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Ne fait on que subir le devenir ?

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« A l'instar de tout ce qui est, l'homme est par nature soumis au temps et donc au changement.

En effet, il a été, il est et il sera, sans jamais arrêter de passer par de nombreux états différents, tout en ayant plus ou moins conscience de ces évolutions.

La question est alors de déterminer dans quelle mesure l'homme subit cette série de changement que l'on appelle le devenir.

Plus encore : cette inscription irrémédiable dans une dimension temporelle évolutive est-elle réellement contraignante pour l'homme ? L'est-elle uniquement ? C'est ce que nous allons essayer de déterminer. 1- Devant l'évidence des changements qui ont lieu sur nous ou autour de nous, et face auxquels on se trouve être impuissants, il semblerait dans un premier temps qu'on ne puisse pas échapper au devenir mais qu'au contraire on doive bien le subir. 2- Pourtant, au moment où nous en prenons conscience, le devenir n'est pas.

Il semble alors qu'il y ait là un paradoxe de taille : comment reconnaître que l'on subit quelque chose qui n'est pas encore et dont on ne sait rien ? 3- Enfin, il faudra tout de m ê m e se demander si, par delà les ambiguïtés qui le caractérisent e t e n vertu de la possibilité qu'a l'homme d e s'y projeter, le devenir n'est pas, finalement, un formidable moteur pour devenir maître d e son destin et ne pas subir passivement les événements. 1- Panta rei (tout s'écoule) Si nous reprenons ici cette célèbre formule d'Héraclite, c'est qu'elle a le mérite d e caractériser, en d e u x mots, l'universalité du devenir.

« Tout s'écoule » indique en effet que toute chose est en permanence engagée dans un flux perpétuel qu'elle ne peut contrôler. Comment pouvons-nous alors avoir une prise sur les choses ? Dans cette conception, il semble que nous soyons bien soumis aux mutations de l'être et qu'à défaut d'avoir quelque influence sur ce processus, nous devions nous résoudre à en subir les effets.

Mais si rien n'est stable, si réellement « o n n e s e b a i g n e jamais deux fois dans le même fleuve », on doit alors admettre que ce qui est doit irrémédiablement se dissoudre et ne peut dès lors pas se conserver, ruinant alors toute possibilité pour l'être de prendre le dessus sur le devenir. Chez les Stoïciens, on trouve également cette idée d'impuissance de l'homme ou des choses à agir sur le cours des événements. Cette impuissance se traduit ici en terme de nécessité : l'univers est gouverné par ce principe qui ne laisse place à aucune modification : tout ce qui arrive devait arriver, tout ce qui doit arriver arrivera.

M ê m e si on ne peut pas à proprement parler d e fatalisme chez les Stoïciens (ce qui arrive est inéluctable mais est soumis au gouvernement d'une raison clairvoyante qui organise la totalité de l'univers de la meilleure façon possible), on peut tout de même dire que cette conception du destin est contraignante et qu'elle ne permet à l'homme de s'affranchir d'un devenir qu'il doit subir, de manière plus ou moins heureuse. 2- Paradoxe du devenir Il apparaît clair q u e présenté c o m m e tel, le devenir ne s e m b l e pas permettre à l'homme d e contrôler les changements qui l'affectent.

Même plus, l'idée du devenir peut aussi être source d'inquiétude, d'angoisse, comme l'exprime cette question maintes fois entendue : « mais qu'allons-nous devenir ? ».

Pourtant au moment où nous en prenons conscience, le devenir n'est pas, c'est bien toute l'ambiguïté. Parmi les objections à cette idée de soumission au devenir, on peut trouver dans la théorie de l'être et du non-être de Parménide une remise en cause radicale du devenir lui-même.

En s o m m e , si devenir, pour une chose, consiste à changer d'état, il faut qu'elle devienne ce qu'elle n'est pas encore, c'est-à-dire une autre chose, mais aussi et en même temps qu'elle reste ce qu'elle, qu'elle demeure elle-même.

Ce changement d'état qui caractérise le devenir interroge donc les rapports entre l'être et le non-être.

Or pour Parménide, seul l'être est, et le néant n'est pas.

La conclusion qui s'impose est que le devenir est impossible.

L'être est ici un et immuable, et c'est sa persistance même qui nous empêche de subir le devenir. Le problème est ici que la réalité du monde physique, toujours changeant et en mouvement, est totalement remise en question, ce qui semble contradictoire avec l'expérience que nous en faisons.

Platon, avec sa théorie du mélange des genres, semblait proposer une solution médiane en ce qu'il considérait que le devenir implique le mélange mutuel de l'être et du non-être, avec comme conséquence qu'une chose ne devient qu'à partir du moment où elle à la fois identique et différente d'elle-même.

Mais ce mouvement, ce va-et-vient plus que difficile à concevoir que l'on se place du côté d'Héraclite ou de Parménide, est-il passif ou peut-on penser qu'il est actif ? En effet, si l'on veut parvenir à accepter l'idée que nous ne subissons pas le devenir, il faut être en mesure de montrer que nous pouvons influer sur le mouvement qui nous fait changer. 3- Possibilité d'influer sur son devenir Si nous devons en effet nous réduire à accepter fatalement que nous ne faisons que subir le devenir, de quelque manière qu'il se manifeste, nous nous retrouvons dans une position guère plus enviable que celle des choses qui composent la nature.

Ne doit-on pas plutôt voir cette capacité qu'a l'homme de se projeter dans l'avenir la clé qui lui permet à la fois d'anticiper certains changement et de faire en sorte d'avoir une certaine maîtrise sur le déroulement des événements qui jalonnent sa vie ? On peut trouver chez Sartre une conception qui donne à l'homme la capacité de choisir le sens à donner à son existence, pourtant contingente et lieu de tous les possibles, et à agir sur son devenir propre.

Devant l'angoisse qui caractérise l'homme seul face à sa liberté (il a devant lui u n e infinie combinaison d e choix pour se déterminer), Sartre indique q u e ce sont uniquement ses actes, dont il est entièrement responsable, qui déterminent cette liberté.

Ainsi, si nous ne pouvons pas lutter contre le devenir physique qui inlassablement contraint les choses et change les corps, au moins avons-nous ici le pouvoir de nous rendre libres, et donc d'influer sur notre devenir en tant qu'être.

La célèbre formule sartrienne selon laquelle l'existence précède l'essence peut ici nous permettre de tendre vers une solution au problème posé : si je contribue, par le choix de mon action, à la définition de mon essence, à devenir moi-même, on peut imaginer que je suis en mesure d'avoir une influence ou même de provoquer les changements qui vont intervenir dans mon existence. Conclusion - En tant que processus indépendant d e m a volonté propre, qui m'affecte comme il affecte les choses qui m'entourent, le devenir semble dicter sa loi sans que l'on puisse rien n'y faire. Pourtant, devenir c'est être appelé à être autre que ce que l'on est tout en restant soi-même.

Ce paradoxe de taille peut nous faire penser que le devenir n'est qu'une illusion et que l'être persiste en toute circonstance. Enfin, la question d e la contrainte du devenir touche évidemment celle d e notre liberté.

Conscients d e notre dimension temporelle, capables d e nous projeter dans l'avenir et d e déterminer notre action rationnellement, on peut imaginer q u e nous pouvons tout d e m ê m e avoir une emprise sur notre devenir propre, à défaut de pouvoir lutter contre l'évolution des choses, qui nous dépasse toujours irrémédiablement. >>> SECONDE CORRECTION DE CE MEME SUJET: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-corriges-2859b.html. »

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