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Lorsque les animaux parlent, disent-ils la même chose que nous ?

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« Analyse du sujet et problématique: Le sujet repose sur deux ambiguités qu'il s'agit avant tout d'éclaircir. Premièrement, il présuppose que les animaux parlent, en employant le terme "lorsque” et non "si”.

Or il n'est nullement évident que la parole puisse être attribuée aux animaux.

Certes, nous remarquons chez eux un système de communication parfois assez élaboré, que ce système soit phonatoire, gestuel ou autre.

Mais il est nécessaire de distinguer ce qui relève, chez l'animal du simple signal, et chez l'homme du signe.

En effet, là où le signal dans la communication animale, renvoie à et vise une réaction physique fixe et instinctive, le signe employé dans le langage humain vise une réalité que est déjà pensée sous la forme du concept.

Le signe humain vise ainsi une pensée consciente, douée d'une rationnalitée développée et de la capacité d'associer des concepts abstraits.

Plus encore, là où l'ensemble des signaux employés dans la communication animale est fixe, le langage humain est conditionné par notre capacité à comprendre les signes de manières diverses, de jouer sur les différents aspects de ces derniers, voire d'en inventer de nouveaux.

Le simple fait que les humains aient plusieurs langues, là où au sein d'une même espèce animale, nous ne rencontrons qu'un système fixe de communication par signaux montre que ces deux réalités sont essentiellement différentes.

C'est le langage, comme système mobile de signes renvoyant à une perfectibilité, à une conscience capable de se déterminer par rapport à un sens arbitraire et multiple, qui caractérise justement l'homme au sein du monde animal. Ainsi, alors que l'homme dit dans le langage ce qui le constitue comme tel, c'est-à-dire y exprime sa pensée, l'animal lui, ne dit rien et ne fait que communiquer des réalités sous la pression du besoin (protection contre un danger souffrance, rut, faim). Cependant, la deuxième ambiguïté du sujet vient poser ici une question intéressante.

En effet, le sujet présuppose que l'homme n'est pas un animal dans la mesure où il pose deux entités, sous les termes "les animaux” et "nous”.

Or, malgré ce que nous venons d'exposer sur la différence entre communication animale et langage humin, il ne faut pas oublier que l'humain est une espèce du genre animal.

Sa spécificité ne l'empêche pas de partager avec lui le fait d'être un être d'abord sensible.

Et bien que l'expression du sensible dans notre langage se fasse de manière différente que celle des animaux, nous ne pouvons nier que certaines expression employées par les hommes dans la douleur notamment nous rattachent à l'animalité.

Ainsi, le sujet, s'il demande de poser une distinction très nette entre l'hommme et l'animal sur la question de la communication, invite peut-être aussi à nous demander si tout langage humain n'a pas en lui un fond (gestuel, instinctif) qui le renvoie à son appartenance à l'animalité comme genre.

Dès lors, il est possible d'envisager, malgré les nettes différences exposées la possibilité d'une forme de compréhension non pas de l'homme par l'animal mais de l'animal par l'homme qui se lit notamment dans la sympathie (souffrir avec) que nous éprouvons à leur égard.

Plus qu'un anthropomorphisme, il s'agirait du rappel d'une communauté originaire, particulièrement sensible dans l'expression de la souffrance chez les animaux.

C'est d'ailleurs sous cet angle qu'une position éthique vis-à-vis de l'animal semble possible. 1) Le communication animale est basée sur l'utilisation instinctive de signaux qui expriment des besoins physiques.

En cela, elle diffère de la communication humaine, qui seule se voit désignée par le nom de langage, et qui repose sur l'utilisation de signes désignant des concepts, et renvoyant à la spécificité de l'homme comme être conscient et rationnel. Il est facile de voir pourquoi l'homme est un être de cité plus que l'abeille ou que tout autre espèce grégaire.

Car la nature ne fait rien en vain or, seul entre tous les vivants, l'homme possède le langage.

La voix, sans doute, peut signifier le plaisir et la douleur, et c'est pourquoi elle appartient aussi aux autres animaux (tel est le degré atteint par leur nature : avoir la capacité de ressentir la douleur et le plaisir, et de se le signaler les uns aux autres) ; mais le langage est destiné, lui, à la manifestation de l'utile et du nuisible, et par suite aussi du juste et de l'injuste.

Car le propre de l'homme par rapport aux animaux, c'est de posséder le sens du bien et du mal, du juste et de l'injuste et ainsi de suite.

Et c'est la communauté de ces valeurs qui fait la famille et la cité.

Aristote Or, par ces deux mêmes moyens, on peut aussi connaître la différence qui est entre les hommes et les bêtes.

Car c'est une chose bien remarquable, qu'il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés, qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées ; et qu'au contraire il n'y a point d'animal tant parfait et tant heureusement né qu'il puisse être, qui fasse le semblable.

Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes, car on voit que les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est-à-dire, en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils disent ; au lieu que les hommes qui, étant nés sourds et muets, sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui, étant ordinairement avec eux, ont loisir d'apprendre leur langue.

Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout.

Car on voit qu'il n'en faut que fort peu pour savoir parler ; et d'autant qu'on remarque de l'inégalité entre les animaux d'une même espèce, aussi bien qu'entre les hommes, et que les uns sont plus aisés à dresser que les autres, il n'est pas croyable qu'un singe ou un perroquet, qui serait des plus parfaits de son espèce, n'égalât en cela un enfant des plus stupides, ou du moins un enfant qui aurait le cerveau troublé, si leur âme n'était d'une nature du tout différente de la nôtre.

Et on ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui témoignent des passions, et peuvent être imités par des machines aussi bien que par les animaux ; ni penser, comme quelques anciens, que les bêtes parlent, bien que nous n'entendions pas leur langage ; car s'il était vrai, puisqu'elles ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pourraient aussi bien se faire entendre de nous que de leurs semblables.

DESCARTES De tous les arguments qui nous persuadent que les bêtes sont dénuées de pensée, le principal, à mon avis, est que bien que les unes soient plus parfaites que les autres dans une même espèce, tout de même que chez les hommes, comme on peut voir chez les chevaux et chez les chiens, dont les uns apprennent beaucoup plus aisément que d'autres ce qu'on leur enseigne ; et bien que toutes nous signifient très facilement leurs impulsions naturelles, telles que la colère, la crainte, la faim, ou d'autres états semblables, par la voix ou par d'autres mouvements du corps, jamais cependant jusqu'à ce jour on n'a pu observer qu'aucun animal en soit venu à ce point de perfection d'user d'un véritable langage c'est-à-dire d'exprimer soit par la voix, soit par les gestes quelque chose qui puisse se rapporter à la seule pensée et non à l'impulsion naturelle.

Ce langage est en effet le seul signe certain d'une pensée latente dans le corps ; tous les hommes en usent, même ceux qui sont stupides ou privés d'esprit, ceux auxquels manquent la langue et les organes de la voix, mais aucune bête ne peut en user ; c'est pourquoi il est permis de prendre le langage pour la vraie différence entre les hommes et les bêtes.. »

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