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Pensez-vous que nous pouvons être heureux aujourd'hui comme le propose Épicure?

Extrait du document

« La question qui nous est posée ici est intéressante à bien des égards, puisqu'elle nous propose, non seulement d'étudier la pensée d'Épicure, mais de réfléchir sur sa portée, c'est-à-dire sur le secours que nous, qui réfléchissons au 21 ème siècle, pouvons y trouver.

Dès lors, il ne faut pas lire notre sujet de la façon suivante : « Peut-on être heureux aujourd'hui, comme Épicure prétendait qu'il faut l'être », mais bien ainsi : « Peut-on encore aujourd'hui chercher à être heureux à la manière dont Épicure proposait de l'être ? » La question qui nous est posée est donc proprement réflexive, puisqu'elle elle ne s'occupe pas (ou plus) d'appréhender une pensée (que l'on suppose connue), mais elle nous propose de réfléchir sur cette pensée et sur son impact à notre époque. I – Épicure et l'histoire de la philosophie Il y a d'emblée deux postures que nous devons rejeter, car elles sont trop radicales pour être pertinentes.

La première consiste à exalter la pensée d'Épicure dans le seul but, par exemple, de satisfaire le professeur.

En effet, si l'on se pose la question de l'actualité de l'épicurisme, c'est bien que quelque chose a changé et qu'il y a là quelque chose à penser.

L'antiquité grecque, où vécut Épicure, n'a que peu à voir avec le monde tel qu'il nous apparaît au 21ème siècle ; dès lors, si l'on doit répondre qu'Épicure nous est encore d'un secours favorable, ce n'est certainement pas en « gobant » d'un coup tout ce qu'il nous dit.

À l'inverse, la seconde position à éviter, c'est le rejet pur et simple.

De ce point de vue, Épicure, qui vivait et enseignait dans un jardin (le fameux « Jardin d' Épicure », de même qu'Aristote avait son « Lycée » ou Platon son « Académie »), entouré de quelques disciples, ne pourrait rien nous apprendre, tant son mode de vie est différent du nôtre et tant l'écart temporel qui nous sépare de lui est grand.

En définitive, en nous prémunissant de ces deux écueils, nous réfléchissons sur notre rapport à l'histoire de la philosophie et sur notre statut d'élève, qui étudie les œuvres du passé. En effet, peut-on croire que l'on étudie les philosophes du passé uniquement parce que nous y sommes obligés (par exemple, pour obtenir notre baccalauréat) ? L'histoire de la philosophie se réduirait alors à un musée que l'on visite avec ennui, sans jamais parvenir à comprendre en quoi les philosophes peuvent nous intéresser.

À l'inverse, ne peut-on pas songer que leur pensée, au prix de quelques réaménagements (qui correspondent d'ailleurs à l'effort de pensée qu'on nous demande de fournir), que leur pensée donc soit susceptible de nous apprendre quelque chose sur nous-mêmes ou sur le monde ? En somme, l'histoire de la philosophie ne peut-elle pas être une ressource, un réservoir d'idées, pour penser la situation présente qu'est la nôtre ? Ainsi, pour la désigner positivement, notre attitude sera la suivante : nous examinerons consciencieusement la doctrine épicurienne (du moins dans ses grandes lignes), soucieux en cela de faire la part de ce qui relève d'une époque révolue et de ce qui peut encore nous soutenir aujourd'hui dans notre effort pour penser le bonheur.

Nous ferons donc crédit à Épicure d'une certaine universalité dans son propos, sans quoi son étude reviendrait à soulever en vain un nuage de poussière.

Or, que nous dit l'épicurisme ? II – Le bonheur selon Épicure Le bonheur selon Épicure se définit par l'ataraxie.

De quoi s'agit-il ? Celle-ci doit se comprendre comme l'absence de troubles au sein de l'âme.

Le but du sage épicurien est donc, en un sens, de parvenir à la sérénité.

Or, comment parvenir à un tel état ? Pour Épicure, il s'agit de détruire les causes de l'agitation qui touche l'âme humaine ; elles sont au nombre de trois : la mort, les dieux et le désir.

Afin de bien comprendre le propos d'Épicure, rappelons que celui-ci divise la philosophie en trois parties : la physique, la logique et l'éthique.

Or, comme la conception physique que l'épicurisme se fait du monde a des conséquences sur son éthique, nous devons d'abord en dire quelques mots. Pour Épicure, le monde est composé de vide et d'atomes (de minuscules particules insécables : de atomos, «que l'on ne peut pas couper»).

Les atomes tombent dans le vide et, suite à la déviation de certains d'entre eux appelée clinamen, ils s'entrechoquent et composent des agrégats: les corps, les âmes, mais aussi les planètes, etc.

Cette thèse permet d'envisager la mort (première cause de troubles) d'une nouvelle manière.

En effet, celle-ci nous effraie principalement car nous ne savons pas ce que nous allons devenir par la suite.

Or, nous dit Épicure, la mort n'est rien d'autre que la décomposition de notre corps et de notre âme, c'est-à-dire la désagrégation des atomes qui les composent.

Ainsi, tant que nous sommes vivant, la mort n'est rien pour nous et, une fois mort, nous ne sommes plus rien.

Cette conception matérialiste, qui réduit le corps, mais aussi l'âme, aux atomes (donc à la matière) propose une issue au problème de la survie de l'âme au corps et de sa destinée : notre âme ne sera pas damnée ou envoyée en enfer à la fin de notre vie, mais elle s'évanouira en un nuage de particules. Vient ensuite le problème des dieux.

Pour Épicure, comme le vide et le nombre des atomes est infini, nous devons concevoir que les dieux (s'ils existent) vivent loin de nous et ne se préoccupent guère des hommes.

Précisément, pour Épicure, ils vivent dans des inter-mondes, où ils ne subissent aucune corruption (désagrégation atomique) et restent entre eux, immortels et se mêlant uniquement de leur affaires. Enfin, Épicure soulève le problème du désir, qui au quotidien est susceptible de troubler l'âme, voire le corps lui-même.

Le but est alors d'atteindre l'ataraxie, mais aussi l'aponie (absence de troubles du corps) par l'usage réglé des désirs, c'est-à-dire un usage vertueux.

En effet, la vertu se dit en grec arétè, qui signifie « excellence ».

L'homme qui réalise son excellence propre est celui qui agit en conformité avec sa nature d'être rationnel et raisonnable, c'est-à-dire qui use modérément des désirs. Précisément, Épicure distingue les désirs naturels et nécessaires, les désirs naturels non nécessaires et les désirs ni naturels ni nécessaires.

Les premiers sont ceux que l'homme doit impérativement satisfaire (boire de l'eau) et les derniers ceux qu'il doit éviter (chercher la richesse ou la gloire).

Entre les deux, il peut s'adonner à des désirs naturels non nécessaires (la sexualité, par exemple) avec tempérance.

Par cette usage réglé des désirs, l'homme atteint l'ataraxie, c'est-à-dire qu'il connaît un plaisir modéré conforme à un usage sain de sa raison. III – La postérité d'Épicure Maintenant que nous avons récapitulé la doctrine d'Épicure concernant le bonheur, voyons en quoi celle-ci reste susceptible d'être utilisée aujourd'hui.

On peut commencer par remarquer qu'en prenant (à la suite de Démocrite) le modèle de l'atome comme constituant ultime de l'univers (même si la physique quantique a découvert depuis lors des particules encore plus petites), l'épicurisme anticipe sur bien des développements de la pensée moderne.

Mais, c'est ici sa pensée du bonheur qui nous intéresse, autrement dit sa dimension éthique.

Qu'en est-il ? La pensée de la mort que développe Épicure est intéressante, mais elle peine à provoquer notre assentiment.

En effet, nous pouvons déjà objecter que, même si pour les vivants la mort n'est rien et, réciproquement, pour les morts la vie n'est rien non plus, il n'en reste pas moins que la mort effraie par le lot de souffrances qui peuvent la précéder (que l'on songe à une maladie chronique comme le cancer).

Mais, surtout, la pensée épicurienne de la mort se contente de libérer l'individu du trouble que peut lui causer sa propre mort.

Or, qu'en est-il de la mort d'autrui, c'est-à-dire de la mort de nos parents ou bien de l'être aimé ? Le philosophe Jankélévitch, dans son ouvrage La mort, a bien montré que la mort ne nous affecte et ne nous attriste pas uniquement dans la considération de notre propre mort, mais elle nous touche aussi dans la considération du « Tu meurs », c'est-à-dire dans la mort de l'être aimé.

Ainsi, en mourant, autrui emporte avec lui une partie de la vie que nous partageons avec lui et efface les projets que nous avions faits ensemble.

Sur ce point, Épicure ne nous rassure guère et sa conception peut sembler trop individualiste. Ensuite, en ce qui concerne sa conception de l'usage des désirs, nous décelons la même ambiguïté.

En effet, le contrôle par la raison et le rejet des désirs ni nécessaires ni naturels paraît probant.

À une époque où les faux besoins semblent se multiplier, créés à coup de marketing et de campagnes publicitaires, sans que nous, les consommateurs, les exprimions spontanément, permet de nous recentrer sur l'essentiel.

De ce point de vue, l'appel à la sérénité de l'âme et à une vie saine ne peut pas ne pas nous interpeller.

Cependant, Épicure – et les Stoïciens le lui reprocheront – enseignait dans son jardin, loin des sollicitations du monde.

Le bonheur épicurien, défini comme absence de trouble, semble bien solitaire.

Ce que nous disions sur la mort en est un exemple renouvelé : je peux bien, tout seul, ne m'inquiéter de rien, mais l'homme ne s'attache-t-il pas spontanément à des êtres, voire à des choses (hormis évidemment à celles qui sont franchement inutiles), qui rendent l'existence à la fois plus digne d'être vécue, mais aussi plus propice à la déception.

Aussi, Épicure refuserait-il d'avoir des amis au prétexte qu'ils pourraient troubler son âme d'une quelconque manière ? En d'autres termes, comme l'indiquait Schopenhauer, le bonheur ne se ressent-il pas au contact du manque et de la souffrance, qui lui donnent, pour ainsi dire, son relief et sa valeur ? Conclusion : Voilà donc, brossé à larges traits, une idée possible que l'on peut se faire de l'épicurisme, une fois qu'on a rappelé en quoi il consistait.

Il s'agit évidemment d'une pensée lointaine (dans le temps) et qui souffrent de limitations, dues au fait qu'Épicure, lorsqu'il écrivait, n'avait pas le même monde que nous en face de lui.

Pour ne prendre qu'un exemple : nous voyons en quoi l'usage des désirs peut nous apporter et dans quelle mesure il apparaît nécessaire, mais nous comprenons par-là les rectifications que nous pouvons lui apporter, pour qu'il convienne à notre situation.

Or, n'est-ce pas là justement la bonne manière de se rapporter aux penseurs du passé.

Non pas répéter bêtement ce qu'ils ont dit en disant qu'ils ont absolument raison ou bien rejeter leur pensée au prétexte qu'elle ne nous concerne plus, mais en reprendre l'essentiel (c'est-à-dire le noyau de vérité) et le repenser à partir de la situation qui est la nôtre.

En ce sens, faire de l'histoire (en l'occurrence, de l'histoire de la philosophie) ce n'est pas contempler le passé et se laisser impressionner par lui, mais l'investir et décider que grâce à lui nous sommes résolument mieux armés pour comprendre le monde d'aujourd'hui. SUPPLEMENT: L'épicurisme et le bonheur. Epicure pense que le but de la vie humaine est d'obtenir le bonheur.

Le moyen de parvenir au bonheur est le plaisir né de la satisfaction des désirs.

Il faut rechercher le plaisir, car c'est son accumulation qui constitue le bonheur.

Cette doctrine s'appelle l'hédonisme (du grec « hêdonê », le plaisir).

Il faut donc se mettre en état de goûter du plaisir dans la vie, de profiter des bons moments, et même de chaque jour, de chaque instant, ce que dit la maxime latine qui reflète l'enseignement d'Epicure : « Carpe diem », « Cueille le jour ».

Pour cela il faut éliminer les soucis et les angoisses. Le matérialisme contre les angoisses religieuses. Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure, l'inquiétude religieuse et la superstition.

Bien des hommes vivent dans la crainte des dieux.

Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pas aux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants envers leurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en les écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.

Ils pensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leur adresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de se concilier leurs bonnes grâces.

Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.

Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure. Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance métaphysique, cad une science de la totalité du monde.

Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses est la matière, que tout ce qui existe est matériel.

Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à votre devenir.

C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explications possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause du phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importe à notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses. La mort n'est rien pour nous. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation.

» En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. La modération des désirs. Maintenant que nous avons vu les deux conditions négatives du bonheur, cad les pensées et les craintes qu'il faut éliminer pour pouvoir jouir de la vie, il nous faut encore définir positivement comment atteindre le bonheur.

Un peu de réflexion nous montre qu'il est absurde de désirer des plaisirs inaccessibles, ou qui ont des conséquences fâcheuses et se paient de plus grandes souffrances, comme les plaisirs de la gourmandise qui, pratiqués à l'excès, finissent par nous rendre affreusement malades.

Il convient donc de modérer ses désirs, d'opérer un tri entre eux.

Mais jusqu'à quel point ? Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels et aussi ceux qui ne sont pas nécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.

Mais qu'est-ce qui est naturel dans les désirs humains ? Et surtout, qu'est-ce qui est absolument nécessaire à notre bonheur ? Epicure ne donne pas de réponse très précise, mais il nous dit qu'il faut savoir se contenter de peu.

Ainsi, celui qui désire des mets raffinés risque fort d'être déçu et malheureux s'il n'a pas toujours les moyens de se les offrir, ou si le cuisinier rate son plat, ou si mille autres ennuis viennent l'en priver.

Avoir des désirs de luxe nous expose à souvent souffrir.

Il faut donc les éliminer.

En revanche, celui qui ne désire que des nourritures « naturelles », un peu de pain par exemple, trouvera facilement à se satisfaire, et peut même en retirer un très vif plaisir s'il a vraiment faim et soif.

En outre, le sage qui ne désire rien de plus pourra tout de même, s'il est invité à un banquet, jouir de la nourriture succulente.

De tels plaisirs ne sont nullement interdits, à condition de ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.

Il faut donc passer ses désirs au crible de sa raison et éliminer impitoyablement tous ceux qui ne sont pas naturels et nécessaires, tous ceux qui sont vains, artificiels, superflus ou excessifs . alors nous serons sages et nous atteindrons l'ataraxie, l'état d'absence de trouble de l'âme, cad le bonheur.

En effet, ce sont les angoisses, les passions, les désirs inassouvis qui troublent notre âme, nous font souffrir et nous empêchent d'être heureux.

Se délivrer de tout cela, c'est déjà être heureux, de même qu'il faut penser que le plaisir se trouve déjà dans l'absence de souffrance.

Nous voyons qu'Epicure redéfinit le plaisir (et corrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, qui n'aperçoit de plaisir que dans un excitation positive des sens ou de l'esprit.

Nous voyons aussi quelle est la vraie nature de l'hédonisme d'Epicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'est dans de tout autres buts.. »

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