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Max Scheler

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Lorsqu'en 1928 Max Scheler mourut subitement, à peine âgé de cinquante-quatre ans, son ami Ortega y Gasset lui rendit un magnifique hommage. Il était l'Adam de ce nouveau paradis de l'intuition eidétique auquel la phénoménologie de Husserl avait donné accès, le premier auquel toutes choses, même celles qui nous sont les plus familières, révélaient leur signification et leur essence. Elles lui apparaissaient dans une lumière nouvelle, avec des contours sans équivoque, comme, à l'aube, le profil des montagnes. Il était submergé par la richesse de ses découvertes. Et il avait à proclamer tant de pensées lumineuses qu'il trébucha, étourdi par la connaissance, enivré de clarté et de vérité. Il était, comme dirait Platon, un philosophe en " état d'enthousiasme ". Mais il vécut dans un tourbillon continuel de pensées, et c'est pourquoi ses écrits sont à la fois clairs et désordonnés ; sans forme ni structure, ils sont remplis de contradictions et ce sera la tâche des générations à venir de leur donner l'architecture et l'ordre qui leur font défaut.    Hartmann nous donne de Scheler une image semblable. La vie n'était pas le thème de sa philosophie mais sa philosophie émanait de la plénitude de sa vie. Il ne cherchait pas à voir la vie dans la perspective artificiellement unifiée, d'un système philosophique construit. Il reprenait chacun des problèmes qu'il rencontrait, l'analysant selon sa logique particulière et son dynamisme propre, mettant au clair ses implications et en poursuivant les particularités jusqu'à leur origine, sans laisser entraver sa recherche par le postulat utopique de l'unité et du système. Il acceptait le monde tel qu'il le trouvait, riche des contradictions qui lui sont inhérentes, les laissant apparaître en leur rendant pleine justice. Scheler comme homme, autant que comme penseur, était toujours prêt à recommencer, et apprendre à neuf.   

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