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L'idée du Moi ?

Extrait du document

« Définitions: MOI (n.

m.) 1.

— Désigne le sujet en tant qu'il se pense lui-même.

2.

— Idée que se fait de lui-même un individu quelconque.

3.

— (Psychan.) Instance de la seconde topique freudienne (opposé au ça et au surmoi), le moi (das Ich) dépend des revendications du ça et des impératifs du surmoi ; il apparaît comme un facteur de liaison des processus psychiques et représente le pôle défensif de la personnalité. IDÉE: Parfois synonyme de représentation mentale, parfois de concept (idée générale et abstraite); dans le platonisme, et avec un I majuscule, les Idées sont les modèles des choses, existant en soi, que l'âme contemplait avant son incarnation.

Nous fabriquons les concepts, nous contemplons les Idées. Du grec idein, « voir ».

L'idée est ce par quoi la pensée unifie le réel.

La question de l'origine et de la nature des idées divise les philosophes.

Descartes soutient que nous avons en nous des idées innées, alors que Hume leur attribue une origine empirique. Il faut distinguer, chez Kant, l'idée du concept : l'idée, produite par la raison, est un principe d'unification du réel supérieur au concept, produit par l'entendement. A la question : « qui est là ? » — « C'est moi », répond l'enfant.

Mais, nous dit Duhamel, dans Les Plaisirs et les Jeux, le philosophe, que l'on veut consulter sur ce point, répond lui aussi, au téléphone : « C'est moi ! » — Et qui douterait d'être, au moment même où il hésite sur tout ? Car, celui qui pense ses propres incertitudes, il faut bien qu'il soit quelque chose, écrit à peu près Descartes.

Ainsi, spontanément, chacun est-il au moins assuré de ce que Montesquieu nomme le sentiment de l'être.

Les difficultés commencent ensuite, lorsqu'on se demande ce que représente cette intuition ou conscience de ,soi, à laquelle nous sommes tentés d'accorder une permanence, démentie cependant par la perpétuelle variation de nos états.

Comment l'adulte se reconnaît-il dans l'enfant qu'il se souvient d'avoir été ? Mieux, comment à toutes les époques de son existence a-t-il pu dire « moi », fondant en quelque sorte sur une identité personnelle la conscience du changement ? — On pense à ce que dit Leibniz, lorsqu'il évoque, dans tout mouvement, le détail de ce qui change et le détail de ce qui demeure.

En est-il de même pour nous ? Parlons-nous de nous-mêmes, un, voire unique, comme de ce couteau, qui est toujours mon bon vieux couteau, bien qu'on en ait remplacé tantôt la lame et tantôt le manche ? Sans se fixer d'abord à la question sous la forme dernière ou métaphysique — celle de l'unité de l'être —, ne pourrait-on du moins, par quelque analyse psychologique, approcher le problème par un inventaire de ce que contient cette idée du moi ? — Nous verrions alors si dans tout ce que recouvre cette simple syllable, on ne peut déceler quelque attitude privilégiée capable, mieux qu'une autre, de nous éclairer sur ce point. « L'activité originairement synthétique du moi », écrit Kant.

Cela suppose, du moins, que les choses ne sont pas simples et que, dès le départ si l'on peut dire, le moi est multiplicité en action.

Certes, l'étude des fonctions mentales révèle des structures, des harmonies et des disharmonies que nous ne soupçonnions pas et qui, peut-être, ne sont rien en dehors de ce jeu au cours duquel elles se déclarent.

C'est bien ainsi que l'entend Kant lui qui, dans toute expérience — et aussi celle de nos propres états — voit apparaître une forme de la sensibilité, un contenu intuitif et des catégories de l'entendement ! Or tout cela c'est nous-même, mais c'est aussi ce qui nous révèle à nous-même.

Pourtant, s'il en est ainsi, ce n'est pas à ce mécanisme que nous pensons lorsque nous formons l'idée du moi.

Seulement nous voudrions savoir si telle donnée est plus moi que telle autre ou si, au sens fort, telle manière d'être ou façon de faire est plus révélatrice ou fondamentale, — encore qu'il puisse y avoir quelque naïveté à s'exprimer de la sorte.

Il ne s'agit, en effet, ni d'invoquer les représentations objectives, comme tempérament ou caractère, par lesquelles on pourrait expliquer notre propre singularité, ni de ramener ce moi des concepts opérationnels, relatifs à l'individualité ou à la personnalité.

Plus généralement, on veut savoir comment et pourquoi nous sommes tous capables de former l'idée du moi, quels que nous puissions être d'ailleurs.

Tel est sans doute, réduit au principal, le domaine de l'idée en cause. Le moi n'est pas l'individualité; et pourtant sans le fait de l'individuation, comme on disait au temps des scolastiques, la notion du moi, ni par conséquent l'idée que nous en pouvons former, n'auraient de sens, à coup sûr.

L'individu est, objectivement, cette unité psycho-physiologique qui, subjectivement, dit « moi » et que, du dehors ou du dedans, nous pouvons considérer comme une personne, c'est-à-dire comme une valeur, ou plutôt comme un système de valeurs.

Or.

on peut se perdre soi-même dans l'analyse de ce système, dans la recherche des voies secrètes qui en unissent les parties, comme dans celle des attaches qui le lient à autrui (et, en bref, à l'univers des existences) pour y découvrir la réalité essentielle.

C'est ce qui arrive, par exemple, à ces personnages de Pirandello qui s'interrogent indéfiniment sur les correspondances de l'être et du paraître, sur la double face du miroir : celle que nous présentons aux autres, à tels autres, et celle dans laquelle nous avons parfois peine à nous reconnaître.

Finalement, le miroir se brise et tous les éclats ne forment pas la même image.

Mais, encore une fois, où est l'unité de tout cela, dans la durée comme dans l'instant même ? C'est ici qu'il faut signaler que le moi qui s'interroge dit « je » ; et c'est l'origine de ce « je » que nous voudrions tenir en relation avec toutes les manifestations et les conditions qui en feraient paraître la permanence. A) Il y a là-dessus des hypothèses très larges, qui nous renvoient à des formes assez obscures, même si on les qualifie de profondes ! On invoquera volontiers l'inconscient, pour chercher au-dessous de la conscience le noeud qui nous attache à la fois à notre propre histoire, à celle des autres, comme à celles de l'univers.

Autrement dit, on suppose une zone où la réalité physique, physiologique, sociale et mentale interfèrent de façon décisive, comme en un lieu où nous serions à la fois tout, tous et nous-mêmes avant que se produisent les séparations que la conscience instaure; le lieu où se prépareraient les formes même de ces ségrégations.

Mais, justement, la représentation de cet inconscient accorde la primauté tantôt au physiologique, tantôt au social, tantôt à quelque chose de plus vaste encore.. »

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