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L'utopie n'est elle que l'envers de l'histoire ?

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« Introduction : L'utopie est un terme qui vient et qui a été inventé par Thomas More dans son ouvrage du même nom au XVIe siècle.

Ce terme est forgé du grec avec le privatif ou et topos le lieu ce qui donne : « ce qui n'est d'aucun lieu ».

Ainsi l'utopie se conçoit souvent comme une critique de la société dans laquelle elle se développe et décrit l'organisation complète d'une société idéale, ou d'une république parfaite.

Néanmoins ce projet ne se conçoit pas comme réalisable dans la plupart des cas.

A cet au-delà du lieu correspond un au-delà du temps.

L'utopie est anhistorique et prône bien souvent une image d'un paradis terrestre produit par le travail humain.

Parler d'envers de l'histoire peut surprendre et il est nécessaire d'en définir la portée.

L'envers c'est ce qui fait corps, qui ne fait avec l'endroit mais qui pourtant lui est différent comme dans le cas d'une pièce.

L'envers est un double qui n'est pas le même et se comprend alors dans le jeu dialectique du même et de l'autre.

Mais aussi parler d'envers c'est aussi sur le sens, du point de directionnel, dans vers lequel l'utopie oriente notre regard et interprète l'histoire ; voire, elle relit l'histoire à l'envers, c'est-à-dire en voulant opérer une boucle d'un Eden perdu à l'avènement d'un paradis terrestre.

Ainsi la question « l'utopie n'est-elle que l'envers de l'histoire ? » nous invite à nous interroge sur le sens, la valeur et le fondement de l'utopie.

Néanmoins, par la formulation même du sujet, il convient d'observer la clause restrictive introduite par le terme « que » nous indiquant la nécessité de lire cet envers aussi comme une limite de l'utopie voire de le comprendre comme un concept négatif et dès lors à envisager d'un point de vue critique. Si donc l'utopie apparaît comme l'envers de l'histoire en temps que revers d'une époque, critique d'une société et mise en exergue de ses défauts (1ère partie), il n'en reste pas moins que cet envers peut se considérer comme un « à l'envers » de l'histoire dans sa lecture et sa volonté d'un retour et d'un avènement d'un paradis terrestre dont l'homme fut déchu (2 nd partie) ; mais dans ce cas l'utopie ne serait bien « que » l'envers de l'histoire et sans doute est-ce faire un concept trop pauvre et trop négatif de l'utopie ; il s'agit alors de développe toute la positivité normative du concept afin d'en saisir pleinement la vocation notamment en tant qu'Idée de la raison pure (3ème partie). I – L'envers de l'histoire comme négatif et critique a) En effet, on peut considérer que l'utopie est l'envers de l'histoire dans la mesure où elle se développe comme un point de vue critique sur les évènements et les mœurs de son temps.

Ainsi, elle constitue un négatif de l'histoire comme point de vue critique.

Elle est donc déterminée et doit se lire en fonction de l'histoire d'une société dans laquelle elle se voit apparaître, c'est-à-dire du point de vue de son émergence.

En ce sens elle enseigne comme le monde devrait être et c'est bien ce que nous dit Hegel dans la préface à sa Philosophie du droit en ajoutant que l'utopie vient toujours trop tard parce qu'elle fait une lecture à posteriori de l'histoire ce qui explique cet « envers » de l'histoire et ce « négatif photographique » qu'elle constitue : « Pour dire encore un mot du fait d'enseigner comment le monde doit être, la philosophie au reste vient toujours trop tard pour cela.

En tant que pensée du monde, elle n'apparaît qu'à l'époque où la réalité effective a achevé son processus de formation et en a fini avec lui. Ce qu'enseigne le concept, l'histoire le montre aussi nécessairement, à savoir que c'est seulement dans la maturité de la réalité effective que l'idéal apparaît en face du réel, et qu'il conçoit pour lui-même le même monde, dans sa substance, et l'édifie dans la figure d'un royaume intellectuel.

Quand la philosophie peint son gris sur gris, c'est qu'une figure de la vie est devenue vieille, et on ne peut seulement la connaître ; la chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée du crépuscule ». b) Or c'est bien ce que l'on peut voir avec l'utopie que développe Thomas More dans son ouvrage éponyme et donnant un nom au genre : Utopia.

En effet, on peut lire l'utopie de More comme l'instrument d'une critique sociale et politique de la société réelle notamment celle des citoyens anglais du XVIe siècle dans la mesure où les lois de vertus et des mœurs des « utopiens » s'opposent aux vices de l'Angleterre du XVIe siècle.

En effet, comme le note Simone Goyard Fabre, on peut voir dans l'Utopie de More de 1516, alors chancelier d'Angleterre « un appel pathétique pour sauver l'humanité » (dans sa présentation de l'ouvrage).

Mais bien plus qu'un « envers de l'histoire », l'utopie se présente comme une transcendance de l'histoire dans la mesure où elle projette anhistoriquement dans la conscience.

Et c'est en aussi qu'elle est « envers » de l'histoire puisqu'elle n'est pas l'histoire, qui suppose un processus que l'on définit paradigmatiquement comme linéaire.

L'utopie est donc au moins une triple fonction : elle est un point de vue sur l'histoire et évoque de manière critique un point de vue réaliste sur l'histoire ; elle a donc une fonction polémique, qui se solde en sa finalité c'est-à-dire un but réformiste. c) Et si elle est bien un « envers » de l'histoire c'est dire alors aussi qu'elle ne saurait s'intégrer correctement dans l'histoire elle-même.

Et c'est bien là le sens de l'Utopie de Thomas More qui se comprend dans son acception étymologique comme un « au-delà ».

Plus exactement, c'est un « hors-lieu » et un « hors-temps ».

La visée de l'utopie n'est pas un projet réalisable directement et historiquement, et c'est bien pour cela que les « utopies sociales » comme les phalanstères de Fourrier sont pratiquement impossibles.

L'utopie n'a pas effectivement vocation à être un facteur réel de changement social.

Elle constitue certes une critique mais on doit plus s'en inspirer que de chercher à la réaliser.

C'est pourquoi bien souvent les utopies sont situées sur des îles et conçues comme des micro-sociétés non exposées au temps.

Ainsi, elles refusent le temps historiques et constitue l'envers de l'histoire. Transition : Ainsi l'utopie n'est bien un « envers » de l'histoire en ce qu'elle est anhistorique et qu'elle constitue un point de vue critique sur les sociétés de son temps comme un négatif photographique en refusant le temps historique lui-même. Cependant, il faut insister sur le « que » de la question du sujet.

En effet, dans l'interrogation « l'utopie n'est-elle que l'envers de l'histoire ? » ce terme désigne véritablement une close exclusive ou restrictive.

Mais bien avant. »

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