Notre identité réside-t-elle dans la nation ?
Extrait du document
«
L'identité est un mot qui provient du bas-latin, et plus précisément du terme « identitas », qui désigne le caractère
de ce qui est le même.
L'identité est donc le fondement d'une permanence de l'être à travers les modifications imposées par le temps au
corps et à la conscience.
Dans un sens plus psychologique, l'identité est le sentiment de la persistance du moi à
travers le temps.
Le problème au centre du concept d'identité est de nature temporelle : en effet, l'identité est
cette notion qui implique l'idée de permanence et de similitude à soi, alors que l'individu est en changement dans le
temps, ne cesse de devenir autre que celui qu'il était.
Dans une certaine mesure, nous pouvons dire que le concept d'identité est aussi problématique que celui du corps :
alors que l'on compare le corps à la nef des Argonautes, dont on dit qu'elle est la même alors qu'elle subit de
multiples avaries qui entrainent une totale modification de ce qu'elle était, il en va de même pour l'identité.
Elle aussi
incarne ce paradoxe d'une permanence en dépit du changement.
Par nation, nous entendons l'ensemble des personnes qui vivent sur un territoire commun, conscient de son unité
(historique, culturelle, linguistique, religieuse...) et constituant une entité politique.
Si nous cherchons à savoir si notre identité réside dans la nation, nous voulons déterminer si notre identité consiste
dans notre appartenance à une nation.
En effet, l'appartenance à une nation peut-être considérée comme un
critère déterminant dans la définition de notre identité.
Cependant, n'est-il pas contradictoire de faire d'une appartenance nationale, c'est-à-dire, d'un fait toujours
identique à lui-même, un élément déterminant dans la définition de notre identité, puisque celle-ci est par définition
en mouvement perpétuel, toujours susceptible d'évoluer et de s'incarner en quelque chose de nouveau.
De plus,
l'évolution de l'idée même de nation en raison de la perméabilité culturelle de plus en plus grande, n'interdit-elle pas
de faire de la nation un phénomène déterminant dans la constitution d'une identité, ou au contraire, ne pousseraitelle pas à repenser simultanément le concept d'identité ?
Le problème au centre de notre réflexion sera de déterminer si la nation est un élément définitoire de notre identité,
ou une dimension contingente de celle-ci.
I.
L'identité est multiple et fluctuante : elle ne peut résider dans la seule nation
a.
L'identité, une définition en mouvement de l'individu qui se confond avec son devenir
A première vue, il ne semble pas que nous puissions affirmer que l'identité réside dans la nation, c'est à dire que
l'identité d'un individu est toute entière définie par une seule notion, en l'occurrence la nation.
La thèse que nous
défendrons dans cette partie sera que l'identité ne peut consister dans la seule nation, et non que la nation ne joue
aucun rôle dans la définition identitaire d'un individu.
En effet, il semble que l'identité ne peut jamais recevoir une
définition unique, ne peut jamais se figer dans un concept simple.
Notre identité, c'est peut-être la somme de nos
choix réalisés jusqu'à ce jour et la somme des possibilités que nous avons réalisées.
Elle consiste non dans ce que
nous pensons, voulons pour nous-mêmes à l'avenir, mais dans l'état actuel de nos apprentissages : pour le dire
autrement, je suis l'ensemble de ce que je me suis fait être jusqu'à présent, je suis l'ensemble de mes réalisations
présentes, la somme des développements de mon être en puissance que je suis parvenu à mener à bien ; et rien
d'autre.Une telle définition « additive » de l'identité nous invite à considérée que nous sommes ce que nous avons
choisi d'être, parce que j'incarne l'ensemble des choix multiples d'accomplissements et d'actions que j'ai faits
jusqu'ici.
Une telle conception nous permet de penser le paradoxe temporel de l'identité sans être réduit à l'aporie : si mon
identité est la somme présente de mes possibles réalisés, il n'est pas contradictoire de dire que l'identité change et
évolue avec le temps, à la manière de la nef des Argonautes que nous évoquions en introduction.
L'identité, c'est
l'état présent de mes apprentissages, un composé additif toujours susceptible d'augmentations et d'ajouts.
b.
L'identité comme devenir ne peut résider dans la nation, caractéristique immuable de l'individu
A partir de cette définition, plus précise que celle que nous avions donnée en introduction, nous en viendrons à
affirmer que notre identité ne peut résider dans la nation.
Affirmer une telle thèse reviendrait à figer l'individu dans
une dimension unique.
Au contraire, l'identité est ce qui ne cesse d'évoluer au cours du temps, que nous ne cessons
de modifier, de telle sorte qu'elle ne peut résider dans une seule chose : nation, religion ou quoique ce soit d'autre...
Il se peut que l'appartenance nationale entre dans la définition de notre identité : notre carte d'identité n'est-elle
pas avant toute autre chose le signe de notre appartenance à une nation ? Néanmoins, notre identité ne peut
résider dans la seule nation, dans la mesure où il est possible d'en changer, d'une part ; et dans la mesure où il
existe des apatrides, à savoir des individus qui n'appartiennent à aucune nation et qui font consister leur identité
dans le cosmopolitisme, la non appartenance nationale (c'est le cas du millionnaire décrit par Valéry Larbaud dans
son roman éponyme : A.O Barnabooth).
Puisque l'identité désigne par définition "le caractère de ce qui est le même",
l'identité ne peut résider dans la nation.
II.
L'identité ne réside pas dans la nation mais celle-ci est une dimension parmi d'autres de l'identité
a.
La nation, un phénomène intrinsèquement identitaire
Cependant, nous avons pris soin de préciser au commencement de la première partie de ce travail que si notre.
»
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