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L'idée de souverain bien

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« Le concept de Souverain Bien ou le problème du bonheur et de la vertu. Problématique : Bonheur (entendu comme état de complète satisfaction de tous les penchants humains) et vertu (entendue comme disposition réfléchie et volontaire à faire le bien) peuvent-ils être liés ? L'homme vertueux est-il nécessairement un homme heureux ? Ou faut-il, comme le marquis de Sade, parler d'infortunes de la vertu et de prospérités du vice ? Le méchant, le vicieux est-il plus heureux que le vertueux ? Si oui, n'y a-t-il pas ici quelque répugnance morale ? Et cela ne nous conduirait-il pas à désespérer de la vie ? Le concept de Souverain Bien se définit comme l'accord de la vertu et du bonheur.

D'où la nécessité de déterminer la nature de cette liaison, de cette unité. [Rappelons qu'on appelle jugement analytique un jugement pour lequel ce qui est exprimé dans le prédicat ne fait que développer ce qui est déjà exprimé par le sujet, selon le principe d'identité.

Dire « la matière est étendue» est un jugement analytique parce qu'il appartient à l'essence de la matière d'être étendue.

Par contre, dans un jugement synthétique, le prédicat apporte une connaissance qui ne pouvait être tirée par simple analyse du développement du sujet.

Unir le prédicat et le sujet implique alors l'intervention d'un troisième terme qui effectue la synthèse, soit a priori, soit a posteriori.

« La matière est pesante » est un jugement synthétique car la notion de poids n'est pas comprise dans celle de matière, il faut pour unir les deux termes faire appel à l'expérience qui permet d'en réaliser la synthèse.] Ou bien : elle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur. Les deux grandes écoles morales de l'antiquité (épicurisme et stoïcisme) ont adopté le principe commun de l'identité logique du bonheur et de la vertu. Pour Epicure, la vertu de prudence est le bonheur lui-même.

Etre prudent c'est être heureux et être heureux, c'est vivre avec prudence.

L'homme malheureux serait celui qui a les yeux plus grands que le ventre ! « Nous disons que le plaisir est la fin de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent dans la jouissance, comme l'imaginent certaines gens, mais nous entendons le plaisir comme l'absence de douleur pour le corps, l'absence de trouble pour l'âme.

Car ce ne sont ni des beuveries et des festins à n'en plus finir, ni la jouissance de jeunes garçons ou de femmes, ni la dégustation de poissons et de bonne chair que comporte une table somptueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais c'est un entendement sobre et sage, qui sache rechercher les causes de tout choix et de toute aversion et chasser les opinions fausses, d'où provient pour la plus grande part le trouble qui saisit les âmes.

Or le principe de tout cela, et par conséquent le plus grand bien, c'est la prudence.

Et voilà pourquoi la prudence est une chose plus précieuse que la philosophie ellemême ; car c'est elle qui donne naissance à toutes les autres vertus, en nous enseignant qu'il est impossible de vivre heureusement sans vivre avec prudence, honnêteté et justice, comme il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice sans vivre par là même heureusement.

» EPICURE. Pour un stoïcien comme Epictète, se conformer à l'ordre parfait du monde en ne voulant que ce qui dépend de moi, c'est être heureux.

L'homme malheureux est celui qui ne proportionne pas son vouloir à son pouvoir. Or, c'est une erreur de considérer l'unité du concept de Souverain Bien comme analytique.

L'erreur conjointe des stoïciens et des épicuriens était de considérer comme identiques deux éléments hétérogènes.

Les maximes [Une maxime désignant le principe subjectif de l'action que le sujet se donne à lui-même comme règle] de la vertu et les maximes du bonheur relèvent de principes totalement différents. Contre les épicuriens, il suffit donc de dire : la vertu, cela consiste à employer les moyens nécessaires à être heureux pour que sa conscience se révolte.

LE BONHEUR NE FAIT PAS LA VERTU.

En effet, l'expérience la plus commune ne montre-t-elle pas que la recherche du bonheur va souvent à l'encontre de la vertu et de la morale.

Par exemple, respecter le bien d'autrui, c'est s'interdire de pouvoir en jouir à sa guise.

L'homme n'est pas qu'un être de sensations mais aussi un être de raison. Quant au Stoïcisme, l'expérience de la vie quotidienne, l'idée que nous avons du bonheur positif suffit à le réfuter. Peut-on dire, par exemple, que le sage Epictète, esclave, les jambes brisées et jeté au fond d'un puits, s'il n'a pas failli à la loi morale, est parfaitement heureux.

LA VERTU NE FAIT PAS LE BONHEUR.

L'homme n'est pas qu'un être de raison mais aussi un être de sensations. TRANSITION : il ne faut donc pas mélanger les torchons du bonheur avec les serviettes de la vertu !. »

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