Peut-on agir sans savoir ?

« L'expérience est la source de la connaissance Pour les empiristes, comme Locke ou Hume, l'expérience précède le savoir.

C'est ainsi que pour Locke, il n'existe ni connaissance ni principe inné.

Dans « Essai sur l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes, Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de toute écriture.

Nos idées simples viennent de la sensation et de la réflexion.

Les idées complexes et en particulier les catégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la combinaison des idées simples.

Pour Hume aussi les principes de la raison ne sont pas innés mais acquis par l'expérience.

C'est en expérimentant, en manipulant, en observant - donc en agissant - que les hommes découvrent comment les choses fonctionnent, constituent un savoir.

Christophe Colomb n'avait pas les mêmes connaissances géographiques que nous, cela ne l'a pas empêché de partir pour un voyage autour du monde. L'homme obéit à un instinct créateur Selon Bergson, avant d'être un «homo sapiens», l'homme est un «homo faber». Avant de savoir, il exerce une action pratique sur le monde.

Les hommes du néolithique ne connaissaient pas l'agronomie.

Pourtant, malgré leur manque de connaissances théoriques, ils ont, par nécessité de se nourrir, commencé à pratiquer l'agriculture. L'outil est un intermédiaire entre l'homme et la nature, il est un prolongement du corps anatomique.

A la différence des animaux, les hommes ne sont plus tributaires de leur propre capacité organique.

Leur possibilité d'action sur la nature se trouve ainsi considérablement agrandie.

Sans doute, l'usage d'outils est-il propre à des animaux.

Ainsi, par exemple, les singes peuvent contre leurs ennemis, se servir de pierres ou prendre tout ce qu'ils peuvent trouver qui a une force percutante.

Mais ces outils ne sot pas fabriqués, ils ne sont pas mis en réserve ou préparés.

Ils sont fournis par la Nature et utilisés dans l'urgence du moment.

Certains hominidés sont aussi capables de fabriquer des outils, d'emmancher deux bambous, par exemple.

Mais ces outils ne sont pas perfectionnés.

On peut affirmer que l'outil qui existe à l'état rudimentaire chez les animaux devient un caractère distinctif de l'espèce humaine. L'homme se résume à ses actes Nous ne connaissons pas notre destination dernière, nous ne savons pas si Dieu existe, qui nous sommes, où nous allons.

Devons-nous pour autant nous abstenir de toute action? Au contraire, il est important d'agir, même si notre savoir est partiel et incomplet, selon ce que nous dicte notre conscience.

Devoir sans cesse faire des choix, prendre des décisions, sans jamais être tout à fait sûr d'être dans le vrai, telle est la marque de l'humaine condition.

Vivre c'est agir. Bien agir requiert une méthode Il ne s'agit pas tant pour nous d'être capables d'agir comme bon nous semble, que d'accéder à ce que nous voulons. Nous devons nous donner les moyens de ce que nous voulons.

Selon Descartes, «ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, le principal est de l'appliquer bien» (Discours de la méthode).Or, le contenu de cette méthode est l'objet d'un savoir. L'essentiel réside donc dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou un philosophe qui, comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rien ne saurait être plus important que de ne pas s'égarer dans les. »