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Nous est-il facile de savoir qui nous sommes?

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« Le mot conscience vient du mot cum scientia qui signifie accompagné de savoir.

Etre conscient, c'est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu'on agit, qu'on sent et qu'on pense..

Savoir ce que nous sommes c'est prétendre que nous sommes transparents à nous-mêmes, et être capable de savoir clairement et distinctement les mobiles qui animent notre agir. La capacité de réflexion, de faire retour sur soi n'est-elle pas le signe que c'est par la pensée que nous sommes capable de dire ce que nous sommes ? Mais la conscience peut-elle être réellement objet de connaissance ? Dans la mesure où elle est intérieure elle ne saurait se situer dans l'espace et dans le temps.

Qu'est-ce à dire ? Sinon que la conscience ne saurait être au mieux qu'une fonction logique qui donne à nos pensées leur cohérence.

Mais alors, si par essence la connaissance du moi nous échappe, ne faut-il pas aller plus loin en affirmant que « le je est un autre » Rimbaud, Lettre dite du voyant, 15 Mai 1871.

Et qu'en somme le moi ne saurait être entièrement transparent à lui-même et lucide à l'égard de ses déterminations ? La connaissance de soi est la première certitude Le discours de la méthode et Les Médiations métaphysiques contiennent le récit d'une entreprise radicale qui consiste « une fois dans sa vie » à se défaire de toutes les idées et de toutes les croyances reçues, y compris les plus assurées, pour les soumettre à l'épreuve du doute.

Celui-ci n'est pas ici le simple effet du scepticisme ordinaire par lequel on croit pouvoir s'acquitter de l'obligation de réserve à l'égard de son jugement ou du témoignage de ses sens.

Il est le résultat d'une décision, l'instrument qui doit permettre d'atteindre une vérité qui puisse servir de fondement ferme et inébranlable à toute autre.

Or, l'unique certitude qui résiste au doute est celle que livre l'énoncé : Cogito, ergo sum, « je pense donc je suis ». Ainsi dés que je pense et au moment où je pense, j'ai en même temps et nécessairement conscience d'exister. Toute pensée est par conséquent cum scientia, parce qu'elle s'accompagne toujours du savoir de celui qui pense, autrement dit de la certitude, pour le sujet, d'exister.

Penser et être, sujet et objet sont ici confondus et la formulation du cogito constitue, en un sens, le modèle de toute vérité.

Quel qu'en soit le contenu et aussi loin de moi qu'elle semble me porter, toute pensée est toujours et en même temps pensée d'elle-même.

Le cogito est donc le principe le plus évident qui se livre à une conscience faisant retour sur elle-même et tentant de découvrir la vérité sur elle et sur le monde. Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes.

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le « Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes, qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée, qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'un univers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dans la nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

Or, Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soimême.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute : « Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non que j'imitasse en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode », 3ième partie). Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, qui tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes, dans ce temps d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examen le plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d'’absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux tout ce qui peut paraître douteux.. »

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