Mon corps n'appartient-il qu'à moi ?
Extrait du document
«
Définitions:
MOI (n.
m.) 1.
— Désigne le sujet en tant qu'il se pense lui-même.
2.
— Idée que se fait de lui-même un individu
quelconque.
3.
— (Psychan.) Instance de la seconde topique freudienne (opposé au ça et au surmoi), le moi (das
Ich) dépend des revendications du ça et des impératifs du surmoi ; il apparaît comme un facteur de liaison des
processus psychiques et représente le pôle défensif de la personnalité.
CORPS: Composante matérielle d'un être animé, en particulier chez l'homme.
Extériorité opposée à l'intériorité de la conscience; le corps est ce qui tombe sous ma perception; parmi les corps, il
y en a un avec lequel mon esprit a un rapport particulier, c'est mon corps, il y en a d'autres qui sont organisés de
telle façon que j'en puisse déduire l'existence en eux d'un âme; l'homme est une substance composée d'un corps et
d'une âme.
C'est souvent à partir des situations exceptionnelles et dramatiques que la question de la propriété du corps
humain se trouve posée dans nos sociétés : les débats relatifs à l'euthanasie en sont la preuve indéniable.
Puis-je
disposer librement de mon corps ? J'ai un corps dans le sens où j'en suis un.
Je n'ai pas un corps comme j'ai une
voiture : « Le corps n'est pas un tas de viande ou équivalent d'une somme d'argent » dira Fenouillet.
Lorsque je suis
en adéquation avec mon corps, celui-ci disparaît.
Paradoxalement, quand je suis malade, quand je me sens mal à
l'aise face à une situation, je le sens et je suis gêné par lui.
A ce moment là, mon corps se rappelle à moi.
J'ai donc
conscience d'avoir un corps mais en suis-je l'unique propriétaire ? Mon corps m'appartient-il exclusivement ?
On soulève ici la question d'avoir un corps, de le posséder c'est-à-dire de l'avoir à sa disposition de façon effective
et exclusive.
Ainsi, mon corps m'appartient si, et seulement si, je le possède exclusivement.
Mais qu'est-ce que le
corps précisément ? C'est la partie matérielle des êtres animés, c'est l'organisme humain, par opposition à l'âme.
Traiter du corps ne peut donc se faire sans mentionner l'esprit de l'homme.
S'il ne fait aucun doute que l'on est le
garant légitime de son âme, de son esprit, la question est beaucoup plus délicate lorsqu'il s'agit de son corps.
Si
j'étais propriétaire de mon corps, je pourrais demander à être rémunéré pour des dons d'organes ou de sang.
Mais
aussi, mon voisin n'a pas le pouvoir de posséder mon corps pour en disposer quand il le souhaiterait.
Alors, suis-je
vraiment le propriétaire de mon corps ?
La première réponse qui nous vient à l'esprit est que notre corps nous appartient.
Alors en quoi ceci est-il
perceptible ? Puis nous verrons en quoi nous ne sommes pas les propriétaires exclusifs de notre organisme.
Enfin si
nous ne le possédons pas, nous pouvons néanmoins essayer de le maîtriser grâce à l'esprit.
Mon corps m'appartient.
Le corps, et surtout la revendication de la libre disposition de son corps, est devenu un fait banal dans le paysage
contemporain et cela depuis quelques événements qui font date : en mai 1968, les jeunes femmes qui défilaient
scandaient « notre corps nous appartient ».
Depuis, des progrès considérables ont été faits pour s'approprier son
corps, pour le posséder : l'adoption de la loi sur l'IVG, la première fécondation in vitro, la dépénalisation de
l'homosexualité, etc..
L'avancée la plus significative et la plus représentative de cette appropriation exclusive du corps à la personne est
l'acceptation par la société de la chirurgie esthétique.
Alors qu'il y a encore quelques années, on jetait le discrédit
sur une femme qui avait recours à la chirurgie esthétique pour répondre à un malaise ou à une simple envie, il n'en
est plus rien aujourd'hui et les différentes émissions diffusées à la télévision à ce sujet en attestent bien.
Assumer
sa féminité, c'est accepter son corps voire le modifier pour qu'il corresponde à ses espérances.
La femme est donc
bien la propriétaire unique de son corps car c'est elle et elle seule qui prend l'initiative de le modifier.
Aucune force
supérieure ne l'y a forcée et son indépendance explique son droit de propriété unique.
Il ne faut pas non plus oublier
que ce changement des mentalités continue à s'opérer notamment concernant la chirurgie esthétique appliquée aux
hommes.
Mais s'il est admis dans la conscience collective que l'individu est le propriétaire exclusif de son corps,
qu'en est-il d'un point de vue juridique ?
Dans le modèle anglo-saxon, l'Homme a comme un droit de propriété sur son corps.
C'est ce qui découle de l'Habeas
Corpus.
Un texte de Common Law de 1767 affirme que « la personne doit être protégée contre les atteintes
corporelles d'autrui qu'elle n'a pas autorisées ».
Dans la philosophie politique anglaise, la propriété du corps est un
droit naturel fondamental.
Chez Hobbes, auteur du Léviathan en 1651, tous les droits naturels de l'individu ne sont
pas aliénables à l'Etat, en particulier le droit à la vie.
Il dira en effet dans son oeuvre : « le premier fondement du
droit de la nature est que chacun conserve autant qu'il peut ses membres et sa vie ».
Pour le deuxième grand
penseur politique anglais, Locke, la propriété du corps est également un droit naturel dans le Deuxième traité du
gouvernement civil (1690).
Cette propriété du corps fonde, par exemple aux Etats-Unis, la possibilité de vendre son
sperme ou son sang.
C'est parce que chacun dispose de son propre corps qu'il est propriétaire des oeuvres qu'il a pu créer par son corps.
Ainsi, en 1744, le révérend Williams en prolongeant la pensée de Locke, dira à cet effet : « tous les hommes sont
nés naturellement égaux, c'est-à-dire d'un Droit égal sur leur personne et comme chacun possède un Droit de
propriété sur sa propre personne, le travail de son corps et l'oeuvre de ses mains lui appartiennent en propre »..
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