Aide en Philo

l'originalité suffit-elle à faire la valeur d'une oeuvre d'art ?

Extrait du document

« Le béotien en art se figure qu'une oeuvre d'art est une oeuvre originale, une création absolument innovante et sans pareil.

En effet, l'originalité renvoie, étymologiquement, à ce qui a un caractère d'origine, à ce qui est premier, sans modèle.

Picasso est génial car il a été le premier dans ses oeuvres à tordre et à distordre la représentation du réel. Dès lors, celui qui imite ce qui a déjà été fait par un autre ne fait qu'un fac-similé, une copie et non une oeuvre d'art, même si un faussaire peut être brillant.

on séparera donc le copiste, aussi doué soit-il, de l'artiste.

Et le terme de création ne pourra être attribué qu'à l'artiste.

L'autre n'étant qu'un (re)producteur.

Vous pouvez donc montrer en quoi l'artiste ne peut pas être celui qui se contente d'imiter les autres artistes.

Même si on définit alors l'art comme une imitation de la nature, il n'en demeure pas moins que c'est la nature qu'il s'agit d'imiter et non les autres artistes.

Certes, le pianiste apprend le solfège, fait des gammes.

Le peintre copie les grands maîtres.

Auguste Renoir dira: « La peinture s'apprend dans les musées.

» On apprend quelques règles techniques avant de dessiner, de peindre, de sculpter, d'écrire, de réaliser un film, une photo.

Pensons aux grands ateliers de la peinture italienne, flamande, française, aux écoles de théâtre ou de cinéma.

Être artiste ne s'improvise pas.

Mais suffit-il de connaître parfaitement le solfège et la technique pianistique pour être virtuose ? Sait-on composer un poème parce qu'on maîtrise parfaitement la grammaire, le vocabulaire ? Mozart est-il réductible à sa technique musicale ? Les règles sont peut-être nécessaires mais l'artiste génial est justement celui qui va les faire éclater, les dépasser, les transcender pour en inventer de nouvelles. C'est donc toujours dans son originalité que l'oeuvre réside.

On va ainsi parler d'originalité d'une oeuvre pour désigner son authenticité.

Une oeuvre non originale est une oeuvre qui n'est qu'une copie.

Pourtant, suffit-il de faire une oeuvre originale pour faire une oeuvre d'art ? Suffit-il d'être le premier à faire quelque chose pour être un génie ? En effet, que l'originalité soit un critère nécessaire, soit, mais ce critère est-il suffisant ? En effet, si l'originalité désigne l'aspect premier, primitif, il ne suffit peut-être pas de simplement faire ce qui n'a jamais été fait auparavant pour faire une oeuvre d'art.

Hegel, dans son Esthétique" rapporte cet exemple cocasse: "Un homme s'étant vanté de pouvoir lancer des lentilles à travers un petit orifice, Alexandre, devant lequel il exécuta son tour de force, lui fit offrir quelques boisseaux de lentilles ; et avec raison, car cet homme avait acquis une adresse non seulement inutile, mais dépourvue de toute signification." Ce exemple montre que l'originalité n'est pas un critère de génie créateur.

Elle peut n'être qu'absurdité et vacuité. L'analyse de Kant sur le génie peut ici vous être utile. " Il est facile maintenant de comprendre ce qui suit : 1 ° Le génie est le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée, et non pas l'habileté qu'on peut montrer en faisant ce qu'on peut apprendre suivant une règle ; par conséquent, l'originalité est sa première qualité. 2 ° Comme il peut y avoir des extravagances originales, ses productions doivent être des modèles, elles doivent être exemplaires et, par conséquent, originales elles-mêmes ; elles doivent pouvoir être proposées à l'imitation, c'est-à-dire servir de mesure ou de règle d'appréciation. 3 ° I1 ne peut lui-même décrire ou montrer scientifiquement comment il accomplit ses productions, mais il donne la règle par une inspiration de la nature et ainsi l'auteur d'une production, en étant redevable à son génie, ne sait pas lui-même comment les idées s'en trouvent en lui ; il n'est pas en son pouvoir d'en former de semblables à son gré et méthodiquement, et de communiquer aux autres des préceptes qui les mettent en état d'accomplir de semblables productions.

" Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger (1790), trad.

A.

Philonenko, Vrin Ce que défend ce texte: Le latin genius désignait, dans l'Antiquité, la divinité qui présidait à la naissance, l'esprit particulier qui avait été donné à un homme, pour le protéger, le guider et lui inspirer des idées originales.

La conception développée par Kant, dans ce texte, va se révéler en accord avec cette étymologie et ce, à l'intérieur d'une théorie philosophique sur l'origine de la création artistique. Qu'est-ce qui caractérise un génie artistique ? Comment distinguer un tel artiste de l'artisan le plus habile ? Kant répond à cette question en définissant cette qualité si particulière que l'on appelle le génie comme « le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée ».

Ce talent ne se manifeste pas à travers l'application d'une méthode (ou règle) à exécuter, qui aurait été apprise auparavant. C'est ce qui le différencie de l'habileté qui désigne au contraire l'adresse avec laquelle un artisan suit des règles très précises pour produire un objet.

Le terme « habileté » convient donc seulement à l'artisan qui a appris des « recettes » ou techniques bien déterminées pour fabriquer des poteries ou des meubles, par exemple.

Le génie, au contraire, est cette faculté de produire ce pour quoi aucune règle, aucune méthode, aucune recette ne lui a été transmise. À partir de quoi l'artiste va-t-il alors créer ses oeuvres ? Précisément, à partir de rien qui soit clairement et a priori formulable, nous dit Kant, puisqu'il va inventer, en même temps qu'il produit son oeuvre, la règle nouvelle qui en organise la progression.

Cette création fait donc apparaître une règle paradoxale, qui ne va servir que pour l'oeuvre elle-même, et dans laquelle elle sera « prise »Al y a donc de la nouveauté dans ce que pro-duit le génie, puisque. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles