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L'interdit: menace ou encouragement pour le désir ?

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. Introduction Il arrive fréquemment que nos désirs viennent se heurter à des interdits, qu'ils soient familiaux, sociaux ou juridiques.

La loi, par exemple, n'est-elle pas souvent vécue comme une contrainte à nos désirs, un obstacle à notre jouissance ? Mais nous découvrons alors que l'interdit ne fait pas disparaître le désir ; bien au contraire, il ne fait souvent que l'exacerber, l'affermir davantage encore.

Qui n'a jamais pris plaisir à "braver les interdits" ? C'est l'attrait bien connu du fruit défendu, désiré parce qu'interdit.

L'interdit vient-il mettre des obstacles à nos désirs, ou au contraire l'interdit ne vient-il pas renforcer notre désir de transgression ? L'interdit n'est-il pas, paradoxalement, ce qui rend possible et désirable la transgression ? I) L'interdit, menace pour le désir (Freud et le refoulement). Traduction du mot allemand Verdrangung », le terme de refoulement désigne le processus qui tend à repousser ou à maintenir hors de la conscience les pensées, souvenirs ou désirs condamnés par l'instance supérieure de l'appareil psychique, le surmoi.

Le surmoi serait ici l'interdit (toujours d'essence oedipienne chez Freud). Cette théorie du refoulement permet de comprendre la formation du symptôme névrotique et des névroses en général.

Les désirs refoulés n'en continuent pas moins d'exister ; elles tentent de s'exprimer malgré l'interdiction du surmoi. Pour échapper a cette interdiction, les désirs refoulés vont chercher à se satisfaire d'une manière symbolique, en tant que symptômes névrotiques.

Le symptôme névrotique, dont la structure est identique à celle du rêve, est la satisfaction symbolique et déguisée d'une tendance refoulée. Le refoulement est particulièrement visible dans le cas de l'hystérie.

Comme l'a montré l'«analyse de Dora », réalisée par Freud, c'est le refoulement de toute sexualité qui explique les symptômes de la maladie. 1 Publiée en 1905, l'observation du « cas Dora » que Freud eut à traiter en 1899 illustre les principes dégagés dans « L'Interprétation des rêves ».

Cet exposé se propose de montrer l'intérêt de l'analyse onirique comme moyen d'accès au matériel psychique refoulé dans l'inconscient et la signification des manifestations morbides névrotiques comme substituts d'une vie sexuelle normale. 2 Conduite par son père chez Freud — qui l'avait soigné avant son mariage pour une affection nerveuse d'origine syphilitique — Dora, âgée de dix-huit ans au début de la cure, présentait depuis des années des symptômes caractéristiques de « petite hystérie » : gêne respiratoire, toux saccadée, crises d'aphonie et de migraines, états dépressifs, agressivité vis-à-vis des siens allant jusqu'à l'expression d'un dégoût, jugé peu sincère, de la vie. Prédisposée à la névrose par son hérédité paternelle, elle avait en outre connu une adolescence perturbée par la désunion de ses parents.

Dominée par la personnalité du père, sa famille reproduisait une situation typiquement oedipienne.

Sa mère recherchait une compensation affective dans un surcroît d'activité ménagère et de tendresse vis-à-vis de son fils tandis que son père, aux côtés duquel Dora s'était rangée sans réserves, avait noué une liaison durable avec la femme d'un couple ami : les K.

Le mari, M.

K., la courtisait assidûment et avait tenté de la séduire. L'analyse suggérait une profonde ambivalence de sentiments vis-à-vis du père d'abord soutenu comme un complice, puis jugé comme un délinquant, après la tentative de séduction de M.

K. 3 La réaction hystérique provoquée par une occasion d'excitation sexuelle révèle, bien qu'elles soient masquées par l'attachement au père, les pulsions refoulées du sujet : amour jadis conscient, puis condamné par la morale sociale, pour M.

K., sentiments homosexuels non moins profonds éprouvés par Dora pour l'épouse de celui-ci.

Mettant en lumière la simultanéité des tendances les plus diverses, l'analyse éclaire les phénomènes de localisation des symptômes névrotiques dans les zones érogènes extragénitales, sans raison organique décelable.

Elle montre comment cette complaisance somatique, par conversion des éléments psychiques refoulés en manifestations. »

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