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Passions et liberté ?

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« VOCABULAIRE: PASSION: * Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.

Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à l'âme.

Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire. * Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse). LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. L'ambivalence du mot passion est indiquée dans des expressions comme « c'est un reportage passionnant » et « un crime passionnel a été commis ».

Dans le premier cas, le reportage nous offre un moment de plaisir et d'intérêt intense et nous libère de la monotonie du quotidien, nous permet de nous en évader.

Mais dans le second cas, la violence aveugle caractérise un acte commis dans un moment d'égarement, d'aliénation et de folie, bref de perte de maîtrise de soi. Passion et passivité Toutefois, pour quelle raison employons-nous le même mot, « passion », dans des situations aussi différentes ? Une définition générale permet de le comprendre. On ne décide pas d'être passionné : on « tombe amoureux » dit le langage populaire, métaphore d'une chute vécue plutôt comme un envol...

L'étymologie révèle cette passivité du sujet qui, pris par une passion, subit un état lié à une souffrance (passio), un bouleversement de son affectivité et de sa pensée.

Cette tendance durable et exclusive agit sur la totalité de l'existence, privée et sociale.

Elle peut survenir brusquement ou de façon insidieuse et progressive.

Ce bouleversement de l'âme polarise tout sur l'objet de la passion (être aimé, jeu, etc.).

Et les objets sont multiples, les passions polymorphes. Passion : enthousiasme et insatisfaction Paradoxalement, ce caractère involontaire est vécu comme le signe d'une élection : touché par le destin, le passionné se distingue des autres.

Sa passion s'offre comme une vocation.

Sa vision du monde, des autres et de lui-même change.

Il s'ouvre sur l'absolu, le parfait, le pur, l'éternel.

Son visage, ses gestes, sa fougue, tout indique qu'il est soulevé par un enthousiasme d'autant plus grand que sa passion est forte.

Mais en même temps, il paraît inquiet, souffrant, insatisfait.

C'est que la réalité jamais ne peut combler son attente.

Il est pris entre une réalité limitée et une passion qui exige qu'il brise les limites de la finitude.

Mais à l'entendre, ce qu'il vit est passionnant, même s'il ne parvient pas à bien exprimer le caractère exceptionnel de son vécu.

Il est ailleurs.

Son expérience est exaltante. En ce sens, la passion est liée à une libération par rapport aux contraintes de la plate réalité, à laquelle elle donne un relief extraordinaire.

Un bonheur suprême ne serait-il pas atteint si nous pouvions vivre cette passion ? Passion et vice Cependant, l'ambiguïté de la passion resurgit rapidement.

Involontaire, cette tendance exclut la possibilité de choix, de liberté donc.

L'homme subit la loi de la passion.

Faiblesse, dégradation, déchéance même peuvent suivre et transformer l'existence en calvaire.

Que l'on pense par exemple au joueur qui se ruine.

Le passionné ne maîtrise alors plus ses jugements ni ses actes.

Il perd le sens des réalités, de la mesure.

La passion peut ainsi conduire au vice. Aveuglé, le fanatique commet l'irrémédiable : sa passion (la haine) le pousse à faire le mal. Alors, la passion représente un obstacle majeur à la liberté authentique et celle qu'elle faisait miroiter semble n'être qu'une illusion.

Il y a une aliénation réelle de l'individu.

Une lutte nécessaire de la raison (politique et morale) contre la passion n'est-elle pas exigée pour retrouver une volonté autonome ? Passion et vertu Ainsi, le rapport entre passion et liberté est problématique et inhérent à la nature humaine. Si la maîtrise des passions est nécessaire quand elles sont contraires au droit ou au devoir, il n'en demeure pas moins que l'homme raisonnable ne peut se passer de la force qu'elles lui insufflent.

Le dynamisme dû aux passions est à l'origine de bien des actions et des oeuvres humaines.

L'artiste, le scientifique sont des passionnés.

Alors, cette maîtrise doit être entendue non pas comme une ruine des passions mais comme la recherche de leur bon usage. Il y a plus, car le vrai sage, homme libre et vertueux par excellence, n'est pas un être insensible et sans passion. L'Histoire montre que les grands hommes sont de grands passionnés et que leurs oeuvres singulières réalisent l'universel et sont à la mesure de leur passion.

Encore faut-il que, dans le déploiement de leur passion subjective, ils soient lucides et agissent en étant pleinement conscients de leur responsabilité.

La passion est alors un élément essentiel d'une authentique et libre existence.. »

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