L'idée de valeur
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
VALEUR: Du latin valor, « mérite », « qualités ».
(1) Propriété de ce qui est jugé désirable ou utile (exemple : la valeur de l'expérience).
(2) En morale, norme ou idéal
orientant nos choix et nos actions (exemple : le bien, la justice, l'égalité).
(3) En économie politique, on distingue la
valeur d'usage d'un objet, qui est relative au degré d'utilité que chacun lui attribue, et sa valeur d'échange (son
prix), qui résulte du rapport de l'offre et de la demande.
IDÉE: Parfois synonyme de représentation mentale, parfois de concept (idée générale et abstraite); dans le
platonisme, et avec un I majuscule, les Idées sont les modèles des choses, existant en soi, que l'âme contemplait
avant son incarnation.
Nous fabriquons les concepts, nous contemplons les Idées.
I.
C'est Nietzsche qui a introduit ce terme de valeur en philosophie en donnant comme sous-titre à l'ouvrage qu'il
préparait sur la Volonté de puissance Eine umwertung aller Werte, « un renversement de toutes les valeurs ».
Pitié,
humilité, charité, résignation, telles sont les valeurs prônées par la civilisation chrétienne, que Nietzsche veut «
dévaluer » pour « réévaluer » les valeurs des maîtres, directement jaillies de la volonté de puissance : la force
joyeuse, le courage, l'esprit de guerre et de conquête.
Nietzsche sensibilise la conscience moderne au problème des
valeurs parce qu'il met en question « la table des valeurs » traditionnellement admise et convertit en problème ce
qui était pour ses contemporains évidence ou habitude.
C'est de la contestation des valeurs communément
acceptées que naît ici la philosophie des valeurs.
Nietzsche et la méthode généalogique : un renversement des valeurs.
La dénonciation nietzschéenne des prétentions de la conscience à
s'ériger en lieu ultime d'émergence du devoir prend la forme d'une analyse
« généalogique » consistant à soumettre le principe d'obligation à une analyse
régressive qui, en démasquant l'origine cachée des valeurs morales, en récuse
le caractère d'a priori, et peut ainsi dénoncer le dogmatisme de la morale
kantienne dans sa définition de l'impératif catégorique affecté d'une valeur
absolue, universelle et nécessaire.
Nietzsche s'efforce de montrer que chaque morale constitue une « table des valeurs », un
système axiologique dont l'enquête généalogique permet de manifester les soubassements
instinctifs, cad les structures existentielles constitutives d'un « type » d'homme et de vie,
ascendant ou décadent.
Les véritables sources de la moralité se révèlent ainsi infra-rationnelles.
La conscience morale ne fait qu'exprimer, tout en les dissimulant, les tendances profondes de
notre pulsionnalité organique.
La normativité constitutive de l'exigence morale n'est pas, comme
l'avait cru Kant, l'a priorité de la raison pratique, mais bien plutôt la valorisation immanente de
l'acte même d'exister.
La méthode généalogique permet ainsi de découvrir derrière la raison pratique
une fonction des instincts qui, selon leur propre orientation, définissent des
types d'hommes ou de cultures différents, animés par la peur ou le désir.
L'analyse rend compte de la diversité des morales, tout en en démasquant le mobile profond : « il y a des morales
qui sont destinées à justifier leur auteur aux yeux d'autrui ; d'autres à l'apaiser et à le réconcilier avec lui-même ;
d'autres lui servent à se crucifier et à s'humilier ; d'autres à exercer sa vengeance, d'autres à se déguiser, d'autres
à se transfigurer, à se transposer dans une sphère élevée et lointaine [...] Bref, les morales elles aussi sont une
séméiologie des passions » (« Par-delà le bien et le mal », $187).
Dans ces conditions, le philosophe devra rompre résolument avec « l'illusion du jugement moral ».
Se placer « pardelà bien et mal » consiste à prendre acte qu' « il n'y a pas du tout de faits moraux » ; si bien que les jugements
moraux ne valent que comme indices d'un certain type de « volonté de puissance », et qu'à ce titre ils permettent
au moins d'identifier le type d'homme, et de vie, qui s'en réclament.
C'est pourquoi « le jugement moral ne doit
jamais être pris à la lettre [...] La morale n'est que le langage des signes, une symptomatologie » (« Crépuscule
des idoles »).
Chaque morale correspond à un certain type de vie dont elle est l'expression et, pour ainsi dire, le « symptôme ».
« J'appelle « morale » un système de jugements de valeur qui est en relation avec les condition d'existence d'un
être ».
Ainsi devient-il possible d'établir une stricte corrélation entre un certain type de morale et un certain type
d'homme : « Dans quelles conditions l'homme s'est-il inventé à son usage ces deux évaluations : le bien et le mal ?
Et quelle valeur ont-elles par elles-mêmes ? Ont-elles jusqu'à présent enrayé ou favorisé le développement de
l'humanité ? Sont-elles un symptôme de détresse, d'appauvrissement vital, de dégénérescence ? Ou bien trahissentelles, au contraire, la plénitude, la force, la volonté de vivre, le courage, la confiance en l'avenir de la vie ? »
(« Généalogie de la morale », avant-propos).
La généalogie ne vise donc pas seulement, selon une démarche purement descriptive, à déterminer l'origine des
valeurs, mais aussi, et surtout, par l'exhumation des tendances instinctives qui se dissimulent derrière elles, à
apprécier la valeur de l'origine.
La méthode ne fait ici que suivre les injonctions de l'hypothèse fondamentale de.
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