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Peut-on avoir une connaissance objective du passé ?

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« Termes du sujet: Peut-on ?: est une question qui peut se poser à deux niveaux: • la possibilité pratique/technique ou la capacité, la faculté. • La possibilité morale, ou le droit ("A-t-on le droit de ?"). PASSÉ: Dimension du temps écoulé dans son irréductible irréversibilité.

D'ordre biologique, pulsionnel, social, historique ou psychologique, le passé pèse sur l'homme dans le sens du déterminisme, mais, il structure aussi activement la personnalité sans laquelle la liberté serait impossible ou illusoire.

La liberté qui peut d'ailleurs s'exercer à l'égard du passé lui-même, dans la mesure où le sens accordé au passé reste du choix de l'individu (cf.

Sartre).

Par sa nature même, la connaissance du passé humain reste, selon les cas, occultée, aléatoire, partielle, subjective, soumise au moment social; elle laisse ainsi souvent une marge d'indétermination propice aux illusions et à l'action de l'imaginaire. [Introduction] Le mot histoire vient du grec historia qui signifie « enquête, recherche, information », puis « récit » et actuellement « science du passé humain ».

Cette « science » est l'étude de la réalité de ce qui a été, elle est un effort pour savoir et expliquer ce qui a vraiment eu lieu. Existe-t-il une méthode rigoureuse pour connaître objectivement le passé humain ? En effet, contrairement à la science physique par exemple, aucune loi ne prouve les faits historiques puisqu'ils échappent à l'expérimentation.

À quelles conditions est-il possible de connaître rigoureusement, impartialement, l'histoire humaine ? [I.

La connaissance historique] Le mot connaissance associé à celui d'histoire semble équivoque : la connaissance c'est le savoir, le rationnel, élaboré à partir de l'observation, du raisonnement ou de l'expérimentation.

Cette connaissance s'oppose à l'opinion.

L'objet de la science est ainsi de découvrir des lois auxquelles obéissent les phénomènes et de les rassembler dans des théories.

Mais il n'y a pas la possibilité de répéter les événements historiques comme on refait une expérience scientifique.

De plus, si les mathématiques ont pour objet les grandeurs et les relations, l'histoire a pour objet elle-même : Comment, alors, avoir une connaissance objective de l'histoire qui se prend pour sujet d'étude ? L'historien est lui-même une partie de l'histoire, il ne peut pas s'en détacher.

Doit-on pour autant renoncer à toute objectivité en histoire ? Par « connaissance objective » ou science du passé, on peut entendre : – un ensemble de connaissances concernant le passé, constitué selon une méthode rigoureuse, valable pour tous les hommes ; – l'explication de cette méthode. [II.

L'histoire est une construction scientifique] « Le fait historique n'est pas plus donné que les autres », écrit Claude Lévi-Strauss dans La Pensée sauvage.

L'histoire doit construire son objet.

Quelle est sa méthode ? Les difficultés proviennent de la complexité des causes et de l'impossibilité de l'expérimentation.

L'historien rencontre des obstacles spécifiques : il ne peut pas observer directement les faits dont il veut rendre compte puisqu'ils sont passés ; les faits sont souvent équivoques.

Il va donc devoir choisir : choisir les indices, les documents, choisir une perspective. Contrairement à la méthode classique du xlxe siècle (recherche des documents, critique des témoignages, synthèse), l'historien contemporain construit, c'est-à-dire qu'il va choisir dans la masse des documents et mettre en oeuvre une hypothèse explicative. L'histoire n'est pas un récit subjectif puisque, comme tout scientifique, l'historien construit son objet ; l'histoire à ce titre est une science qui rend intelligible un ensemble de faits.

Par exemple, pour Cournot, comprendre l'histoire c'est découvrir les liaisons causales : tout comme la lecture lie des mots, l'histoire lie des faits.

L'historien peut donc parvenir à une certaine objectivité, rationalité et intelligibilité. - Peut-on cependant se fier aux explications de l'historien ? [III.

Garder l'esprit critique] La connaissance objective du passé est possible mais reste toujours fragile.

En effet, la neutralité absolue de l'historien est illusoire dans son essence même, puisque l'histoire a pour sujet elle-même. Cela ne remet pas en cause l'intégrité de l'historien s'il a, au départ, fait oeuvre d'impartialité : méthodologie rigoureuse, recherche et confrontation de documents, etc. Prenons deux exemples : – L'historien marxiste : pour lui, l'histoire est traversée par la lutte des classes qui, elles-mêmes, résultent des relations économiques entre les hommes.

La révolution prolétarienne marquera la fin du capitalisme et deviendra internationale. – L'historien hégélien : pour Hegel, « la question est de savoir si, sous le tumulte qui règne à la surface, ne s'accomplit pas une oeuvre silencieuse et secrète dans laquelle sera conservée toute la force des phénomènes » (La Raison dans l'histoire).

C'est la Raison qui est à l'oeuvre dans l'histoire. Ces historiens lisent, expliquent l'histoire à travers le prisme d'un certain système mais sans rejeter les faits et en nous donnant les clés de leur système.

Il faut donc garder l'esprit critique.

La pluralité des interprétations nous avertit qu'il ne faut pas d'emblée accepter les explications.

Il faut demander des preuves : tout historien digne de ce nom explique toujours sa méthode.

« L'histoire doit être le résultat de l'effort le plus rigoureux, le plus systématique pour s'approcher de la vérité historique », écrit l'historien H.-I.

Marrou. C'est pourquoi « l'histoire se définit par la vérité qu'elle se montre capable d'élaborer » (idem).

Il faut être vigilant : la falsification de documents, la destruction ou la négation existent.

Il faut lutter contre les faux historiens (pensez aux négationnistes qui nient l'existence des chambres à gaz sous le régime nazi). [Conclusion] L'histoire n'est pas une science « dure », c'est une science humaine capable de nous donner une connaissance réelle du passé.

Loin d'être un roman, elle nous permet de connaître le passé afin de mieux comprendre le présent.

De faux historiens – « ces assassins de la mémoire » comme les appelle Pierre Vidal-Naquet – peuvent falsifier l'histoire, mais ils ne peuvent pas faire que ce qui a été n'ait pas eu lieu.

Il y a donc une « mission sociale » de l'histoire qui fait exister la mémoire.

Il ne faut jamais renoncer à la mémoire.. »

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