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Nietzsche

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Tu vois maintenant une erreur dans cette chose que tu aimas autrefois comme vraie ou comme probable : tu la rejettes loin de toi et tu te figures que ta raison vient de remporter une victoire. Mais peut-être cette erreur, jadis, alors que tu étais un autre –on ne cesse jamais d'être un autre- t'était-elle aussi nécessaire que tes « vérités » d'aujourd'hui ; c'était une sorte de peau qui te cachait, te voilait bien des choses que tu n'avais pas encore le droit de voir- c'est ta nouvelle vie, ce n'est pas ta raison qui t ‘a tué cette idée : tu n'as plus besoin d'elle, elle s'effondre sur toi, et sa déraison vient au jour, elle sort en rampant comme un ver. Quand nous exerçons notre critique, ce n'est pas arbitrairement, ce n'est pas impersonnellement, c'est, souvent au moins, parce qu'il y a en nous une poussée de forces vivantes en train de dépouiller leur écorce. Nous nions et nous sommes obligés de le faire parce qu'il y a quelque chose en nous qui VEUT vivre et qui VEUT s'affirmer, quelque chose que nous ne connaissons, que nous ne voyons peut-être pas encore !… Donnons ce bon point à la critique. Nietzsche

« « Tu vois maintenant une erreur dans cette chose que tu aimas autrefois comme vraie ou comme probable : tu la rejettes loin de toi et tu te figures que ta raison vient de remporter une victoire.

Mais peut-être cette erreur, jadis, alors que tu étais un autre –on ne cesse jamais d’être un autre- t’était-elle aussi nécessaire que tes « vérités » d’aujourd’hui ; c’était une sorte de peau qui te cachait, te voilait bien des choses que tu n’avais pas encore le droit de voir- c’est ta nouvelle vie, ce n’est pas ta raison qui t ‘a tué cette idée : tu n’as plus besoin d’elle, elle s’effondre sur toi, et sa déraison vient au jour, elle sort en rampant comme un ver.

Quand nous exerçons notre critique, ce n’est pas arbitrairement, ce n’est pas impersonnellement, c’est, souvent au moins, parce qu’il y a en nous une poussée de forces vivantes en train de dépouiller leur écorce.

Nous nions et nous sommes obligés de le faire parce qu’il y a quelque chose en nous qui VEUT vivre et qui VEUT s’affirmer, quelque chose que nous ne connaissons, que nous ne voyons peut-être pas encore !… Donnons ce bon point à la critique.

» Nietzsche. Il n'y a ni erreur ni vérité C'est une erreur de croire que le passé est une erreur.

C'est une erreur de croire que le présent est vérité.

A dire vrai, il n'y a ni erreur, ni vérité.

Tout a la même valeur, sans valeur, que le flux de la vie emporte.

Et même, ce qui est erroné, ce n'est pas l'erreur, mais plus fondamentalement, la dénonciation de l'erreur ! Et Nietzsche de se livrer un temps à l'apologie des erreurs, car toute erreur, dit-il, est "nécessaire", non pas, bien sûr, en tant que telle, mais dans le rapport que nous entretenons avec elle.

L'erreur est une "peau", elle est un "voile".

"Aléthéia" comme disaient les grecs.

Mais, pour ce qui concerne le passé, il n'est en réalité ni vrai, ni faux.

Il en est donc de même du présent, il n'est ni plus vrai, ni plus faux: il est "nécessaire", en étant, paradoxe apparent, relatif à ce que nous sommes à un moment donné.

Ce qui met en cause profondément les croyances qui seront les nôtres demain, et que l'on voudra bien sûr à tout prix faire passer pour des "vérités. Le vouloir-vivre qui nous traverse nous fait rejeter ce qu'hier nous tenions pour vrai. La vérité d'hier "s'effondre", comme le ferait la vieille peau du serpent accomplissant sa mue, inutile et flasque. Nous croyons que cette critique se rattache à la raison en général, mais c'est notre critique.

Il y a une vérité en nous, qui ne prend pas la forme d'un discours, mais qui est "une poussée de forces vivantes en train de dépouiller leur écorce".

Ainsi Nietzsche reprend-il implicitement l'image de la verdeur de la vie, de l'arbre et de l'écorce, du serpent et de sa mue.

Quelque chose qui est en nous, le flux de la vie.

Alors "nous nions".

Mais cette négation n'a rien de négatif: elle est notre façon à nous d'accepter l'élan même de la vie.

L'élan secret, mais tout-puissant du vouloir-vivre.

D'où l'apologie brève que Nietzsche fait de la critique: elle est bonne, parce qu'elle nous permet de reconnaître le vouloir-vivre qui nous traverse de part en part. Mise en cause de la valeur de la vérité. C'est une des fonctions de la philosophie: savoir aller au-delà des certitudes premières, savoir ne pas en rester aux apparences.

On a aussi dans ce texte l'expression d'un vitalisme.

C'est l'apologie de la volonté de puissance (faites une recherche sur ce concept). « Tu vois maintenant une erreur dans cette chose que tu aimas autrefois comme vraie ou comme probable : tu la rejettes loin de toi et tu te figures que ta raison vient de remporter une victoire.

Mais peut-être cette erreur, jadis, alors que tu étais un autre –on ne cesse jamais d’être un autre- t’était-elle aussi nécessaire que tes « vérités » d’aujourd’hui ; c’était une sorte de peau qui te cachait, te voilait bien des choses que tu n’avais pas encore le droit de voir- c’est ta nouvelle vie, ce n’est pas ta raison qui t ‘a tué cette idée : tu n’as plus besoin d’elle, elle s’effondre sur toi, et sa déraison vient au jour, elle sort en rampant comme un ver.

Quand nous exerçons notre critique, ce n’est pas arbitrairement, ce n’est pas impersonnellement, c’est, souvent au moins, parce qu’il y a en nous une poussée de forces vivantes en train de dépouiller leur écorce.

Nous nions et nous sommes obligés de le faire parce qu’il y a quelque chose en nous qui VEUT vivre et qui VEUT s’affirmer, quelque chose que nous ne connaissons, que nous ne voyons peut-être pas encore !… Donnons ce bon point à la critique.

» Nietzsche. Pour NIETZSCHE, il y a un vouloir-vivre en nous, plus fort que nous. 1.

Aussi, sur le ton de l’interpellation au lecteur, NIETZSCHE affirme qu’il y a illusion à croire que la raison remporte une victoire lorsqu’elle rejette les erreurs d’hier.. »

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