Pensez, c'est dire non ?
Extrait du document
«
[Qu'on l'entende au sens général de «philosopher» ou au sens plus restreint de «raisonner», penser
implique toujours une
négation: rejet des apparences, mise en doute des certitudes établies, critique des systèmes
philosophiques antérieurs.]
Pour Platon, la pensée philosophique se fonde sur le rejet des apparences, du
donné immédiat.
Penser, c'est découvrir ce qui est derrière le monde sensible.
De
même, élaborer des concepts, c'est ne pas accepter le réel tel quel, c'est
classifier le désordre de nos sensations.
C'est l'un des sens de la formule de
Spinoza: «toute définition est une négation».
Le doute méthodique de Descartes consiste à mettre en question toutes les
certitudes établies - évidence des sens ou vérités dogmatiques - afin d'asseoir la
pensée sur des bases inébranlables.
Or, comme dit Descartes: «Doute-rais-je de
tout, il est certain que je doute, partant que je pense; je pense, donc je suis.»
Pour douter, il faut obligatoirement que je pense.
C'est en procédant à une remise
en question radicale que l'on découvre une première évidence - le cogito - sur
laquelle on peut fonder la pensée.
Toute pensée philosophique se construit implicitement contre des pensées
précédentes ou concurrentes.
Socrate rejette les sophistes, Marx critique Hegel.
Un courant récent de la philosophie se donne pour tâche de «déconstruire» les systèmes classiques ou les
idéologies modernes en les «démontant» pour mieux montrer leurs défauts.
[S'il est vrai que penser implique dans un premier temps la négation, cela ne suffit pas.
La phase de
négation doit être suivie d'une phase positive de création et d'élaboration de concepts.]
Pour penser, il faut également affirmer, créer.
Spinoza, dans son Éthique, commence par poser un certain
nombre d'axiomes (affirmations indémontrables mais évidentes).
Quant au doute méthodique de Descartes, ce
n'est pas une fin en soi.
C'est une manière de «déblayer le terrain» avant de poser la première brique qui
servira de base à l'élaboration de la pensée rationnelle.
Revenons sur la démarche cartésienne.
Si nous poussons le doute jusqu'au bout, nous remarquons qu'il
suppose une double affirmation : l'existence du cogito, mais, surtout, l'affirmation de Dieu.
Tout comme si une
affirmation première, fondamentale, soutenait toute la pensée de Descartes.
Penser, ce n'est pas tellement «
dire non » que découvrir ce Dieu qui fonde la science et donne sens à mon esprit fini.
Penser, c'est moins dire
non qu'affirmer : saisir le cogito, saisir Dieu.
Quant au doute, il est certes un instrument, mais un instrument
qui s'efface devant la suprême affirmation.
Lorsque je considère que je doute, dit Descartes, l'idée d'un être
complet se présente à mon esprit avec clarté et « je ne pense pas que l'esprit humain puisse rien connaître
avec plus d'évidence et de certitude.
» (Quatrième Méditation).
Donc, penser, ce n'est pas tant nier que
découvrir la suprême affirmation sous-tendant toute pensée : découvrir Dieu qui fonde le cogito et toute
vérité..
»
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