l'oeuvre d'art peut-elle se prêter à plusieurs interprétations
Extrait du document
«
Partie du programme abordée : L'art
Analyse du sujet : L'art est ici envisagé non du point de vue de celui qui le crée, mais de celui, ou plutôt de ceux,
à qui il est destiné.
Le sens est-il univoque, ou au contraire se prête-t-il à des approches multiples ? Ce sujet est
plus difficile qu'il n'y paraît à première vue si on veut lui donner une réelle profondeur philosophique.
Conseils pratiques : Comme pour tous les sujets concernant l'art, appuyez vos développements sur des exemples
précis et concrets d'oeuvres que vous tenterez d'analyser.
Interrogez-vous sur le sens profond des mots interprète
et interprétation.
Quel est le sens de cette médiation ? Entre qui et qui s'effectue-t-elle ?
Bibliographie :
Heidegger, Chemins qui ne mènent nulle part, I, Gallimard.
René Huyghe, Le Visible et l'Invisible, Gallimard.
André Malraux, Les Voix du silence, Gallimard.
Paul Valéry, Variété, Gallimard.
Approche:
— Question qui contredit la version fréquemment admise de l'oeuvre entièrement déterminée par la volonté de son
auteur (l'écrivain veut dire que...
»).
— On peut poser le problème dans une perspective historique, après avoir au passage rappelé que, pour Hegel, l'art
symbolique implique par définitions plusieurs lectures, puisque tout symbole est ambigu.
Si l'oeuvre d'art possédait
un sens défini une fois pour toutes, les oeuvres anciennes:
• ou bien deviendraient totalement incompréhensibles;
• ou bien demanderaient, avant la manifestation de leur sens, un très long travail de documentation sur leur
contexte idéologique initial — c'est l'iconologie de Panofsky (ainsi, on ne pourrait admirer un vase grec sans
connaître à fond la mythologie qu'il «illustre », ou apprécier une descente de croix sans se replacer dans l'ambiance
religieuse de l'époque).
Cf.
au contraire Valéry: «L'esprit de l'auteur, qu'il le veuille, qu'il le sache, ou non, est comme accordé sur l'idée qu'il
se fait nécessairement de son lecteur; et donc le changement d'époque, qui est un changement de lecteur, est
comparable à un changement dans le texte même, changement toujours imprévu, et incalculable.
» Ce qui est là
affirmé de l'écriture vaut pour tous les domaines artistiques.
— On peut ainsi montrer que lorsqu'un artiste prétend initialement maîtriser tout-à-fait son travail (lui imposer un
sens univoque), l'oeuvre lui échappe (ex.
de Balzac- dont la Comédie humaine, par rapport à ses intentions, est un
«échec »).
— On montre que les oeuvres classiques font l'objet d'interprétations différentes (Racine), dont le seul principe est
de respecter leur intégralité (cf.
R.
Barthes et les lois de la lecture structuraliste).
— Il apparaît que dans l'art contemporain, la polysémie est recherchée par l'artiste lui-même (c'est l'oeuvre ouverte
d'U.
Eco).
— On souligne qu'il y a oeuvre authentique par un travail d'organisation formelle (cf.
Kant et la finalité intrinsèque)
— qui prend le rang d'une matrice suscitant des lectures différentes (on peut esquisser un parallèle avec les
systèmes formels purs, mathématiques).
— A contrario, des oeuvres dans lesquelles la forme est insignifiante sont monosémiques — mais «vieillissent» très
vite, devenant rapidement impossibles à interpréter, c'est-à-dire mortes, et en dehors de l'art.
Conclusion: l'oeuvre d'art authentique doit se prêter à plusieurs interprétations.
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ANALYSE DU SUJET
Il est toujours possible d'interpréter librement une oeuvre, au sens où l'on donne le sens que l'on veut à la création
artistique à laquelle on se trouve confrontée.
Toutefois, une telle attitude conduit manifestement à un relativisme
qui s'énoncerait en des formules telles que : « Tous les goûts sont dans la nature ».
Or, « donner le sens que l'on
veut » à une oeuvre d'art signifie-t-il « l'interpréter librement » ?
En somme, c'est la notion d'interprétation qu'il s'agit d'éclaircir.
Interpréter, est-ce changer la signification d'une
chose au gré des circonstances ou bien participer à l'élaboration d'une signification ? Dans la seconde hypothèse,
quelles sont les règles que doit alors suivre l'acte d'interprétation ? car il est certain que pour être libre,
l'interprétation se doit de connaître ses limites et les bornes à ne pas franchir
En définitive, la question n'est plus de savoir s'il est possible de faire dire tout et son contraire à une oeuvre, en lui
conférant des significations contradictoires et aberrantes, mais de se demander en quoi consiste l'interprétation libre
– via l'analyse de ces deux concepts – et dans quelle mesure celle-ci est possible.
I – Le statut de l'oeuvre d'art.
»
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