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L'imagination peut-elle s'affranchir de toute contrainte ?

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« [Introduction] L'imagination est souvent présentée comme « la folle du logis », selon l'expression de Malebranche.

Cette puissance débridée de l'esprit perturbe la raison, et l'on a souvent vu en elle une « maîtresse d'erreur et de fausseté », comme le dit Pascal.

Du malade imaginaire aux victimes de leur imagination, la liste est longue qui définit l'imagination de manière péjorative, comme la faculté de représenter ce qui n'est pas.

Cette faculté a une puissance indéniable.

Il faudrait donc s'en méfier.

Mais n'y a-t-il pas, à côté de l'imagination trompeuse, décevante, une autre forme d'imagination, l'imagination créatrice de l'artiste et du savant ? Cependant, qu'elle soit fausse ou créatrice, l'imagination peut-elle échapper aux contraintes ? Ces contraintes elles-mêmes sont-elles en opposition avec l'imagination ? [I.

L'imagination débridée] Tout homme est soumis au règne de l'imagination.

La raison est vaincue par cette puissance trompeuse, d'autant plus attirante qu'elle est parfois vraie.

L'imagination est « cette puissance ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer », écrit Pascal.

L'imagination est dangereuse, elle nous détourne de la vérité en déformant la réalité. Puisqu'elle domine la raison, de quoi l'imagination pourrait-elle vouloir s'affranchir ? Aurait-elle des contraintes qui limiteraient son pouvoir ? L'une de ces contraintes est-elle la réalité ? La nature de la réalité échappe à l'imagination qui ne peut changer que la représentation que nous en avons. On ramène souvent l'opposition entre l'imagination et la réalité à l'opposition entre le sensible et l'intelligible.

C'est le cas de Platon : le monde sensible est une pâle imitation du monde intelligible, véritable réalité.

D'ailleurs, le terme imitation vient du latin imitatio, dérivé d'imago, «image ».

Il existe donc un lien sémantique entre l'imagination et l'imitation.

L'imitation est par nature incapable de cerner la réalité sensible puisque celle-ci est une copie.

La réalité semble à la fois échapper à l'imagination et en être la source.

Les limites que la réalité impose à l'imagination sont d'abord celles de la représentation. L'imagination peut-elle s'en affranchir ? On peut penser que l'imagination n'a aucune limite : par exemple, la peur de la mort, la crainte des dieux, dit Épicure, naissent de l'ignorance et de la superstition.

L'homme laisse « la folle du logis » envahir sa raison et en devient le jouet.

L'imagination peut néanmoins nous consoler, nous rassurer, fut-ce au prix d'illusions.

Le philosophe se méfie donc de l'imagination, mais faut-il considérer l'imagination comme étant une image servile et stérile du réel, ou comme une faculté créatrice qui fait surgir le réel ? [II.

L'imagination créatrice] L'imagination, dans les sciences, dans les arts, permet de créer.

Comme l'écrit Baudelaire dans les Curiosités esthétiques, « l'imagination a créé le monde, il est juste qu'elle le gouverne ».

L'imagination trouve son fondement dans le monde qu'elle institue.

L'imagination va au-delà de la réalité qui s'offre à nous : par l'imagination, l'homme semble capable de dépasser ce qui lui est donné et d'inventer une vie nouvelle.

N'oublions pas que le visible n'est qu'une partie infime de la réalité, et l'homme désire toujours savoir plus que ce qu'il perçoit. L'imagination est une façon de se projeter dans le monde ; cependant le monde n'est jamais perçu tel qu'il est mais tel que je suis.

Le réel est le résultat d'un travail, comme le souligne Bachelard.

Le savant et l'artiste réconcilient imagination et contrainte : le premier lorsqu'il construit des hypothèses, le second, lorsqu'il crée des formes nouvelles, et tous deux parce qu'ils s'affranchissent des conformismes socio culturels, politiques, de leur époque.

Le réel, c'est l'imaginaire surmonté par le travail acharné et libéré des stéréotypes. C'est pourquoi Kant peut affirmer que « l'imagination comme instrument de la connaissance est soumise à la contrainte de l'entendement qui la limite [...]; mais pour les fins esthétiques, elle est libre ».

Il y a donc une collaboration nécessaire de l'imagination et du jugement.

L'imagination ne peut pas s'affranchir de toute contrainte. [Conclusion] Si rester maître de son imagination est une condition fondamentale de la liberté d'esprit et de la sagesse, il ne faut pas oublier que la capacité créatrice de l'homme a permis de grandes oeuvres, qu'elles soient scientifiques, artistiques, philosophiques, etc.

Sans imagination, pas d'enthousiasme créateur, et sans travail, pas d'imagination créatrice.. »

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