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Nietzsche

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Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail. Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient nous surprendre. Qu'est-ce à dire? C'est l'habitude du travail en général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau, adventice ; il sera d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l'on a souffert plus fort des besoins. Pour échapper à l'ennui, l'homme travaille au-delà de la mesure de ses autres besoins ou il invente le jeu, c'est-à-dire le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui du travail en général. Celui qui est saoul du jeu et qui n'a oint, par de nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser est à marcher, d'un mouvement bienheureux et paisible : c'est la vision de bonheur des artistes et des philosophes. Nietzsche

« Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail.

Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient nous surprendre.

Qu'est-ce à dire? C'est l'habitude du travail en général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau, adventice ; il sera d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l'on a souffert plus fort des besoins.

Pour échapper à l'ennui, l'homme travaille au-delà de la mesure de ses autres besoins ou il invente le jeu, c'est-à-dire le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui du travail en général.

Celui qui est saoul du jeu et qui n'a oint, par de nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser est à marcher, d'un mouvement bienheureux et paisible : c'est la vision de bonheur des artistes et des philosophes. QUESTIONNAIRE INDICATIF • Qu'est-ce qui nous « accoutume au travail »? • Qu'est-ce que « l'ennui » (selon Nietzsche)? — Importance de la notation « besoin nouveau et surajouté » dans l'économie de ce texte? • Comment comprenez-vous que ce « besoin » sera « d'autant plus fort » « qu'aura peut-être été plus forte aussi la souffrance causée par les besoins »? • Qu'est-ce que « le jeu » (selon Nietzsche)? • Comment appréhendez-vous le « troisième état » évoqué par Nietzsche ? — Comment Nietzsche l'évoque-t-il, tente-t-il d'en rendre compte ? — Comment comprenez-vous « un état de félicité tranquille dans le mouvement »? — En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique ? Partie du programme abordée : Le travail. Analyse du sujet : Au-delà de sa fonction première (apaiser le besoin), le travail est le grand palliatif à l'ennui, au même titre que le jeu.

Seuls les artistes (ou les philosophes) peuvent trouver le bonheur hors du travail ou du jeu. Conseils pratiques : Analysez avec rigueur la notion d'ennui et celle de divertissement au sens de Pascal. Bibliographie : PASCAL, Pensées, Gallimard (tout le chapitre concernant le divertissement). Nietzsche, La volonté de puissance, Trident. Nietzsche, Humain, trop humain, I, Gallimard. Difficulté du sujet : ** Nature du sujet : Classique. Articulation des idées: Nietzsche analyse ici que qu'on pourrait appeler une dialectique du besoin et du travail, laquelle comprend cinq moments et trois états de l'activité humaine: Le besoin nous pousse au travail (premier état) et nous y habitue. Le travail devient alors lui-même un besoin: quand on n'a plus besoin de travailler, on s'ennuie. D'où l'invention d'une sorte de travail de substitution mais gratuit (puisqu'il ne répond à aucun besoin, sinon le besoin de travailler lui-même): le jeu (deuxième état). Mais le jeu peut finir par lasser: il peut alors être dépassé dans un troisième état: celui de l'activité "des artistes et des philosophes". A la question –apparemment provocatrice- de savoir si nous avons réellement besoin de travailler, Nietzsche répond par l’image d’un cercle vicieux qui nous mène indéfiniment, selon une régression à l’infini, du travail au besoin et du besoin au travail.

C’est ce qu’exprime le premier temps du texte, qui est implicitement centré autour d’une mise en cause de la notion de besoin.

Dénonçant l’illusion abstraite du besoin naturel qu’il faut bien combler par le travail, Nietzsche soupçonne le besoin d’être un résultat : l’habitude du travail produit le besoin du travail, qui répond donc à un besoin culturel (« nouveau », « adventice ») et non plus naturel.

C’est culturellement que nous avons besoin de travailler, besoin qui envahit même ce qui n’est pas le travail.

Aussi, dans un second temps, Nietzsche repère-t-il jusque dans nôtre attitude de « loisir » des traces d’une attitude qu’on croirait réservé au travail.

Sans travail, nous nous ennuyons, de cet ennui métaphysique (et dont l’accent est assez pascalien) qui témoigne de ce que le travail est rentabilisation, organisation machinale porteuse de repères.

L’exemple du jeu, ce travail sans travail, est bien significatif : il n’y a finalement rien de plus sérieux qu’un jeu aux règles duquel nous sommes souvent plus attachés qu’aux lois elles-mêmes.

Bref : le travail social exporte son « esprit de sérieux ».. »

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