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Liberté, destin et nécessité ?

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« VOCABULAIRE: NÉCESSITÉ: Caractère de ce qui ne peut pas ne pas être.

Une proposition est nécessaire quand elle est rigoureusement démontrée, qu'on ne peut la refuser; synonyme: apodictique; contraire: contingent. DESTIN: Puissance mystérieuse qui fixerait de façon inéluctable le cours des événements y compris ceux de la vie d'un individu.

Tout ce qui arrive ou arrivera nécessairement et inéluctablement, en dépit de tous les efforts faits pour l'éviter ou le faire arriver autrement.

C'est l'ensemble des événements imparables.

Croire au destin, c'est croire que ce qui arrive (le réel) est l'accomplissement d'un futur nécessaire ou déjà déterminé.

C'est être fataliste. La pensée superstitieuse a tendance à faire du destin une puissance supérieure régissant par avance le monde et les existences individuelles à l'insu de leur volonté et de leur conscience.

Elle croit alors que connaître son destin ne permet pas de s'y soustraire.

Ou que, pire encore, les efforts faits pour lui échapper ne font qu'accélérer sa réalisation ! LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. A.

La liberté et le destin Pour les stoïciens de l'époque impériale comme Épictète, Sénèque, Marc-Aurèle, la liberté se définit par la conformité à la nécessité rationnelle. Le stoïcisme est d'abord une conception de l'univers et de son ordre.

Les dieux ont tout organisé selon des lois inexorables.

L'ordre universel s'impose donc comme une nécessité ou un destin (fatum).

L'homme est libre lorsqu'il agit en fonction de sa nature d'homme, c'est-à-dire d'être raisonnable, capable de comprendre et de vouloir l'ordre rationnel du cosmos.

D'abord, l'homme libre, c'est l'homme du logos, de la méthode, capable de discerner ce qui dépend de lui de ce qui ne dépend pas de lui.

Ainsi Épictète affirme dans Les entretiens' que la naissance, la mort, l'échec, la réussite, la fidélité, l'infidélité ne dépendent pas de l'homme.

Ne dépend de l'homme que « ce qui est supérieur à tout, ce qui domine tout, c'est-à-dire l'usage des représentations ».

Autrement dit, seule la raison est en son pouvoir, seule elle lui appartient en propre.

L'homme est donc libre d'exercer son jugement, de donner ou non son assentiment.

Rien ne peut contraindre sa volonté.

Ne dépend, en fait, de lui que le jugement qu'il porte sur ce qui ne dépend pas de lui.

Et l'homme est libre à partir du moment où il accepte le destin.

Pourquoi craint-on la mort et pourquoi ne regrette-t-on pas la date de notre naissance ? Seul l'espoir de bénéficier d'une mort plus tardive nous amène à en souffrir.

Un effort de méditation doit nous conduire à reconnaître qu'il ne dépend pas plus de nous de mourir tel jour ou tel autre que d'être né à telle ou telle date.

Le sage doit donc savoir saisir les événements dans leur nécessité rationnelle, les reconnaître dans leur enchaînement implacable, imprévisible et vouloir chaque événement tel qu'il se produit : « ...

tout ce qui arrive conformément à la nature arrive comme il faut.

» Epictète écrit : « Quand j'ai le nom de Dion à écrire, il faut que je l'écrive non pas comme je veux mais tel qu'il est, sans y changer une lettre.

» Autrement dit, la liberté « consiste à vouloir que les choses arrivent non comme il nous plaît, mais comme elles arrivent » L'homme esclave, c'est donc l'homme du pathos qui vit sous l'emprise de la passion, livré aux affections que sont les désirs, les craintes, les espoirs, les douleurs, les sentiments et émotions.

Se considérant isolément, méconnaissant la nécessité par laquelle la partie retourne au tout et la nature de chacun à la nature universelle, cet homme veut vivre mieux, être riche et en bonne santé.

Or, comme l'affirme Épictète, seule « la reconnaissance de la nécessité fait passer du régime de la passion à celui de la raison, de l'ignorance à la connaissance ».

L'ordre divin du cosmos appelle donc une pieuse adhésion.

L'impassibilité, la conformité à la nature, l'adoration de l'ordre cosmique, voilà ce qui témoigne à la fois de l'humilité de l'homme qui se reconnaît comme partie d'un tout qui l'englobe et de sa puissance en tant qu'il ne peut rien craindre pour ce qui ne dépend pas de lui. Pour le stoïcisme, c'est le regard porté sur les choses qui leur donne une signification.

Mais ne peut-on pas objecter à cette philosophie qu'un esclave ne saurait être libre dans ses fers, que cette liberté de juger qui est purement intérieure et qui n'a point d'expression réelle est tout à fait chimérique, que la liberté est avant tout un pouvoir d'agir et de transformer le monde selon nos aspirations ? En fait, les stoïciens témoignent par leur philosophie de la providence d'une certaine impuissance politique de la Grèce de leur temps.. »

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