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Notre avenir est-il déterminé par notre passé, ou est-ce l'idée que nous nous faisons de l'avenir qui détermine ce que nous sommes

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« Notre avenir est-il déterminé par notre passé, ou est-ce, au contraire, l'idée que nous nous faisons de l'avenir qui détermine ce que nous sommes ? Introduction.

— « Nos actes nous suivent » : c'est le titre d'un roman de Bourget.

On pourrait dire dans le même sens, l'idée de notre avenir nous précède et nous entraîne.

Bref, tout se tient dans notre vie.

Mais de quel côté se trouve l'influence décisive ? Notre avenir est-il déterminé par notre passé, ou, au contraire, etc.

? I.

— LE PASSÉ A.

Que faut-il entendre par là ? -- D'abord — on risquerait de l'oublier —, ce que nous sommes constitutionnellement : notre nature, c'est-à-dire nos dispositions et nos tendances congénitales, notre tempérament, notre caractère... Ensuite, certains faits (titre universitaire, par exemple) qui élargissent nos possibilités ou, au contraire, bloquent pour nous nombre d'entre elles : ainsi une famille à entretenir, l'amputation d'un membre, une condamnation inscrite au casier judiciaire...

Mais « notre passé » évoque plutôt les circonstances de notre vie qui ont précisé le visage résultant de notre constitution, ce qu'a fait de nous notre milieu, en particulier l'éducation reçue, la profession pratiquée...

; surtout ce que nous nous sommes faits nous-mêmes par notre conduite personnelle, c'est-à-dire nos habitudes. B.

Ce passé est-il déterminant ? — Il l'est pour la matière brute et même pour les végétaux auxquels on ne peut reconnaître aucune faculté de choix. Au contraire, il ne l'est pas d'une façon absolue pour l'animal, qui est capable de prévoir : ainsi le chien, sous la menace du bâton, résistera à l'attrait qui, sans cela, serait déterminant.

A plus forte raison l'homme peut-il, dans des conditions analogues, résister à ses tendances naturelles ou acquises. Le déterminisme du passé peut donc être surmonté par une vue d'avenir.

Mais cette vue ne devient-elle pas alors déterminante ? II.

— L'AVENIR L'avenir n'existe que dans l'idée que nous en avons.

Toutefois quand il s'agit de nous, cette idée tend à se réaliser, et on a parlé des « idées-forces ».

Ne sommes-nous pas déterminés par ces forces ? A.

L'idée de l'avenir, celle que nous nous faisons, non, sans doute de l'avenir du monde en général, mais de notre avenir exerce sur notre présent une action assez variable. C'est peut-être l'élément essentiel de l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes.

Mais, en ce qui concerne la conduite et l'action, ses effets diffèrent d'un individu à l'autre : pour les tempéraments actifs, elle porte à mettre en oeuvre ce qui permettra de la réaliser ; pour d'autres, qui se contentent de rêver l'avenir qu'ils souhaitent, elle constitue un alibi. B.

Toutefois cette idée ne détermine pas absolument ce que nous sommes, — Les remarques précédentes suffiraient à nous en convaincre, mais d'autres considérations sont à faire valoir. Il est, du fait de notre passé, des idées irréalisables et auxquelles cependant nous ne renonçons qu'avec peine.

De plus, à moins de tempéraments d'une impulsivité morbide, les idées réalisables elles-mêmes ne se réalisent pas automatiquement : leur pluralité laisse place au choix ; or qui dit choix exclut le déterminisme. Conclusion.

— Ainsi et notre passé et l'idée que nous nous faisons de notre avenir contribuent bien à nous faire ce que nous sommes, mais ni l'un ni l'autre ne suffit à le déterminer.

Ils ne le déterminent même pas l'un avec l'autre ; en effet, l'avenir de l'homme n'est déterminé que partiellement, en sorte que, entre les multiples idées qui restent réalisables, il lui est possible de choisir et, par ce choix, d'agir indirectement sur les forces déterminantes du passé.. »

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