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Percevoir, est-ce connaître ?

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« C e sujet p o s e un problème délicat : la perception, par e x e m p l e la perception d e ce livre devant vous, est-elle u n e forme d e connaissance? Pour résoudre ce problème, vous devez décrire précisément les caractères essentiels de la connaissance, puis déterminer si la perception possède de tels caractères.

En particulier, la connaissance implique un jugement, c'est-à-dire l'affirmation de la vérité d'un énoncé.

La perception suppose-t-elle un jugement? On serait tenté de répondre négativement : le jugement « je vois un livre » est postérieur à la perception du livre.

Pourtant, Descartes soutient le contraire dans l'analyse célèbre du morceau de cire dans la deuxième des Méditations métaphysiques : il vous serait utile de relire ce texte.

Cela vous permettra de distinguer la sensation, qui n'implique peut-être aucun jugement, de la perception, qui suppose au contraire un jugement. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? C'est un sujet classique sur la question de la valeur cognitive de la perception. Nos sens nous trompent-ils ? Ou est- ce les jugements que nous portons sur nos perceptions qui font de celles-ci des connaissances ? Enfin, quand bien même notre perception serait trompeuse, ne peut-on pas dire qu'elle est connaissance ? II - UNE DEMARCHE POSSIBLE. A - LA PERCEPTION SOURCE D'ERREUR. O n ne peut pas dire q u e la perception est une connaissance parce qu'elle ne répond p a s a u x exigences et a u x réquisits d e la connaissance. La perception est caractérisée par la singularité, elle est individuelle.

Or on le sait, toute connaissance solide porte sur le général. De plus la perception porte sur des réalités instables.

Déjà le Platon du "Théétète" avait critiqué l'assimilation de la connaissance à la sensation. Enfin, la perception, chacun en a fait l'expérience, nous donne une image déformée de la réalité. Les sens nous trompent et le bâton plongé dans l'eau est perçu comme courbé alors que nous savons qu'il est droit ; de même la tour qui de loin paraissait ronde est en fait carrée.

Le soleil est perçu comme se levant à l'horizon, et comme tournant autour de la terre. Toutes ces perceptions ne sont pas des connaissances mais des illusions, et les jugements que l'on porterait en prenant pour point de départ la perception ne sauraient valoir comme connaissance. B - LA PERCEPTION, CONNAISSANCE SUBJECTIVE ET TROMPEUSE. Qu'est-ce au fond que la perception ? Certainement, la réception passive des données sensibles ne suffit pas à définir la perception. Percevoir, c'est toujours être dans une certaine activité de la part du sujet percevant.

Percevoir suppose donc un sujet qui perçoit, c'est-àdire qui organise selon certaines règles la diversité des données sensibles. Donc la perception est essentiellement et structurellement déformation de la réalité. Elle est la réalité vue du point de vue du sujet, c'est-à-dire toujours d'un "je" qui unifie les diverses données qui affectent le corps. La perception ne peut donc donner que des connaissances subjectives.

Est-ce à dire pour autant que cette connaissance ne saurait jamais atteindre aucune vérité ? C - LA PERCEPTION N'EST SUSCEPTIBLE D'AUCUNE CONNAISSANCE INTUITIVE. C'est au courant phénoménologique que l'on doit les analyses les plus convaincantes sur le fait qu'aucune évidence ne saurait procéder de la perception sensible. En effet, percevoir quelque chose c'est toujours en saisir un aspect, un profil. Ainsi je perçois bien un aspect d e ce tapis laineux et rouge, nous dit Sartre, m a i s je n'en perçois jamais qu'une face, m ê m e si m a conscience peut prolonger imaginairement l'envers du tapis ou sa prolongation sous le fauteuil. Bref, il n'y a aucune possibilité de remplir complètement la conscience perceptive.

Il n'y a aucune évidence intuitive pouvant procéder de la perception sensible. Reste à se demander s'il n'y a pas une perception autre que sensible, bref une perception intellectuelle qui est susceptible d'être vraie et donc de prétendre au titre de connaissance. III - REFERENCES UTILES. DESCARTES, Méditations Métaphysiques (Première Méditation). ALAIN, Les Passions et la Sagesse. MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la Perception. SARTRE, L'Etre et le Néant. HUSSERL, Méditations Cartésiennes. IV - LES FAUSSES PISTES. Ne pas voir que la perception suppose toujours l'activité d'un sujet percevant. Manquer la valeur de connaissance subjective.. »

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