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Mal agir, est-ce faire le mal ?

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« Analyse du sujet : - Si « mal agir », c'est « agir le mal », alors il est impossible de considérer que « mal agir » puisse être autre chose que « faire le mal ». C ependant, on peut remettre cela en cause en considérant que « mal agir », ce soit « manquer son action ». A insi on peut vouloir une action bonne et échouer dans cette ac tion.

Il n'est pas certain dès lors qu'on puisse affirmer qu'on « fasse la mal ». L'idée d'action renvoie par ailleurs à celle de « raison ».

Une action véritable est une action qu'un individu entreprend en étant guidé par sa raison, et non sous le coup de la pas sion. Si tel est le cas, « mal agir », ce peut être échouér à accomplir une « ac tion » véritable, ce qui veut dire que notre raison est en défaut lors qu'on commet c ette action. Si tel est le cas, on peut encore mettre en doute l'idée selon laquelle « mal agir » ce serait « faire le mal », puisque celui chez qui la raison fait défaut n'est pas forcément quelqu'un de méchant. Reste à savoir si la méchanceté existe véritablement, et s i, finalement, toute action guidée par le mal n'est pas toujours une action où la raison est en défaut. Problématisation : Si mal agir revenait à faire le mal, alors nous serions dans l'obligation de condamner tous ceux qui échouent à quelque chose parce qu'ils s eraient intrinsèquement mauvais : toute faute, même une faute involontaire serait imputable à une volonté viciée.

On comprend qu'un tel point de vue puisse pos er problème.

T outefois , si tel n'était pas le cas , si mal agir ce n'était pas faire le mal, qui serait condamnable ? Q ui serait coupable ? C ar si l'on pouvait avoir raison de faire le mal, on ne pourrait pas condamner c eux qui font le mal (ils s eraient dans leur droit, puisqu'ils auraient raison), et donc , si on les condamne, c'est parc e qu'on c onsidère qu'ils ont tort de faire le mal.

M a i s s i t e l e s t l e c a s , il faut aussi admettre que ces gens se trompent, et dès lors, peut-on vraiment les juger responsables de leurs actions mauvaises ? O ù c o m m e n c e l a faute et où finit l'erreur ? T el pourrait finalement être le problème que soulève ce sujet. Proposition de plan : 1.

Qu'est-ce que « mal agir » ? a) « M al agir », il semble que, à l'évidence, ce soit « agir le mal », c 'est-à-dire mettre le mal en action, et que, par conséquent, on ne puiss e pas considérer que ce soit autre chose que « faire le mal ».

En effet, « agir le mal » est un parfait équivalent de « faire le mal.

» b) C ependant, on peut aussi considérer que « mal agir », ce soit « manquer son action », que ce soit « agir », mais « agir mal », c 'est-à-dire agir de la mauvaise façon.

Dès lors , l'expres sion « mal agir » renverrait plutôt à l'idée de « rater s on c oup », de manquer s on but.

C omment en rendre c ompte ? c) Il faut rappeler que « agir », c'est « accomplir une action ».

O r, pour qu'une action en soit véritablement une, pour qu'elle ne soit pas qu'un acte réflexe, il faut que cette action soit normée et finalisée, qu'elle suppose la mise en œuvre d'un certain nombre de règles en vue d'un but.

C e qui définit l'action, c'est qu'elle souscrit aux exigences d'une réflexion rationnelle, qu'elle est le fruit d'une déc ision réfléchie.

L'ac tion appartient au domaine qu'A ristote appelait la phronesis (qu'on traduit par « prudence ») et qui cons iste en une « une disposition pratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant c e qui est bon et mauvais pour l'homme » (Ethique à Nicomaque, livre V I, 1140b5) L'action s 'oppose en cela au réflexe, qui n'est tiré d'aucune réflexion, et qui s'exprime sans consulter notre rais on.

Suivant ce point de vue, « mal agir », ce peut être ne pas parvenir à bien se fixer de normes et de finalités , et ainsi manquer l'action véritable.

O n pourrait ainsi donner cette définition de « mal agir » : « agir en manquant de raison.

» Transition : En partant de c ette définition, peut-on toujours c onsidérer que « mal agir », ce soit « faire le mal » ? 2.

En quoi cette définition de « mal agir » pose problème par rapport à l'idée de « faire le mal ». a) « Faire le mal » suppose qu'on désire le mal et qu'on s'en acc ommode sous prétexte qu'on y trouve son intérêt personnel.

C elui qui « fait le mal » ressemble à u n é g o ï s t e q u i accomplit consciemment de mauvaises ac tions, mais qui le fait quand même parce qu'il en tire une certaine satisfaction. L'express ion « faire le mal » implique l'idée de responsabilité, l'idée d'intention c onsciente ainsi que celle de préjudice causé à quelqu'un.

A insi que Kant l'écrit, celui qui fait le mal « a conscience de la loi morale et il a cependant admis dans sa maxime de s'en écarter » ( La religion dans les limites de la simple raison, I, 3) b) C ette définition pose problème parce que celui qui « manque de raison » ne le fait pas volontairement et ne nuit pas nécessairement à quelque individu que c e soit.

L'expression « manquer de rais on » sous-entend qu'on n'es t pas respons able et elle n'implique pas forcément de préjudice.

Il n'est alors pas assuré qu'on puisse considérer que celui qui « manque de raison » « fait le mal.

» A ins i, si « mal agir », c'est « manquer de raison », on ne peut pas dire que cela s oit équivalent à « faire le mal ». c) Exemple : un élève qui se trompe dans un problème de mathématiques.

Dans un tel c as, l'élève « manque de raison » et l'on pourrait dire qu'il rate l'action qu'il s'était proposé d'accomplir et qui était de résoudre le problème.

D e la sorte, on peut affirmer qu'il « agit mal », mais pour autant, on ne peut pas dire qu'il c ause de préjudice à autrui, ni qu'il ait des intentions profondément égoïstes.

Il n'a pas la volonté de « faire le mal », il fait une erreur sans penser à mal et peut même être rempli de bonnes intentions. Transition : C ependant, ne faut-il pas considérer que celui qui « fait le mal » manque également de raison ? 3.

Faire le mal, c'est toujours manquer de raison. a) P laton cons idère que « nul ne fait le mal volontairement.

» Dans le Ménon, il écrit en 77d au sujet des gens qui commettent le mal que : « ceux-là ne désirent pas le mal, qui ne le connaiss ent pas comme mal, mais qu'ils désirent ce qu'ils prennent pour un bien, et qui est réellement un mal ; de sorte que ceux qui ignorent qu'une chose est mauvaise, et qui la croient bonne, désirent manifestement le bien.

» Le crime est donc le fait de quelqu'un qui se trompe sur le bien, c'est le produit d'une ignorance inconsciente.

Il dérive d'une illus ion de savoir : qui passe à l'acte le fait parce qu'il c roit que cela lui procurera un bien.

Dans le cas d'un ac te immoral, il se trompe et là où il croit trouver un bien, il tombe en fait sur un mal.

« Faire la mal », c'est donc en fait croire « faire son bien » mais se tromper finalement. b) Dès lors, l'on peut considérer que même celui qui « fait le mal » ne fait en réalité que « manquer de raison ».

C 'es t parce qu'ils sont guidés par une erreur de raisonnement qu'ils prennent le mal pour un bien et qu'ils commettent des crimes.

T ous les hommes c herchent le bonheur : pour celui qui raisonne bien, le bonheur s e trouve dans la vertu qui es t une mis e e n a c t i o n d e l a raison.

Par contre, celui qui « manque de rais on » croit parvenir au bonheur par l'intermédiaire de quelques méfaits et se trompe finalement.

Il « fait le mal » parce qu'il « manque de rais on », et donc parce qu'il « agit mal ».

En agissant ainsi, il manque le bonheur et cause donc préjudice avant tout à lui-même. c) T oute erreur peut donc s'apparenter à un passage par le mal.

Dans tous les cas où l'on « agit mal », c'es t-à-dire dès qu'on « manque de raison », on participe au mal puisqu'on cause préjudice à quelqu'un (que ce soit soi-même ou autrui).

Qui plus est, celui qui « fait le mal » croit toujours faire le bien (puisque le bien est ce qui nous amène au bonheur).

Simplement, il y a des erreurs qui sont tolérées parc e qu'elles ne portent pas préjudice à autrui (même si elles en causent à celui qui agit mal, comme l'élève qui se trompe dans son problème de mathématique et qui va avoir une mauvaise note) et d'autres qui sont condamnées parce qu'elles nuisent à la soc iété et que la société doit s'en protéger.

O n peut donc considérer qu'il y a des degrés dans le mal, qu'il y a des maux tolérables (ceux qu'on s e fait à soi-même) et d'autres qui doivent être punis (ceux qui font du mal aux autres).

Mais dans tous les cas , il n'y a pas de différence qualitative entre ces actions et elles répondent aux mêmes mécaniques.

On peut donc dire que « mal agir, c'est faire le mal », mais que ce n'est pas forcément toujours le faire avec la même gravité. Conclusion : Dans une première partie nous avons cherc hé à définir ce que c'était que « mal agir.

» Ensuite, nous avons montré dans une deuxième partie en quoi il était difficile de conc ilier « mal agir » et « faire le mal ».

Suite à cela, nous avons montré dans une troisième partie que la distinction entre « mal agir » et « faire le mal » reposait sur une mauvaise considération de ce que c 'était que « faire le mal » et que finalement, les deux étaient à peu près équivalents.. »

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