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L'indépendance suffit-elle à définir la liberté ?

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« Définition des termes du sujet: LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. [Introduction] On définit communément la liberté comme la faculté d'agir et de penser sans y être contraint et sans en être empêché par quiconque ni par quoi que ce soit.

En ce premier sens, nous sommes libres lorsque nous sommes indépendants, c'est-à-dire lorsque nous suivons notre bon plaisir sans qu'aucune contrainte extérieure ne vienne nous en empêcher. Une telle conception de la liberté, légitime à bien des égards, ne comporte-t-elle pas pourtant de nombreuses limites ? Car comment concilier entre elles toutes ces libertés individuelles soucieuses de leur affirmation personnelle ? Peut-on reconnaître à autrui le même droit qu'à soi sans que cela ne mette en péril la vie en commun ? Surtout, peut-on s'accommoder d'une définition de la liberté excluant tout type d'obligation interne et personnelle ? L'enjeu de ce questionnement est de parvenir à concilier les définitions de la liberté comme émancipation de toute tutelle extérieure, c'est-à-dire comme indépendance, et comme capacité de l'individu humain de se prescrire à luimême des lois tirées de la seule raison (autonomie).

L'indépendance, autrement dit, pourrait bien s'avérer être nécessaire mais non suffisante pour définir la liberté. [I.

L'indépendance désigne la condition nécessaire de la liberté] L'indépendance désigne l'état dans lequel un individu ne dépend plus de rien ni de personne pour penser et pour agir. On dit ainsi que le jeune adulte quittant le foyer familial pour s'installer et subvenir lui-même à ses besoins gagne son indépendance vis-à-vis de ses parents, ou encore qu'un médecin s'installant à son compte devient indépendant d'une structure, de collègues ou de supérieurs qui auparavant pouvaient à la fois gérer son emploi du temps et à lui dicter sa conduite.

En ce sens, l'indépendance désigne bien la condition absolue de la liberté, comprise au sens large comme capacité de l'individu à s'affirmer comme un sujet. À cet égard, Descartes a montré la nécessité absolue de rompre avec les préjugés, c'est-à-dire avec toute pensée reçue de l'extérieur (parents, précepteurs, nourrices, etc.) et dont on n'a pas pris la peine d'examiner la validité.

Le doute a ainsi pour fonction de remettre en question toutes les idées simplement reçues, et de reconstruire l'édifice des connaissances « en un fond qui soit tout à [s]oi », c'est-à-dire au plus profond du je.

La première de toutes les vérités est ainsi le cogito : « Je pense donc je suis ».

Elle marque le premier pas vers la conquête de l'indépendance absolue.

Et il n'est pas de philosophie ou de pensée authentique possible, sans cette cassure radicale qui inaugure l'indépendance. Cependant, l'indépendance a tôt fait de glisser de la revendication, légitime, de lu pensée individuelle, vers la défense, plus contestable, du bon plaisir et des passions de chacun.

Elle présente donc un certain nombre de limites et d'insuffisances, qui jettent le soupçon sur sa capacité à nous faire suffisamment entendre ce qu'est la liberté. [II.

L'indépendance présente des limites, voire des contradictions, nuisibles à la liberté elle-même] En premier lieu, il semble difficile voire impossible de reconnaître à tout homme le droit d'agir comme bon lui semble. Les réflexions du sophiste Calliclès (Gorgias de Platon) et de Bakounine (anarchiste du XIX siècle) le montrent bien, sur le plan moral pour le premier et sur le plan politique pour le second.

Selon Calliclès en effet, l'homme libre ou indépendant est celui qui donne libre cours à ses passions et qui cherche en permanence les moyens de les satisfaire, fût-ce au détriment d'autrui.

Et d'après Bakounine, partisan de l'abolition pure et simple de l'État, l'indépendance désigne la faculté, politique ici, d'agir sans qu'aucune loi commune ne vienne nous contraindre. Mais comment reconnaître à autrui le même droit qu'à soi ? Comment pouvons-nous à la fois faire ce que nous voulons et laisser autrui agir à sa guise, alors qu'il a aussi tous les droits sur nous ? Hobbes montre bien l'absurdité d'une telle conception de la liberté, qui définit selon lui l'état de nature, c'est-à-dire la condition des hommes indépendamment de toute structure politique.

En effet, si chacun a droit sur toute chose et même sur la personne d'autrui (c'est le jus in omnia, droit de tous sur toute chose), la vie en commun est résolument impossible.

Chacun risque à tout moment de perdre la vie au détour d'un chemin, et de se voir pris à son propre piège de l'indépendance. L'indépendance est donc trop individualiste et trop dangereuse, pour la liberté elle-même.

Il est nécessaire, sinon de la modifier, du moins de la compléter, pour parvenir à une définition plus satisfaisante de la liberté.. »

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