'abord pris dans l'immanence : Emmanuel
Kant: La conscience est-elle le propre de l'homme ? « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève
l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par là, il est une personne; et grâce à
l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne,
c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans
raison, dont on peut disposer à sa guise ; et ceci, même lorsqu'il ne peut pas encore dire le Je, car il l'a cependant
dans sa pensée.
Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement, ne commence qu'assez tard
(peut-être un an après), à dire Je; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher,
etc.) ; et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne
revient jamais à l'autre manière de parler.
Auparavant il ne faisait que se sentir; maintenant il se pense.
»
Deuxième partie : Des définitions plutôt qu'une définition
Est-ce la pensée qui oppose l'homme au reste de la création ? Cette idée d'un fossé entre l'homme et la Nature,
résultant de l'apparition de la pensée est très présente dans la culture occidentale.
Pour Pascal la conscience
équivaut à la pensée qui nous révèle les limites de notre existence: "La grandeur de l'homme est grande de ce qu'il
se connaît misérable.
Un arbre ne se connaît pas misérable".
L'arbre ne peut pas se représenter ce qu'il est, il se
contente d'exister.
L'homme se voyant lui-même, se mesure, et il se mesure d'abord à son corps, se voyant dans
ses limites corporelles, il se découvre fini, donc misérable.
Dans cette analyse, l'opposition de l'homme et de la
Nature est radicale.
Comme nous ne voyons pas dans la Nature d'êtres qui, semblables à nous, seraient capables de
disposer de la connaissance d'eux-mêmes, nous en venons à opposer brutalement l'homme et la Nature.
L'homme
existe en ayant conscience de lui-même, la Nature, elle, se contente d'exister sans conscience de soi.
Ce qui
constitue la spécificité de la conscience humaine est l'avènement de la dualité entre le sujet (le moi) et l'objet (le
non-moi), car c'est dans cette dualité que se structure peu à peu la conscience de l'ego.
Toutefois, le propre de
l'homme ne saurait être la conscience.
Le rire, plutôt que le langage, n'est-il pas plutôt ce que l'animal ne franchira
jamais ? Il y a donc ainsi une multiplicité de signes qui énoncent la limite d'une définition.
Troisième partie : Une conscience très relative
Sigmund Freud: Le moi s'identifie-t-il à la conscience ?
« L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires
: aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être
expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience.
Ces actes ne
sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes
psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous
met en présence d'idées, qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, de résultats de pensée dont.
»
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