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Peut-on à la fois être ignorant et sage ?

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« Le sujet repose ici sur un paradoxe.

En règle générale, on a tendance à considérer que l'ignorant n'est pas un sage. Le sage, dans l'idée courante, est au contraire celui qui a beaucoup de connaissances.

Sur ce point, reportez-vous à notre dossier de présentation du stoïcisme.

Pourtant, l'histoire nous montre comment de grands savants ont pu commettre des horreurs et des atrocités.

Vous pouvez également penser à l'histoire de Frankenstein ici.

Le docteur veut conjurer la mort et la maladie et finit par produire un monstre.

Sa volonté de savoir le conduit à la pire folie.

On a même exemple ici dans lequel la sagesse aurait été de rester ignorant.

Ici, vous pouvez vous reporter au texte de l'Ecclésiaste qui nous montre en quoi la véritable sagesse et de ne pas vouloir acquérir toutes les sciences, bien au contraire.

Dès lors, ne peut-on pas être sage et ignorant à la fois ? Mais comment l'ignorant peut-il être sage ? Estce par bêtise, est-ce sans le savoir ? Ici, vous pouvez peut-être distinguer différentes formes d'ignorance.

Pensez à la célèbre formule de Socrate : « Je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien ».

Il distingue ainsi l'ignorance qui se sait de l'ignorance qui s'ignore.

Or, Socrate incarne bien la figure du sage.

L'ignorance est alors présentée comme une absence de savoirs accumulés, mais elle suppose un savoir d'elle-même.

N'est-ce pas cette ignorance qui est véritable sagesse ? [La sagesse ne se confond pas avec le savoir théorique des sciences positives.

La sagesse se manifeste dans la solution de problèmes pratiques, existentiels.

Or, bien souvent, le savoir de type scientifique rend inapte à juger dans le domaine du quotidien.

La sagesse s'oppose à l'usage froid et désincarné de la raison scientifique ] Le scientifique n'a pas forcément l'intelligence et le sens de la vie Imaginons qu'un jeune homme hésite à se marier.

Il va consulter un grand mathématicien.

Il lui expose la situation en détail et lui demande: «Dois-je me marier?» Il est fort probable que le mathématicien refusera de répondre à la question ou se contentera de lui rappeler les statistiques du taux de divorce! Et si le mathématicien répond, sa réponse sera suggérée par son bon sens nourri par son expérience existentielle, non par les mathématiques. On n'apprend pas la vie dans un laboratoire Les sciences de la nature mettent en rapport avec le réel mais ne donnent que des résultats quantitatifs.

Le scientifique étudie les constantes qui lient les phénomènes entre eux.

Il quantifie les relations causales du déterminisme naturel.

Or, dans le domaine de l'humain, les données quantitatives ne suffisent pas.

L'essentiel est de l'ordre de la qualité.

De plus, les sciences expérimentales (physique, chimie, ou biologie) entraînent des habitudes d'esprit qui ne préparent pas à résoudre les problèmes que l'on pose au sage.

On ne peut juger sagement que par une expérience vécue qui n'a aucun rapport avec l'expérience de laboratoire.

Faire une expérience n'est pas avoir de l'expérience.

A cet égard, Bergson oppose l'intelligence scientifique à l'intuition philosophique. Pour saisir ce que nous voulons penser, il faut avoir recours à ce que Bergson nomme l'intuition.

Alors que l'entendement a l'habitude de tourner autour d'un objet, d'en établir la cartographie de surface, qu'il prétend le connaître lorsqu'il dispose d'une rhapsodie de mesures, il nous faut au contraire, si nous voulons saisir la vie, non pas l'analyser en différents éléments, mais tenter de voir « le dedans » des choses en train de se faire.

L'intuition s'efforce de coïncider avec son objet, avec ce qu'il a d'unique et par conséquent d'inexprimable.

Nous pouvons ainsi tenter de sympathiser avec le personnage d'un roman, c'est-à-dire ressentir ses émotions et, pour tout dire, nous approcher de sa durée intime. Les sciences humaines font de l'homme un objet scientifique Les sciences humaines tendent à s'aligner sur les sciences physiques et recourent, elles aussi, à l'instrument mathématique.

Durkheim dira qu'il s'agit de "traiter les faits sociaux comme des choses".

Dans cette mesure, elles se rendent moins aptes à comprendre l'homme du quotidien.

Elles ne développent pas les dons qui font le sage.

Cf.

la distinction entre "comprendre" et "expliquer" chez Dilthey.. »

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