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Penser vous que le théâtre peut châtier les moeurs tout en délivrant un enseignement moral?

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« Le théâtre, d'après la question posée aurait des vertus cathartiques, il serait capable de réguler les émotions humaines, en les purgeant de ce qu'elles peuvent comporter de nuisible pour la société.

Il peut être le lieu où le public voit le résultat de certains comportements qui peuvent être dangereux.

Le double effet que peut apporter le théâtre est d'autant plus compréhensible si on prend la peine d'examiner ce qu'est la tragédie, genre théâtrale qui est plus à même de purifier les émotions et donner des exemples moraux. 1) Le tragique comme voie de résignation ? La Naissance de la tragédie de Nietzsche se donne pour but une redéfinition fondamentale de l'art, ce dernier étant l'activité proprement métaphysique de l'homme.

Rappelons que pour Nietzsche, l'existence du monde n'a de justification que comme phénomène esthétique Ce livre ne reconnaît qu'un dieu purement artiste, dénué de scrupule et de moral, à qui bâtir comme détruire, faire le bien comme le mal, procure le même plaisir et sentiment de toute-puissance.

Un dieu qui : « qui se débarrasse, en fabriquant des mondes, du tourment de sa plénitude, de son excès de plénitude.

» Il se délivre en somme de la souffrance des contraires accumulés en lui-même.

Le monde n'est qu'une libération à chaque instant obtenue de dieu en tant que vision éternellement changeante de celui qui supporte les plus grandes souffrances, les contraires les plus opposés« et qui ne sait se libérer que dans l'apparence.

»Cette métaphysique d'artiste prend la partie de s'opposer à une interprétation, à une signification, morale de l'existence.

Elle correspond donc à ce que Schopenhauer décrit comme étant une perversité d'esprit qui consiste à voir du monde que les phénomènes, comme dépourvus de sens moral.

Mais que pensait au juste Schopenhauer de la tragédie ? « Ce qui donne au tragique un élan particulier vers le sublime c'est la révélation de cette pensée que le monde, la vie, ne peut nous satisfaire vraiment, et par conséquent n'est pas digne de notre attachement : c'est en cela que consiste l'esprit tragique - il nous met ainsi sur la voie de la résignation.

»Le monde comme volonté et comme représentation I, 3, 51) L'origine de la tragédie se trouve dans le choeur dithyrambe.

Il s'agit de la partie non pas parlée (langage) mais bien chantée (musique).

C'est une reproduction de la volonté originelle (Dionysien) qui a besoin de son partenaire la parole qui fixe les contours (Apollinien).

En effet, dans le choeur se réalise l'unité des éléments apolliniens et dionysiens, l'unité de la parole et de la musique, du choeur et du publique : au commencement n'était pas le verbe mais la danse.

L'apogée de cette tendance est marquée par Eschyle, sa décadence par Sophocle où la fonction des choeurs s'amoindrit au profit des acteurs et parties parlées puis Euripide avec qui le déclin se fait plus franc et plus total puisqu'il se coupe de la source originelle de la tragédie et qu'il cherche d'autres stimulations qu'il trouve chez Socrate.

A commencer par le principe selon lequel le beau doit être raisonnable.

Le drame euripidien va prendre une forme d'exposition épique qui informe le spectateur de l'intrigue et la préhistoire de la scène.

Il se produit chez lui une individualisation des personnages. Socrate, le deuxième spectateur, le père de l'homme théorique est l'ennemi des instincts et l'ami des démonstrations.

La question est : où trouve-t-il la force pour faire obstacle aux inspirations collectives d'un peuple ? La réponse est dans son Daimonion qui opère chez lui différemment que chez les autres hommes.

Au lieu d'être celui qui stimule et rend créatif, il dissuade et freine. 2) La tragédie contre les mœurs de la Cité. Cette interprétation isole les quelques mots qu'Aristote consacre à la notion de catharsis.

Si par contre l'on restaure le contexte, il est douteux que l'on puisse maintenir cette traduction de catharsis par purgation.

Le choix de la traduction engage ainsi des critères à la fois méthodologiques et interprétatifs.

Dans le livre X de la République, l'art est nettement défini par Platon comme « imitation » : la poésie comme la musique reflètent les actes et les passions des hommes, mais ce qu'imite le poète, ce n'est point l'aspect noble de l'individu ; la poésie dramatique a commerce avec l'élément inférieur de l'âme (passions, émotions, etc.), elle s'adresse au « lion », à cette partie de l'âme que le sage s'efforce de dompter.

Nous dirions volontiers que ce que Platon reproche à la tragédie, c'est d'être d'essence dionysiaque.

Or un État qui doit être régi par des lois sages ne peut certes pas tolérer en son sein ce qui fortifie la partie inférieure de l'âme et ruine, de la sorte, l'élément raisonnable : le poète imitateur introduit un mauvais gouvernement dans l'âme de chaque individu en flattant ce qu'il y a en elle de plus déraisonnable.. »

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