Aide en Philo

L'utile, est-ce l'unique lien social ?

Extrait du document

« La communauté des individus qui vivent en société est faite d'une multitude de communautés : familiales, amicales ou professionnelles, constantes ou seulement momentanées, ces relations sont motivées par des nécessités ou par des choix; elles ont donc une « finalité », le but pour lequel elles sont réalisées.

Mais qu'est-ce qui lie des citoyens entre eux ? Connaître la particularité de ce lien ce serait savoir à quoi il sert ; mais ce qui fait le lien social, est-ce seulement un calcul d'intérêts ? 1. L'utile, fondement du social. A ~ La nécessité de la vie sociale. q Les communautés humaines sont tantôt directement naturelles (pour assurer la survie et la fonction de reproduction, les hommes fondent des foyers), tantôt le produit d'un choix (les relations amicales, par exemple) ; la permanence qui caractérise la vie proprement civile paraît justifiée par l'impossibilité pour chaque foyer de vivre en autarcie complète : des dépendances mutuelles compensent ces manques par l'organisation des activités. q Est-ce donc uniquement par nécessité ou par calcul que cette communauté se maintient ? Ce n'est sans doute pas par un sentiment altruiste a priori que les hommes vivent ensemble ; mais une fois organisée en société, leur vie acquiert une dimension spécifique, parce qu'elle doit permettre justement plus que la survie : une vie de famille peut suffire à la survie, mais la vie sociale permet d'autres relations, donc de réaliser une autre dimension de l'humanité. B ~ La civilité : moyen ou fin ? q En effet, une fois réalisée, une société n'est pas un simple agrégat d'individus : elle les inscrit dans une perspective qui n'est pas seulement de survie immédiate, mais d'échanges, de réseaux d'activités ; l'individu acquiert un sens social, où ce qu'il est est aussi déterminé par ce qu'il fait.

C'est alors dans la sphère sociale que peut se déployer la moralité des actions, et que la question de la justice apparaît. q Un lien social n'est donc pas seulement le réseau des rapports entre individus et des dépendances déterminées par une constitution, un régime de pouvoir.

L'identité de chacun s'y constitue.

Cette communauté peut alors devenir une fin en elle-même, quand ce lien est l'intérêt général : si tous ont besoin de tous les autres, alors tous ont pour objectif le maintien en vie de la communauté.

Ce lien entre citoyens devrait alors même pouvoir ressembler à l'amitié, selon Aristote. « L'amitié semble aussi constituer le lien des cités, et les législateurs paraissent y attacher un plus grand prix qu'à la justice même : en effet, la concorde, qui paraît bien être un sentiment voisin de l'amitié, est ce que recherchent avant tout les législateurs, alors que l'esprit de faction, qui est son ennemi, est ce qu'ils pourchassent avec le plus d'énergie.

Et quand les hommes sont amis il n'y a plus besoin de justice, tandis que s'ils se contentent d'être justes ils ont en outre besoin d'amitié, et la plus haute expression de la justice est, dans l'opinion générale, de la nature de l'amitié.

» Aristote, « Ethique à Nicomaque ». 2. La nature du lien social. A ~ L'achèvement de l'individu q L'être social de l'individu engage sa nature ; s'il perçoit les enjeux de justice et d'injustice propres à la vie sociale, c'est qu'être social, c'est être déterminé par autrui autant qu'autrui est déterminé par moi, et c'est même un principe de sympathie qui, selon Adam Smith, rend possible la sociabilité.

La théorie d'une division du travail et des échanges, au XVIII ième, illustre cette mutuelle détermination où les individus trouvent, dans l'idéal, la réalisation complète d'eux-mêmes. q L'individu est donc un produit du social.

Mais au sein des rapports de forces économiques, l'individu qui est seulement utilisé comme force de travail est aliéné, rendu étranger à son humanité.

Il n'a alors en réalité d'autre choix que d'être exploité (comme une marchandise) pour survivre, c'est là le paradoxe que Marx critique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles