Penser est-ce avoir des idées?
Extrait du document
«
Introduction :
L'écrivain devant sa page blanche, pense, il cherche une idée, mais dans cette recherche, alors qu'il n'a pas encore d'idée,
sa pensée fouille parmi ses souvenirs, ses impressions… La pensée n'est pas faite que d'idées, elle est d'abord une vie
psychique, affective.
Cependant, si on cherche à isoler ce qu'est la pensée pure, on verra qu'elle se distingue de la vie mentale, qu'elle est un
enchaînement rigoureux d'idées.
Certes dans notre esprit, cette pensée pure est toujours mélangée à des images et à
des sentiments.
Il faudra se demander si la pensée n'est que cette pensée pure ou si elle inclut aussi toutes les
composantes de notre vie mentale.
Mais d'autre part, il nous faudra distinguer l'acte de penser qui n'est pas pareil à celui de rêver, ou de laisser aller ses
pensées à un enchaînement automatique.
Problématique :
La pensée se révèle plus dense qu'un répertoire d'idées, cependant, peut on penser sans idées ?
I : Les idées comme éléments de la pensée.
1)
Une différence substantielle.
les philosophes dits « rationalistes » attribuent une réalité indépendante à la
pensée, une différence substantielle.
Descartes oppose la « chose pensante » à la « chose étendue », dans l'une
nous appréhendons des corps, dans l'autre des idées.
Par exemple, dans la douleur : il y a une différence de
nature entre la douleur ressentie par le corps et l'idée de la douleur dans l'esprit.
2)
Pensée mélangée et pensée pure.
On peut dire que les éléments de la pensée sont les idées, mais dans notre
expérience, nous mélangeons les images aux idées, c'est selon Platon l'origine de nos erreurs.
Nous pensons en
jugeant, c'est-à-dire en liant entre elles des idées, mais notre faculté de juger n'étant pas parfaite, nous mêlons
des images sensibles à nos jugements et nous nous embourbons dans de la non pensée, nous nous trompons.
Contre ces mauvais jugements (les jugements mélangés), Platon cherche à atteindre une pensée pure, qui ne lie
entre elles que des idées.
3)
Une pensée libérée : la déduction pure.
Les idées sont comme les atomes de la pensée, si elles ne se
mélangeaient pas aux impressions du corps, on pourrait espérer une pensée pure et sans erreurs.
Celle-ci aurait la
forme d'une déduction pure à partir d'idées simples.
Leibniz a imaginé cette pensée pure : une fois qu'on aurait
trouvé toutes les idées simples, il n'y aurait plus qu'à effectuer un calcul simple pour résoudre un problème.
II : La diversité de la pensée.
1)
L'induction : la pensée vient de l'expérience.
A la tradition rationaliste s'oppose la tradition empiriste qui veut
que les idées nous viennent des sens, qu'elles n'aient pas une existence séparée, qu'elles appartiennent à la
même substance.
Les idées sont alors conçues comme des synthèses de perceptions.
Penser ce n'est pas
seulement avoir des idées, c'est d'abord sentir, avoir des sensations que l'on mémorise.
2)
La genèse affective de la pensée.
La psychologie nous montre que l'enfant ne cherche à penser que par
affection pour son entourage social, le bébé, est d'abord mu par l'amour de sa mère, de son entourage, parler,
penser, n'est qu'un moyen pour se rapprocher de lui.
Dans ce sens, la pensée est d'abord un mouvement affectif,
un désir d'autrui.
3)
Pensée et langage.
Comment la pensée vient elle à l'enfant ? On a vu qu'il est mu par une affectivité sociale,
mais d'autre part, pour que son esprit s'organise en pensée, il faut qu'il apprenne à parler.
Le langage lui offre les
concepts et les règles sémantiques et syntaxiques qui permettent l'enchaînement cohérent des pensées.
Penser,
c'est donc d'abord avoir un langage.
III : L'acte de penser.
1)
Pensée en puissance et pensée en acte, vie mentale et réflexion.
La pensée est un tissu d'impressions,
d'opinions, de sentiments…qui n'ont rien à voir avec des idées pures.
Mais cet état de la pensée, ce que l'on
pourrait appeler la pensée au repos, en puissance ou la vie mentale, se distingue de l'acte de réfléchir qui consiste
à chercher parmi les représentations mentales la solution d'un problème.
Dans la réflexion la pensée s'épure pour
jouer son rôle : avoir une idée.
2)
Idée et opinions.
Parmi les représentations qui composent notre tissu mental, il faut distinguer les idées de
certaines représentations qui s'en rapprochent : les opinions.
Depuis Parménide, la « doxa », l'opinion, est
critiquée par les philosophes par ce qu'elle s'apparente aux idées mais elle n'en a pas la solidité, elle est acquise
par ouï dire et non par un enchaînement de raisons.
La pensée en acte au contraire, se défait des opinions et ne
cherche à enchaîner que des raisons.
3)
Idée neuve contre idée reçue.
Si la pensée est un acte, elle ne se contente pas d'être un catalogue d'idées
reçues, elle doit aussi en découvrir de nouvelles.
C'est pourquoi on peut dire avec Gaston Bachelard que penser
c'est toujours penser contre les anciennes idées.
Comme par exemple lorsque Copernic forge l'idée, contre toutes
les idées reçues, que la terre tourne autour du soleil.
Conclusion :
Penser, c'est bien avoir ou chercher des idées, plus on s'applique à la réflexion, plus on cherche à les séparer des images
reçues, des opinions admises, à les lier logiquement.
Cependant on peut se demander quelle est la nature des idées, ne
sont elles pas toujours faites d'images et d'opinions ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- On dit souvent pour expliquer, ou même excuser, un comportement humain : « c'est naturel ? ». Quel est le sens de cette expression ? Que faut-il en penser ?
- Les idées démocratiques de Tocqueville
- Lecture linéaire Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil : La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
- L’expansion des idées libérales au XIXe siècle
- Connaître et penser chez Kant