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l'inconscient a-t-il de quoi nous faire peur ?

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« Introduction Lorsque Freud finit de développer, au début du vingtième siècle, sa théorie de l'inconscient, c'est toute une tradition philosophique du sujet et de sa volonté (Descartes, Kant...) et de la conscience (Brentano, Husserl...) qui est ébranlée.

Selon la position « psychanalytique » (analyse du psychisme humain) de l'Autrichien, une force échappant à la conscience se manifesterait chez l'individu, mais au dépend de sa volonté consciente, sous la forme des rêves, des lapsus, des actes manqués... Cette théorie de l'inconscient, autre instance que le « moi » (identité consciente) reçoit aujourd'hui un crédit populaire à défaut d'un crédit scientifique (Popper refusera son statut de science) ou rationaliste (Alain, nous le verrons, la combattra inlassablement). Cette théorie fut, dès son avènement, critiquée, combattue par presque tout le monde.

Comme si cette théorie dérangeait, inquiétait. Nous pouvons en effet nous demander si et en quoi la théorie de l'inconscient est une cause d'inquiétude ? Mais peut-on avoir peur de ce qu'on ne connaît pas ? La peur a-t-elle de quoi provoquer un refoulement de la conscience ? I.

La peur de l'inconnu ? Il semble légitime de craindre ce qui échappe à notre contrôle, l'effort de la civilisation humaine en est une preuve suffisante.

Se rendre compte que notre action consciente peut-être à tout instant parasitée par des troubles (lapsus, actes manqués, cauchemar...) incontrôlables n'est en effet guère rassurant.

Le fait est que nombre d'individus se rendent chez le psychanalyste comme ils se rendent chez le médecin pour qu'il soigne une maladie qu'ils ne peuvent guérir eux-mêmes... On peut légitimement se demander si ce n'est pas alors l'ignorance qui cause cette peur et non l'inconscient luimême.

C'est une peur commune de l'inconnu qui caractériserait la peur de l'inconscient. De fait, Alain récuse cette théorie freudienne en dénonçant l'illusion qu'elle créée : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps.

On a peur de son inconscient.

» Si l'homme est obscur à lui-même, il ne faut pas imaginer que l'inconscient désigne un autre moi, qui serait le double caché et secret de ma conscience.

Cet inconscient serait un mauvais ange, un conseiller diabolique, avec ses préjugés, ses ruses et ses passions.

Toute pensée procède en nous de la conscience, par laquelle seule nous nous définissons comme sujet.

Le rêve n'est pas une pensée car toute pensée est volontaire.

Ce qui échappe donc à notre conscience et à notre volonté ne relève pas d'un psychisme inconscient, mais d'un mécanisme corporel. Quand la conscience est assoupie, le corps livré à lui-même, induit des sentiments et des représentations qui reflètent son bien-être ou son inconfort.

Donner une existence et une consistance à l'inconscient, c'est idolâtrer le corps, craindre ce qui est inférieur et normalement soumis à notre volonté consciente, si l'on en fait le ressort secret de notre volonté et de notre conscience.

Il y a une faute morale capitale à craindre son inconscient en y voyant un autre moi que je connais mal mais qui me connaît et me conduit.

L'homme ne tire sa dignité que de sa conscience par laquelle il veut ce qu'il pense et pense ce qu'il veut.

L'homme n'est grand que par sa liberté, la pensée que rien ne l'engage ni ne le force sinon lui-même.

La conscience est moralement destinée à dominer le corps et ses mécanismes obscurs.

C'est donc la croyance en l'existence de cette instance inconsciente qui générerait la peur selon Alain. II.

Peur ou angoisse ? On pourrait rétorquer à Alain, sur la base des considérations kierkegaardiennes et heideggériennes sur le trouble affectif (peur, angoisse, souci...), que l'inconnu que représente l'inconscient peut susciter certes une angoisse (vient du latin angustus qui signifie étrangler, resserrer) mais pas la peur.

En effet la peur est un sentiment suscité par une menace réelle et perceptible.

L'angoisse est le sentiment inquiétant que l'on ressent à l'égard d'une menace que l'on ne peut caractériser, une menace pressentie mais invisible. La théorie freudienne est en effet assortie de deux « topiques », c'est-à-dire de deux descriptions successives de l'appareil psychique.

la deuxième topique freudienne présente trois instances : le « Ça » (instance pulsionnelle), le « Moi » (instance de conciliation entre les énergies pulsionnelles du Ça et les exigences du Surmoi), le « Surmoi » (instance de l'autorité, du jugement moral, du « Père » nous dit symboliquement Freud).

En établissant une analyse descriptive de l'appareil psychique, puis en trouvant une hypothèse explicative des actes inconscients (rêves, lapsus, actes manqués...), Freud permet justement de dépasser cette angoisse devant la « Chose » (das Ding en. »

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