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l'idée de finalité est-elle nécessaire pour expliquer les êtres naturels ?

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« Introduction : ● Bien définir les termes du sujet : - « Idée de finalité » : Ici, la finalité est naturelle, il s'agit de la convenance et de l'adaptation des moyens à une fin, par exemple, les organes à la satisfaction des besoins.

Parler d'"idée" de finalité implique que cette fin n'est pas réelle, qu'elle n'existe pas dans les faits, mais que son existence est seulement envisagée de manière abstraite. - « être naturel » : ce sont tous les êtres qui font partie de la nature, qui n'ont pas été créés par l'homme (=artificiels) Désigne aussi bien le végétal que l'animal, que les hommes, et les autres éléments. - « Nécessaire » : c'est ce qui ne pourrait pas ne pas être, ce qui est indispensable. - « Expliquer » : c'est comprendre les lois de fonctionnement de tel ou tel être, le comment, et parfois le pourquoi, ainsi que son mode d'existence. ● Construction de la problématique : L'idée de finalité indique que nous cherchons non seulement le "comment", mais aussi le "pourquoi" des êtres naturels : au lieu de s'en tenir aux faits tels qu'ils apparaissent dans le réel, nous voulons connaître la raison d'être de ces faits, leur but, ce vers quoi ils tendent.

Or le réel ne nous donne rien de plus que les phénomènes eux-mêmes.

D'où vient ce besoin d'expliquer le pourquoi ? à Se pose donc la question de savoir si l'idée de finalité est un outil adapté à l'explication des êtres naturels, ou si cette idée est une déformation due à notre nature.

Autrement dit, est-ce que considérer les êtres naturels sous cet angle est utile et heuristique, ou cela est-il uniquement anthropomorphique ? Plan : I/ C'est la finalité elle-même qui est dans les êtres vivants : Devant l'incroyable adaptation de l'organe à sa tâche ou à son milieu, il semble parfois difficile de ne pas croire que l'un est fait pour l'autre.

Ainsi, de par sa configuration, l'œil semble être fait pour voir. ● C'est ce que pense Aristote dans Partie des animaux, I, V, ("ce n'est pas le hasard, mais la finalité qui règne dans les œuvres de la nature."), où il remarque la parfaite adéquation de l'organe à sa fonction.

Le finalisme d'Aristote insiste sur la fonction ; selon lui, toute œuvre de la nature vise la réalisation de sa forme, de sa fin, et cherche à actualiser sa fonction.

Autrement dit, tout produit de la nature s'efforce d'atteindre la fin, le but qu'il possède déjà en lui, et qu'il doit simplement actualiser, réaliser.

La formation de l'organe se définit ainsi comme actualisation de la forme qui existe en puissance dans la matière. ● Aristote exclut cependant la recherche des causes finales, car elles peuvent être liées à une métaphysique de type providentialiste.

Il n'admet pas par exemple qu'il pleut pour arroser les récoltes, sinon il doit admettre l'existence d'un dieu qui s'occupe des récoltes.

Il n'y a donc pas de finalisme externe, mais plutôt une finalité ou téléologie de la nature selon laquelle la fonction détermine la forme de l'organe. ● Ainsi, selon Aristote, l'idée de finalité est le seul moyen d'expliquer les êtres naturels.

Mais son finalisme n'est pas heuristique, puisque c'est le moyen qui est intéressant : comment l'œil voit? II/ L'idée de finalité est uniquement une idée régulatrice : Si nous sommes tentés d'appliquer l'idée de finalité aux êtres naturels pour les comprendre, c'est parce qu'il nous est impossible de les expliquer selon les simples lois naturelles, ou selon le mécanisme aveugle de la nature.

Nous avons alors besoin, pour les expliquer et les connaître, c'est-à-dire donner leur causalité et leur origine, utiliser les concepts de la raison. ● C'est ce qu'explique Kant dans La critique de la faculté de juger (partie téléologique).

Il faut utiliser des concepts de la raison pour comprendre les êtres naturels.

Or, la raison est la faculté des fins ; l'objet dont on ne peut expliquer l'existence que par la raison, ne peut exister lui-même qu'en tant que fin.

Ex de l'arbre qui est à la fois cause et effet de lui-même, il travaille à sa propre conservation, ce qui implique qu'il y a une fin : l'arbre se nourrit pour se conserver.

à C'est une "finalité naturelle", l'arbre est un être organisé s'organisant lui-même. ● Kant réintroduit la finalité dans la nature, mais elle n'est ni métaphysique, ni anthropocentrique (les plumes ne sont pas faites pour les chapeaux des hommes), elle est juste un moyen pour rendre compte des spécificités des êtres naturels.

Il y a chez ces derniers une adaptation fonctionnelle de leurs organes, qui existent les uns par et pour les autres.

à Mais cette idée de finalité naturelle n'est pas immédiatement sortie de la nature elle-même, elle n'est due qu'à une analogie qui permet de guider la recherche sur des objets, et de réfléchir sur leur fondement originaire. ● Le principe téléologique est ainsi un fil conducteur nécessaire pour l'observation des êtres naturels, mais il ne faut pas le considérer comme une réalité dans la nature, c'est un principe régulateur et non constitutif. III/ L'idée de finalité doit être exclue des recherches scientifiques : Mais cette idée de finalité qui sert à expliquer les êtres naturels semble finalement être anthropomorphique.

Elle vient de l'idée selon laquelle lorsque nous faisons les choses, nous les faisons en vue d'un but déterminé, et que le hasard ne pourrait les produire seul.

Il y aurait donc une finalité des êtres naturels.

Mais la téléologie ne peut pas se prouver scientifiquement, et la science se doit d'avoir un postulat d'objectivité. ● C'est ce que montre Claude Bernard dans Le cahier rouge : la science doit être objective si elle ne veut pas devenir métaphysique.

Mais le seul fait d'admettre ce postulat d'objectivité, c'est montrer qu'il existe un danger de finalisme ou de téléologie : on ne peut pas nier l'existence de son hypothèse. ● Il suffit de voir les expériences des scientifiques contemporains comme Wolff.

Ce dernier fait des expériences sur les œufs de poule : il retranche ou ajoute sur la section de l'ADN réservé aux pattes de la matière grâce aux rayons X.

Lorsque les poussins naissent, tous sont normaux, leurs pattes sont complètes (ceux à qui on a enlevé de la matière ont un tibia sans péroné, ceux à qui on en a ajouté, ont un tibia et un péroné entiers).

Les embryons ont répondu à l'agression extérieure.

Il semble que la nature ait "choisit", donné la priorité au tibia nécessaire à la marche - contrairement au péroné. ● Tout se passe "comme si" il y avait une finalité de la nature. Conclusion : Malgré le postulat d'objectivité des sciences, il est possible d'affirmer que l'idée de finalité, même si elle est anthropomorphique, nous permet de mieux comprendre et de mieux aborder le fonctionnement des êtres naturels.

Ainsi, si cette idée paraît être un passage nécessaire à l'explication des êtres naturels, il semble surtout que nous ne puissions jamais totalement l'éloigner de notre pensée.. »

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