Aide en Philo

Peut-il y avoir une science de l'inconscient ?

Extrait du document

« Analyse du sujet : Un sujet à la limite de la question de cours.

L'important est ici le mot science: l'analyse de conscient peut-elle être faite de façon rigoureusement scientifique, et si oui, comment ? Conseils pratiques : Évitez de réciter seulement inconscient ou sur Freud.

Interrogez-vous sur les critères de la scientificité d'une démarche. Cette science existe, c'est la psychanalyse fondée par Freud.

Vous savez sans doute également que celui-ci était médecin et non philosophe, et que pour lui le caractère scientifique de sa démarche était incontestable.

C'est donc le freudisme qui est à remettre en question. L'inconscient n'est pas l'inconscience.

L'inconscience est un état dont tout le monde a fait l'expérience, et donc on n'a pas attendu Freud pour s'apercevoir de son existence.

L'inconscient désigne une partie du psychisme, qui échappe par nature à la conscience.

Il ne faut pas non plus le confondre avec une sorte de réservoir des pensées oubliées, ce qui supposerait qu'elles aient dû d'abord être conscients pour exister.

Tout au contraire, parler d'inconscient, c'est supposer que nos pensées conscientes ont une origine inconsciente qui nous échappe.

Il est bien évident que la science de l'inconscient, si on admet qu'elle existe, ne saurait être une science expérimentale. Ce qui relève de l'inconscient ne peut être directement observé, et Freud le savait bien.

Si donc la psychanalyse peut réellement à bon droit être qualifiée de science, cette science sera d'un type nouveau.

Le discours scientifique n'est pas forcément le seul valide.

Nier la scientificité de la psychanalyse ne signifie donc pas nier tout droit de parler de l'inconscient, et l'on pourra par exemple estimer que, malgré son échec, l'oeuvre de Freud ouvre des perspectives intéressantes qui aident à comprendre l'homme et même à guérir certaines formes de maladie psychique. [Introduction] Freud lui-même place la psychanalyse, telle qu'il la met au point, dans une histoire scientifique des conceptions de l'homme, lorsqu'il affirme que la connaissance de ce dernier aura connu trois bouleversements majeurs — avec la fin du géocentrisme (Copernic et Galilée), la théorie de l'évolution des espèces (Darwin), et la révélation de l'inconscient (Freud lui-même).

Mais ce dernier peut-il constituer, au sens strict, un objet scientifique ? Peut-il exister une véritable science de l'inconscient ? [I – Qu'est-ce qu'un objet scientifique ?] Par définition, est « objet » ce qui est « placé devant » le sujet connaissant.

Si l'inconscient est bien ce qui est en moi le plus intime, l'objection que faisait Auguste Comte à la simple introspection peut être, à son propos, redoublée. Dans cette optique, c'est très logiquement que Freud considérait comme impossible une auto-analyse — d'où la nécessité, dans la cure, du psychanalyste comme intervenant (auditeur-interprète) extérieur. Mais un objet scientifique peut être : – soit purement a priori (si l'on intègre la logique et les mathématiques dans l'ensemble des sciences) — ce que n'est évidemment pas l'inconscient, dont le concept est déduit et travaillé par Freud à partir de l'observation et du traitement de ses patients ; – soit construit à partir d'un ensemble d'observations et d'expérimentations, et pensé en termes d'expérimentation possible — ce que ne peut être l'inconscient (on signale au passage que, de ce point de vue, la psychanalyse se trouve dans une situation comparable à celle des sciences humaines en général : observation sans vérification expérimentale possible). Freud, quant à lui, affirme le caractère scientifique de sa démarche en faisant valoir : 1) que le concept d'inconscient a une portée explicative et qu'en son absence, certains phénomènes psychiques (rêve, lapsus) demeurent incompréhensibles, 2) que la psychanalyse a une portée pratique (thérapeutique) : la cure proposerait ainsi une vérification de la théorie. On peut souligner qu'en arguant de cette efficacité de sa théorie analytique, Freud participe d'une conception « moderne » de la scientificité, qui ramène la science, comme l'a souligné J.-F.

Lyotard, à un ensemble d'énoncés qui « marchent ».

Une telle conception est cependant restreinte et éminemment discutable. [II – Conditions d'une science] Elle suppose l'existence d'une méthode : la psychanalyse en propose bien une. Elle suppose aussi l'existence d'un débat ouvert et permanent entre chercheurs travaillant dans le même champ scientifique.

De ce point de vue, le discours analytique paraît avoir un statut assez particulier : les « infidèles » à Freud (Jung, Adler) sont condamnés comme dissidents ou hérétiques, et marginalisés. Toute science présente une histoire.

Or, Freud aurait tout dit, une fois pour toutes.

Il s'agirait au mieux de « faire retour» (cf.

Lacan) à l'esprit de ses découvertes, pour les reformuler éventuellement dans un autre vocabulaire.

On a ainsi un fondateur initial, fournissant une version définitive de ce qu'il y a à savoir — ce qui n'est jamais le cas dans une science normale. On peut de surcroît, à ce propos, rappeler l'argumentation de Popper : est scientifique un énoncé qui se prête à l'épreuve de la falsifiabilité.

Ce n'est pas le cas en psychanalyse, dont la théorie globale n'a de portée que dans le cadre de sa mise en pratique à propos d'une cure particulière — comme telle non répétable. On peut ainsi affirmer que la psychanalyse, considérée comme discours-modèle d'un « savoir » possible sur l'inconscient, n'est pas une science.

Elle est par contre : – une thérapeutique (relativement) efficace ;. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles