Aide en Philo

Peut-on comprendre sans interpréter ?

Extrait du document

« Analyse du sujet : Comprendre : Du latin comprehendere, « saisir avec », « embrasser par la pensée ».

A cte par lequel l'intelligence saisit le sens de quelque chose, dégager le sens.

C omprendre est plus intuitif qu'expliquer.

C 'est saisir le sens vrai, adéquat, conforme à l'intention première. Interpréter : du latin interpretari, « expliquer », « traduire », « prendre dans tel ou tel sens ».

interpréter c'est faire sortir un sens, rendre clair quelque chose de confus (par exemple un rêve), trouver une signification qui n'apparaît pas de prime abord.

Interpréter c'est saisir à chaque instant d'une façon nouvelle et originale, toujours différente. Problématique : I l semble tout d'abord que l'acte de comprendre soit entièrement lié à l'acte d'interpréter.

En effet, il faut d'abord que l'intelligence de l'homme saisisse le sens de quelque chose avant que le sujet puisse interpréter ce même élément d'une façon plus personnel.

P ar exemple, je dois comprendre ce que dit un poème avant de pouvoir en donner une interprétation, c'est-à-dire, une approche, une explication.

Inversement, pour pouvoir comprendre une langue étrangère on a besoin d'un « interprète » qui nous en livre le sens, qui donne accès à la compréhension. Il y aurait donc deux façons d'aborder le réel, deux facettes d'une même et seule chose, deux sens possibles et distincts : un sens objectif saisi par la raison : la compréhension, et un sens subjectif relevant de la sensibilité personnelle et de l'originalité de chacun : l'interprétation. Effectivement, l'homme donne sens à son existence, à ses actes, à ce qui lui arrive et à ce qu'il perçoit.

Il interprète constamment le réel, c'est son mode de rapport a.

Il n'appréhende pas seulement le monde d'une façon objective pour en comprendre le sens et les mécanisme, il l'appréhende aussi par l'intermédiaire de sa subjectivité.

C omprendre quelque chose revient ainsi à en saisir le sens premier, le fonctionnement, la vérité en adéquation avec l'être de cette chose, tandis que l'interpréter consisterait à dépasser ce stade, à aller plus loin sur le chemin de la signification.

Si la compréhension est un premier lien qui s'instaure entre le sujet qui comprend et l'élément x compris comme tel, l'interprétation est l'ouverture de c e lien à une multitude d'approches possibles, une ouverture à l'infini du sens. A vec cette question : « peut-on comprendre sans interpréter ? », on se demande si l'acte de comprendre peut être indépendant de l'acte d'interpréter. A utrement dit on se demande ici si une connaissance purement objective du sens est possible ou bien si l'homme qui comprend apporte toujours avec lui sa subjectivité, son vécu, qui lui permettent de trouver et de donner un sens.

Le sens du réel peut-il être accessible d'une façon objective ou bien est-il toujours relié à la subjectivité ? Existe t-il une connaissance dépourvue d'une implication personnelle du sujet ? L'interprétation est-elle partout présente ? Analyse du sujet : 1-Comprendre et interpréter sont deux actes indépendants et séparés : Il y a des cas où le signe parle de lui-même, il est évident, il s'affirme dans son sens sans laisser subsister d'ambiguïté.

Son sens est directement accessible à la compréhension, il n'y a pas besoin d'interprétation pour y accéder.

C 'est le cas du panneau de signalisation dont la signification est évident pour celui qui le voit, le sens ne fait aucun doute et alors on peut comprendre sans interpréter. P ar ailleurs, l'acte de comprendre et l'acte d'interpréter sont deux choses complètement différentes comme le montre les récits mythologiques et les légendes.

A insi, l'orage, phénomène physique, sera interprété comme la colère des Dieux dans les temps anciens, parce qu'il n'est pas compris, parce qu'il fait peur.

Parce que sa signification réelle et vraie est inaccessible, on lui donne un autre sens, une interprétation afin de l'apprivoiser, de le rendre familier.

Les mythes sont perçus comme vrais par ceux qui les créent alors qu'ils ne sont qu'une interprétation du réel et n'en permettent pas une compréhension au sens d'un accès à la vérité du réel. Enfin, pour Dilthey, il s'agit de deux méthodes différentes.

O pposition entre les sciences de la nature, rigoureuses et objectives (physique, chimie etc.

) avec les sciences de l'homme qui doivent renoncer au titre de « sciences » parce qu'elles ne peuvent être aussi rigoureuses du fait de leur objet d'étude.

L'interprétation est essentielle pour elle : « nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique ». C ependant, l'acte de comprendre et celui d'interpréter sont-ils réellement séparés ? 2-Le cercle herméneutique : C ependant, on ne peut nier que la compréhension et l'interprétation ne sont pas deux domaines cloisonnés, mais qu'au contraire ils se conditionnent l'un l'autre et existent l'un par rapport à l'autre.

L'interprétation s'appuie sur la compréhension et inversement la compréhension a besoin de l'interprétation. A insi, le cercle herméneutique explicite cette idée.

Saint A ugustin affirme qu'il faut « comprendre pour croire » et « croire pour comprendre ».

C ette double relation entre la croyance et la compréhension met en avant deux idées : d'une part, cela signifie qu'il ne faut pas croire si le sens nous est inaccessible, d'autre part, pour avoir accès à la connaissance, il faut s'en remettre à une révélation précédente, préexistante.

Il y a donc cercle. L'herméneutique moderne reprend cette idée du cercle herméneutique à propos de la compréhension et de l'interprétation.

A insi, l'interprétation est guidée et orientée par une précompréhension, un présupposé, une sorte d'anticipation de l'acte de comprendre. A insi, la compréhension d'une partie nécessite la compréhension des parties et inversement la compréhension d'une partie nécessite la compréhension du sens global.

C f.

Schleiermacher dans Herméneutique : « toute compréhension de la partie est conditionnée par la compréhension du tout ». A insi, le fait d'interpréter est conditionné par l'acte de compréhension.

L'homme n'est pas neutre, ni entièrement objectif dans son interprétation.

C e cercle herméneutique montre que comprendre et interpréter entretiennent des liens serrés qui ne sont pas toujours apparents. 3-L'acte de compréhension est intimement lié à celui d'interprétation : Dans Vérité et Méthode, Gadamer définit l'acte de comprendre comme composé de trois moments : la compréhension, l'interprétation et l'application. A insi, l'interprétation apparaît comme un moment constitutif de l'acte de comprendre.

Il ne peut y avoir de compréhension sans interprétation car le sens que l'on obtient à la fin est déjà présent au début. T out est interprétation.

La vie n'a de cesse d'interpréter et on ne peut avoir accès au réel par le biais d'une compréhension, d'une connaissance objective.

C 'est la thèse que développe Nietzsche.

La volonté de puissance de l'homme interprète le monde, lui donne du sens et de la force et « avoir le regard objectif du point de vue philosophique peut donc être une preuve de pauvreté de volonté et de force.

C ar la force organise ce qu'il y a de plus proche et de plus voisin ; les « connaisseurs », qui veulent fixer seulement ce qui est, ne peuvent rien fixer, tel que cela doit être ».

(fragments posthumes). De plus, il soulève l'idée que la connaissance, la compréhension objective n'est peut-être aussi qu'une forme d'interprétation : « L'idée que la physique n'est, elle aussi, qu'une interprétation du monde […] commencent peut-être à poindre dans cinq ou six cerveaux » (Par delà bien et mal).

A insi, il ne peut y avoir de compréhension sans interprétation. Conclusion : A insi, si l'acte de comprendre et celui d'interpréter semblent à première vue être deux choses différentes et si comprendre semble être possible sans interpréter d'un point de vue scientifique par exemple, il apparaît par la suite que l'interprétation et la compréhension sont intimement liés et s e conditionnent l'un l'autre.

Enfin, il n'y a pas de compréhension sans interprétation parce que interpréter est le mode d'accès de l'être humain au réel.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles