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Passions et répétition historique ?

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« VOCABULAIRE: PASSION: * Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.

Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à l'âme.

Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire. * Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse). HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). La discipline historique • Que les passions motivent l'homme à agir ne fait aucun doute.

Par exemple, qui nierait le rôle joué par l'ambition dans l'assassinat de César ? Le problème est de savoir si les passions sont un facteur de répétition.

S'il suffisait de connaître les passions en jeu dans une situation pour en connaître l'issue, la discipline historique ne serait-elle pas superflue ? Il n'y aurait plus lieu d'enquêter pour comprendre quoi que ce soit, la mise au jour de ce que Hume appelle les « principes constants et universels de la nature humaine une forme d'anthropologie — tiendrait lieu de discipline historique. • L'existence de cette discipline témoigne en faveur de l'idée que les passions ne jouent pas un rôle écrit par avance.

Même si elles aspirent à servir leur intérêt, elles peuvent aussi en servir un autre, à leur insu.

Mus par l'ambition et la soif de richesses, Alaric et les Wisigoths envahirent Rome en 410 de notre ère.

Alaric cherchait-il à convaincre les Romains de leur ruine prochaine ? C'est peu probable. Le progrès • Au reste, les passions peuvent être mesquines et égoïstes, dans la mesure où l'individu qui agit poursuit toujours son propre but Rien n'empêche ce but « d'être bon et même universel », comme le montre Hegel dans La raison dans l'histoire.

Qu'un chercheur mette toutes ses forces dans la découverte d'un vaccin, l'ambition de l'individu concourt à l'avancée des sciences et au bien-être de l'humanité. • L'idée de répétition historique ne peut donc pas se fonder sur la permanence d'une nature passionnée de l'être humain.

Si « rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion », c'est que les passions sont constitutives — de façon positive — du progrès en histoire. Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque nous voyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout aux bonnes intentions et aux fins légitimes, lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu'être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général.

Et étant donné que ces ruines ne sont pas seulement l'oeuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin de provoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un tel esprit existe en nous.

On peut transformer ce bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rien qu'en relatant avec exactitude les malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux peuples et aux Etats et à leurs plus beaux échantillons.

On en arrive à une douleur profonde, inconsolable que rien ne saurait apaiser.

Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons: Il en a été ainsi; c'est le destin; on n'y peut rien changer; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rive tranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines.

» HEGEL « Les inclinations et les passions ont pour contenu les mêmes déterminations que les sentiments pratiques et, d'un côté, elles ont également pour base la nature rationnelle de l'esprit, mais, d'un autre côté, en tant qu'elles relèvent de la volonté encore subjective, singulière, elles sont affectées de contingence et il apparaît que, en tant qu'elles sont particulières, elles se comportent, par rapport à l'individu comme entre elles, de façon extérieure et, par conséquent, selon une nécessité non-libre. La passion contient dans sa détermination d'être limitée à une particularité de la détermination-volitive, particularité dans laquelle se noie l'entière subjectivité de l'individu, quelle que puisse être d'ailleurs la teneur de la détermination qu'on vient d'évoquer.

Mais, en raison de ce caractère formel, la passion n'est ni bonne ni méchante ; cette forme exprime simplement le fait qu'un sujet a situé tout l'intérêt vivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de. »

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