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Liberté et connaissance ?

Extrait du document

« 1.

Liberté et nécessité sont compatibles Hobbes définit la liberté comme un mouvement.

Ainsi, l'eau n'a pas seulement « la liberté, mais aussi la nécessité, de couler avec la pente le long du lit du fleuve » (Léviathan, XXI).

De même pour les actions humaines : nous pouvons désirer accomplir une action, et pourtant cette inclination ou ce désir procèdent de quelque cause, « et celle-ci d'une autre ».

À celui qui pourrait voir la connexion de ces causes, la nécessité de toutes les actions volontaires des hommes apparaîtrait clairement. L'homme, partie de la nature Chacun forme, en fonction de son expérience ou de ses habitudes, des images générales des choses.

Un soldat, par exemple, ayant vu sur le sable les traces d'un cheval, passera aussitôt de la pensée d'un cheval à celle d'un cavalier, et de là à la pensée de la guerre.

Un paysan, au contraire, passera de la pensée d'un cheval à celle d'une charrue, d'un champ.

Dans cette expérience, où nous associons, par l'imagination, une idée à une autre, nous sommes passifs, car déterminés par notre corps.

Nous ne sommes pas la cause complète de nos actions. Dieu ou la Nature Dieu s'identifie à la Nature : la philosophie de Spinoza est un panthéisme.

Dans la Nature, tout est déterminé par Dieu. Ainsi, lorsque nous percevons les liens nécessaires qui unissent les idées dans une démonstration, nous percevons un ordre que nous n'avons pas choisi, mais que nous comprenons librement.

Liberté et nécessité sont donc compatibles. 2.

La liberté d'indifférence et l'ignorance Être libre ne consiste pas à choisir indifféremment entre les membres d'une alternative.

Cette liberté d'indifférence, dit Descartes, est le plus bas degré de la liberté, puisqu'elle est la liberté de l'ignorance ou de l'erreur.

Être libre, c'est choisir en connaissance de cause.

La liberté commence par une réforme de la connaissance.

La quatrième méditation de Descartes montre que la liberté est subordonnée à la connaissance : on est d'autant plus libre que l'on est dans le vrai. Ainsi, on s'aperçoit que la définition de la liberté comme absence de contrainte se retourne contre elle-même.

La liberté n'est pas pensable hors d'un champ de contraintes qui structure les possibilités de l'action.

Il suffit de penser par exemple aux règles d'un jeu: les règles sont des contraintes, mais c'est grâce à elle que le jeu est possible.

De même, les règles de grammaire du langage : si elles n'existaient pas il n'y aurait pas de communication possible.

Les contraintes sont donc peut-être ressenties comme des entraves à la liberté, il n'empêche que dans certains cas, elles sont ce qui rend possible d'agir.

Si elles n'étaient pas là, on ne pourrait pas agir, et il serait difficile alors de considérer que l'on est libre. C'est pourquoi le savoir, l'exigence de savoir ce que l'on fait, n'est pas irrémédiablement incompatible avec l'idée de liberté, loin de là. La servitude désigne d'abord l'état de celui qui se croit hors de toute nécessité, parce qu'il est ignorant des causes qui le déterminent.

C'est la servitude de celui qui croit qu'il a le choix, alors qu'il ne connaît même pas adéquatement les termes de ce choix.

Il n'y a, pour Spinoza, aucune volonté absolument libre (Éthique, 1, 32), la liberté ne pouvant être que la connaissance de la nécessité. 3.

La compréhension de la nécessité et liberté: plus on connaît, plus on est libre. Pour Freud aussi, être libre c'est savoir ce que l'on fait, mais le « savoir » dont il est question n'est pas le même que celui dont parle Descartes.

Le savoir de Descartes porte sur le monde; le savoir de Freud porte sur soi-même.

Le cas de Anna O.

que Freud raconte dans ses Cinq leçons de psychanalyse en donne un bon exemple.

Anna O.

souffre de différentes pathologies (notamment de paralysie et de strabisme, de phobie de l'eau et de la nourriture) sans savoir pourquoi.

Freud, par un jeu de questionnement, parvient à reconstituer ce qui s'est passé et à montrer que ces pathologies sont toutes liées à certaines scènes vécues par Anna O.

tandis qu'elle était au chevet de son père mourant.

Ce sont ces traumatismes qui ont laissé leurs marques dans l'inconscient de la patiente et qui l'empêchent de mener une vie normale - et qui la mettent même en danger.

Grâce à ce questionnement, Anna O.

parvient ensuite à se remémorer ces événements, qu'elle avait oubliés.

P, c'est à partir de cette prise de conscience que la patiente recouvre la santé, et donc une certaine liberté. Spinoza, critiquant Descartes bien avant Freud, avait déjà déclaré que « l'homme n'est pas un empire dans un empire » (Éthique, 3e partie), exprimant par cette formule que notre volonté est soumise à des causes tout comme les objets du monde extérieurs et tout comme notre corps.

Il montrait ainsi qu'il n'est pas si facile d'être libre, et que le savoir n'y suffit jamais: il y a toujours des causes qui agissent sur nous.

Ce que l'on peut faire toutefois, c'est apprendre à connaître ces causes - comme le fait Freud avec les représentations traumatisantes - pour se libérer de leur effet. «On dirait qu'ils conçoivent l'homme dans la nature comme un empire dans un empire [...] Une volonté finie ou infinie requiert une cause par où elle soit déterminée à exister et à produire quelque effet et ainsi ne peut être dite cause libre, mais seulement nécessaire ou contrainte.

» Spinoza, Éthique (1675). • Spinoza, sur ce sujet, critique Descartes et lui reproche de considérer l'homme comme «un empire dans un empire», comme s'il échappait à la causalité naturelle.

Pour Spinoza, l'âme n'échappe pas plus que le corps aux chaînes de causalité, ne serait-ce que parce qu'elle ne se crée pas elle-même.

Elle est donc une cause contrainte, c'est-à-dire un maillon qui cause des effets tout en étant causé par des causes antérieures.

L'âme a l'illusion d'être libre parce qu'elle ne voit pas les causes qui la déterminent et se prend pour un point de départ. • La liberté, en tant que point de départ absolu, n'existe donc pas pour Spinoza.

Pour lui, l'homme peut seulement être plus ou moins libre, selon la connaissance qu'il a des causes qui agissent sur lui.

Avoir conscience de ces causes (en particulier les représentations imaginaires) permet parfois de s'en libérer ou au moins d'agir «en connaissance de cause».

On est donc d'autant plus libre, pour Spinoza, qu'on connaît ses déterminations - ce qui est une tâche infinie. Pour Spinoza, considérer « l'homme dans la nature comme un empire dans un empire » est une absurdité.

A u lieu de croire que l'homme est immédiatement libre, il faut comprendre comment le libérer.

Croire que l'homme a immédiatement un pouvoir absolu sur ses actions, qu'il est une exception dans la nature (où tout est soumis à des lois) parce qu'il aurait une volonté libre, c'est se condamner à le méconnaître et à le mépriser.

Comprendre que l'homme est une partie de la nature comme une autre, c'est-à-dire que toutes ses actions, même celles qu'il croit volontaires, s'expliquent par des causes, c'est se donner les moyens de le conduire vers la liberté, vers la plus grande puissance possible de penser et d'action, vers l'épanouissement.. »

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