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Peut-on croire au Diable ?

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« Comme le dit Kant dans, La critique de la raison pure, (Théorie transcendantale de la Méthode), la croyance n'est suffisante et valable que subjectivement et non objectivement.

A partir de là statuer sur la légitimité d'une croyance paraît inutile voire illégitime, parce que d'une part toute croyance est porteuse en en sens de la conscience de son insuffisance, puisqu'elle est subjective, mais plus encore parce que toute croyance religieuse relève de la sphère privée.

Cependant, la croyance au diable connote davantage que tout autre croyance.

En effet dans la tradition judéo-chrétienne, comme dans bien d'autres spiritualités, Dieu est comparé à la lumière et l'enfer au royaume des ombres.

Le diable représente alors l'esprit du mal, le mauvais génie, et prenant des apparences séduisantes, il essaie de corrompre l'homme et de l'entraîner au péché. Philosophiquement c'est donc ici la question de la responsabilité et de l'espérance morale en l'humanité que rend problématique une telle croyance. Si l'on fait prévaloir la liberté et la responsabilité humaine ne doit-on pas conclure qu'il ne saurait y avoir de mal que celui que produit l'homme ? Le diable ne saurait être envisagé comme ce qui pourrait influencer notre action.

Reste donc à envisager le diabolique comme le critère à l'aune duquel doit être jugée une action mauvaise.

Enfin, une conclusion ne s'impose-t-elle pas dés lors : n'est-ce pas volontairement que les gens se mettent en enfer et qu'ils y restent en se fixant dans la dépendance des jugements des autres ? Le mal comme venant de l'homme Le mal ne saurait venir de l'influence néfaste et corruptrice exercée par le diable et présente chez l'homme mais est issue de la liberté humaine.

Si l'homme pouvait être habité par une telle présence il n'aurait plus à porter la responsabilité du mal ni même du bien qu'il accomplit.

A cet égard Rousseau écrit dans La profession du Vicaire Savoyard : « Homme ne cherche plus l'auteur du mal, cet auteur c'est toi-même.

Il n'existe pas d'autre mal que celui que tu fais ou que tu souffres et l'un et l'autre vient de toi.

Pour Rousseau, la réalité du mal est anthropologique.

Le mal est tout entier dans l'œuvre de l'homme : « ôtez nos funestes progrès, ôtez nos erreurs, et nos vices, ôtez l'ouvrage de l'homme et tout est bien.

». L'homme à l'état de nature est guidé par l'amour de soi et la pitié qui conduit l'homme dans cet état à ne pas s'intéresser à autrui.

N'ayant d'intérêt que pour lui-même il ne saurait souhaiter ou faire réellement du mal à autrui. Le mal apparaît lorsque cette passion douce qu'est l'amour de soi se transforme en amour propre.

Rousseau précise ainsi pour les distinguer : « L'amour de soi-même est un sentiment qui porte à veiller à sa propre conservation et qui dirigé dans l'homme par la raison et modifié par la pitié, produit l'humanité et la vertu.

L'amour propre n'est qu'un sentiment relatif factice et né dans la société qui porte chaque individu a faire plus de cas de soi que de tout autre qui inspire aux hommes tous les maux qu'ils se font mutuellement, e qui est véritablement source de l'honneur », Discours sur l'origine et le fondement des inégalités. Le diabolique comme mesure de la morale Le mal humain n'est donc pas issu de l'influence néfaste du Diable, mais ne saurait être imputé qu'à l'action humaine. Le diabolique ne peut-il pas dés lors être ramené à un critère qui permet de statuer sur les actions humaines ? C'est dans cette optique que diabolique pour Kant caractérise une volonté intrinsèquement mauvaise mais qui ne saurait être humaine.

Une raison pour ainsi dire maligne érigeant l'opposition à la loi en motif de l'action transformerait le sujet en « un être diabolique » lequel cas n'est pas applicable à l'homme.

Car est diabolique « l'intention d'adopter le mal en tant que mal comme motif de ses maximes.

» Le diabolique et l'angélique ne sont que « les idées du maximum conçu comme mesure servant à la comparaison des degrés de moralité » Métaphysiques des mœurs. L'esprit diabolique ne saurait réellement exister il n'est qu'un critère pour l'action, une idée régulatrice dont il faut s'éloigner pour agir moralement. Autant dire que pour Kant l'homme est libre pour Kant aucune nature ne préside à son action ni ne la détermine en aucune manière.

De même « La béatitude, sous le nom de bonheur ne peut être atteinte dans ce monde (pour autant que cela dépend de notre pouvoir) et constitue seulement un objet d'espérance », Critique de la raison pratique. L'enfer, c'est les autres. Si nous refusons de faire du diable une entité réellement existante et qu'il doit dans cette mesure être rapporté à une idée plutôt qu'à une action humaine ne faut-il pas dés lors renoncer au concept de diable, et plus largement à ce que Nietzsche « aux arrière mondes » ? Si pour le christianisme, comme le rappelle Kierkegaard, le précurseur de l'existentialisme, le désespoir comme repli du sujet sur lui-même est le contraire de la foi, qui désigne une relation d'ouverture et de confiance de l'individu envers son Dieu.

En revanche l'athéisme sartrien conduit, sur les bases de ce type d'analyse, à une revendication du désespoir, entendu rigoureusement comme le fait pour le moi de ne pouvoir compter que sur soi, de n'avoir rien à attendre des autres.

L'existentialisme sartrien congédie l'espérance, l'existence précède l'essence, rien n'oriente. »

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