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Nietzsche

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Je considère la mauvaise conscience comme le profond état morbide où l'homme devait tomber sous l'influence de cette transformation, la plus radicale qu'il ait jamais subie – de cette transformation qui se produisit lorsqu'il se trouva définitive- ment enchaîné dans le carcan de la société et de la paix. (... ) Tous les instincts qui n'ont pas de débouché, que quelque force répressive empêche d'éclater au-dehors, retourne en dedans – c'est là ce que j'appelle l'intériorisation de l'homme : de cette façon se développe en lui ce que plus tard on appellera son " âme ". Tout le monde intérieur, d'origine mince à tenir entre cuir et chair, s'est développé et amplifié, a gagné en profondeur, en largeur, en hauteur, lorsque l'expansion de l'homme vers l'extérieur a été entravée. Ces formidables bastions que l'organisation sociale a élevés pour se protéger contre les vieux instincts de liberté – et il faut placer le châtiment au premier rang de ces moyens de défense – ont réussi à faire se retourner tous les instincts de l'homme sauvage, libre et vagabond – contre l'homme lui-même. La rancune, la cruauté, le besoin de persécution – tout cela se dirigeant contre le possesseur de tels instincts : c'est là l'origine de la " mauvaise conscience ". (...) Mais alors fut introduite la plus grande et la plus inquiétante de toutes les maladies, dont l'humanité n'est pas encore guérie aujourd'hui, l'homme (...) malade de lui-même : conséquence d'un divorce violent avec le passé animal, (...) d'une déclaration de guerre contre les anciens instincts qui jusqu'ici faisaient sa force, sa joie et son caractère redoutable. Nietzsche

« Je considère la mauvaise conscience comme le profond état morbide où l'homme devait tomber sous l'influence de cette transformation, la plus radicale qu'il ait jamais subie – de cette transformation qui se produisit lorsqu'il se trouva définitive- ment enchaîné dans le carcan de la société et de la paix.

(...

) Tous les instincts qui n'ont pas de débouché, que quelque force répressive empêche d'éclater au-dehors, retourne en dedans – c'est là ce que j'appelle l'intériorisation de l'homme : de cette façon se développe en lui ce que plus tard on appellera son " âme ".

Tout le monde intérieur, d'origine mince à tenir entre cuir et chair, s'est développé et amplifié, a gagné en profondeur, en largeur, en hauteur, lorsque l'expansion de l'homme vers l'extérieur a été entravée.

Ces formidables bastions que l'organisation sociale a élevés pour se protéger contre les vieux instincts de liberté – et il faut placer le châtiment au premier rang de ces moyens de défense – ont réussi à faire se retourner tous les instincts de l'homme sauvage, libre et vagabond – contre l'homme lui-même.

La rancune, la cruauté, le besoin de persécution – tout cela se dirigeant contre le possesseur de tels instincts : c'est là l'origine de la " mauvaise conscience ".

(...) Mais alors fut introduite la plus grande et la plus inquiétante de toutes les maladies, dont l'humanité n'est pas encore guérie aujourd'hui, l'homme (...) malade de lui-même : conséquence d'un divorce violent avec le passé animal, (...) d'une déclaration de guerre contre les anciens instincts qui jusqu'ici faisaient sa force, sa joie et son caractère redoutable. La conscience est une faculté propre à l'homme qui est communément considérée comme une qualité pour celui-ci.

Mais ne peut-on pas s'interroger devant le bien-fondé de ces propos lorsqu'on voit les déviations du comportement humain, comme la torture ou la guerre ? Nietzsche la considère comme la source nécessaire des maux de l'homme.

On peut dés lors légitimement s'interroger sur l'attribut qualitatif qui lui est habituellement assigné.

Ce texte issu de la Généalogie de la morale va nous permettre de mettre en exergue l'originalité et la modernité de la pensée nietzschéenne.

Tu ne dis rien de la sorte Il faut avant toute analyse préalablement insister sur la démarche dynamique de Nietzsche.

Ici, Nietzsche s'intéresse essentiellement à la genèse de la conscience.

Sa conception de la conscience "moderne" se trouve davantage dans le Gai Savoir (aphorisme 354 par ex.).

Ce qui est évoqué ici, ce sont les prémisses de cette conscience moderne, une sorte de conscience primitive.

Tu n'expliques rien et ce n'est pas exact.

PLAN DU DEVOIR ? La conscience est nous dit-il un "état morbide", qui est apparue de pair avec l'apparition des sociétés humaines.

Nous avons vu que sans conscience, il n'est point de moyen de communiquer autrement que par signaux.

Or, la formation d'une société réclame une communication importante entre les individus qui la composent.

Ainsi est apparu un besoin de communication, une pression de communication qui explique la relation entre la complexité croissante des sociétés d'alors et l'émergence de la conscience.

Mais en même temps que la société naissent des interdits et des lois qui régissent le fonctionnement du groupe ; il en résulte fatalement un rétrécissement des libertés individuelles.

C'est ce qui constitue le "carcan" dont nous parle ici l'auteur.

Il y a selon lui un conflit inextinguible entre les "instincts" de l'individu et la morale de la société. Ce se passe-t-il alors dans la conscience de l'individu ? Une force répressive vient nous dit-il refouler les instincts jugés incompatibles avec la morale quels sont-ils ?.

Ces instincts refoulés se sont accumulés dans sa conscience, dans son monde intérieur, les interdits sociaux se développant de pair avec la société. L'individu perd ce faisant une part non négligeable de sa liberté originelle en quoi consiste-t-elle ?, et se développent grâce à la conscience des besoins de "persécution" d'autrui.

En effet, la suppression des instincts supprime de facto les limites fixées par la nature, et laisse seule la conscience gérer les actes de l'individu.

Or cette conscience, réceptacle des instincts réprimés, peut se traduire par des comportements monstrueux, tels que la guerre ou la torture, exutoires de ses pulsions refoulées ; et en cela elle finit par retourner "l'homme contre lui-même".

Tu ne dis toujours rien de la sorte de la mauvaise conscience Le dernier point important de ce texte est le caractère maladif que prête Nietzsche à la conscience.

Cette métaphore se retrouve plusieurs fois dans ce texte et dans le Gai Savoir ; elle est d'importance car elle constitue la conclusion de la pensée nietzschéenne sur la conscience, car elle est "la [maladie] plus fatale de toutes dont un jour nous périrons", Le gai savoir, 354.

La symbolisation outrancière de la réalité par le concept, outil de la conscience, ne nous conduit-elle pas à l'égarement ? L'oblitération des instincts par la conscience ne conduit-il pas à l'aveuglement ? Cette prise de position de Nietzsche sur la conscience est parfois comprise comme sous-entendant le mythe du bon barbare, car il fait l'apologie de l'instinct profond, bridé par la morale judéo-chrétienne.

Mais la pensée de. »

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