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Penser, c'est juger ?

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« Kant a dit : « penser c'est juger » et en effet le concept et le raisonnement sont des jugements en un certain sens ; mais le mot jugement a aussi un sens plus restreint : c'est l'affirmation d'un rapport objectif entre un sujet et un prédicat.

On peut donc considérer le jugement soit comme un produit de la pensée soit comme l'acte même de la pensée. I.

LE JUGEMENT DANS LA PENSÉE PRÉALABLE: JUGEMENTS ANALYTIQUES ET SYNTHETIQUES CHEZ KANT Kant distingue 3 types de jugements: a) Le jugement analytique (ou tautologique) est un jugement qui n'a pas besoin de l'expérience, l'esprit n'a pas besoin de sortir de lui-même pour connaître.

Ces jugements indépendants de l'expérience sont dits a priori.

Ils ont une qualité et un défaut.

Leur qualité est la rigueur et la certitude de ne pas se tromper.

Leur défaut: l'esprit piétine, bégaie et n'apprend rien.

Exemples: un triangle a 3 angles, ma grand-mère est la mère de mon père ou de ma mère. b) Le jugement synthétique nous donne une information nouvelle, ils sont dérivés de l'expérience.

Par exemple, tous les corps sont pesants ou ma grand-mère est blonde: je ne l'aurai jamais su par la seule pensée.

Les jugements synthétiques sont a posteriori.

Ils ont eux aussi un avantage et un inconvénient.

Leur avantage est leur fécondité: j'apprends quelque chose, leur inconvénient: l'expérience est aléatoire, partielle voire partiale (ma grand-mère est peut-être une fausse blonde !), je tire, par induction, des énoncés généraux dont rien ne me dit qu'ils ne seront pas plus tard invalidés par d'autres expériences. c) Les jugements synthétiques a priori.

Ces jugements sont aussi féconds que les synthétiques et aussi rigoureux que les analytiques.

Les mathématiques offrent l'exemple de tels jugements.

Un énoncé aussi simple que 7 + 5 = 12 est à la fois synthétique (je ne peux tirer par analyse du 7 et du 5 le nombre 12) et a priori (je n'ai pas besoin d'en passer par l'expérience pour l'affirmer). — A — Distinctions. On distingue des jugements d'inhérence (un attribut est contenu dans un sujet) et des jugements de relation (l'attribut est extérieur au sujet).

On distingue aussi des jugements de réalité (ce sont ceux des sciences positives : ils affirment des faits) et des jugements de valeur (ce sont ceux des sciences normatives : ils posent un idéal).

Enfin on peut distinguer avec Kant des jugements analytiques (les corps sont étendus), des jugements synthétiques a priori (7 + 5 = 12, la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre, tout phénomène a une cause), et des jugements synthétiques a posteriori ou jugements d'expérience (les corps sont pesants). — B — Définition. Le jugement se distingue de la simple conception parce qu'il affirme qu'une conception répond à une réalité objective.

II est constitutif de l'être ; la copule « est » ne sert pas seulement à relier le sujet et l'attribut, elle affirme la réalité de ce lien, elle est une détermination de l'être.

Comme d'autre part c'est grâce à l'unification que réalise le jugement dans nos représentations diverses que nous pouvons avoir conscience de notre propre unité, le jugement est en même temps constitutif du sujet et de l'objet. — C — Formation du jugement. L'associationnisme ne voit dans le jugement que l'association automatique de deux groupes de sensations ; mais cette explication ne rend pas compte de l'objectivité du jugement.

Je ne me contente pas de dire : « quand je soulève un corps, j'ai une impression de poids», je dis que «les corps sont pesants», c'est-à-dire que je fais correspondre à la liaison subjective de mes pensées une liaison objective.

Le jugement n'est donc pas le simple produit d'un mécanisme mental, il est invention de l'esprit et c'est pourquoi tout jugement comporte un risque.

Mais les jugements qui se forment tout seuls en nous ne sont que des préjugés.

C'est ce que montre l'analyse des conditions du jugement c'est-à-dire des conditions dans lesquelles nous affirmons un rapport comme vrai (problème de la croyance). II.

LA PENSÉE DANS LE JUGEMENT — A — L'intellectualisme. Selon Spinoza, l'esprit qui conçoit ne se distingue pas de l'esprit qui juge, c'est-à-dire que l'entendement ne se distingue pas de la volonté.

On ne peut former une idée sans poser sa vérité ; les idées s'affirment d'elles-mêmes, avec plus ou moins de force il est vrai, selon leur plus ou moins grande clarté.

Le doute n'est jamais volontaire, il est incertitude et l'incertitude tient seulement à la présence en nous d'idées contradictoires qui ne peuvent être que des connaissances du premier genre, par ouï-dire ou par expérience vague.

L'erreur n'est pas un jugement positivement faux mais seulement une idée inadéquate, c'est-à-dire insuffisante. — B — Le volontarisme. Pour Descartes au contraire, l'erreur est positive ; elle consiste à affirmer la réalité objective d'idées que nous ne connaissons pas avec assez de clarté et de distinction.

Ce qui la rend possible c'est la disproportion qui existe entre l'entendement, faculté de concevoir, limitée et passive, et la volonté, faculté active et infinie d'affirmer.

Le jugement est l'oeuvre en effet de la volonté.

Nous sommes donc responsables de nos erreurs mais il dépend de nous de les éviter en suspendant notre jugement tant qu'un doute est possible, c'est-à-dire tant qu'on ne parvient pas à des idées parfaitement claires et distinctes. — C — Le jugement vrai. Certes, il est impossible de ne pas affirmer ce qui paraît évident et en ce sens Spinoza a raison.

Mais la difficulté est de distinguer les jugements où la volonté est déterminée par l'imagination, de ceux où elle l'est par l'entendement : « Ce que le désir engendre est toujours ce qu'il y a de plus clair » remarque Valéry, et l'erreur consiste toujours à juger selon des affections corporelles (appétits, coutumes).

La maîtrise de soi est donc la condition du jugement vrai et le rôle de la volonté dans le jugement consiste essentiellement à repousser les idées que propose l'imagination pour penser selon l'entendement.

D'où la nécessité d'une éducation du jugement par laquelle on s'exerce à juger d'abord les choses qui nous touchent le moins. CONCLUSION Il faut gouverner ses pensées « Penser (peser) est fonction de peseur, non fonction de balance.

Et il serait ridicule si, au moment de juger, je regardais seulement de quel côté j'incline » (Alain).. »

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