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L'homme pourrait-il vivre sans la conscience du passé ?

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« ANALYSE DU SUJET: La saisie du passé, l'acte spirituel par lequel je pense mon passé comme tel, possèdent-ils une fonction ? Que permettent-ils exactement dans l'existence humaine ? Sans conscience du passé, l'homme ne pourrait accéder à la réalité de la personne et, dans ces conditions, ne pourrait vivre. AVERTISSEMENT «L'homme» est ici ambigu: terme générique ou individu? On peut traiter les deux aspects.

Difficulté supplémentaire: rien n'oblige à considérer «conscience du passé» comme synonyme de «connaissance du passé». INTRODUCTION Parce que la conscience du passé paraît parfois encombrante ou stérilisante (cf.

le remords, ou Nietzsche: «le roc: ce fut»), l'être humain peut être tenté par une existence qui en serait débarrassée.

Ce souhait est-il réalisable ? L'homme pourrait-il vivre sans conscience du passé ? Introduction Vivre sans la conscience du passé, n'est-ce pas impossible pour un être doué de conscience, puisque la conscience est, selon les termes de Bergson « un pont jeté entre le passé et le futur » ? La mémoire, cette conscience du passé, n'est-elle pas essentielle pour notre vie pratique, mais également pour constituer notre identité personnelle et pour donner un sens à notre existence ? Mais à l'opposé, nous pouvons nous demander si le passé ne risque pas de peser sur la vie, de s'opposer à la libre nouveauté du présent par une cristallisation des habitudes, des traditions, voire par la pesanteur d'un passé mort et révolu.

« Vivre » doit donc être entendu ici au sens complet d'un épanouissement de nos facultés, conformément au bien-vivre que recherchaient les philosophes de l'Antiquité.

Nous nous proposons d'examiner successivement ces deux évaluations complémentaires de la conscience du passé. I - La nécessité d'une conscience du passé a) La vie présuppose la mémoire du passé.

En effet, tout savoir pratique implique la mémoire des règles techniques, aussi bien au niveau de la vie individuelle que de la vie sociale.

Le pouvoir sur les choses est la réactualisation d'un savoir acquis de telle sorte que la mémoire fonctionne comme une source d'action sur le monde.

La vie consciente, au lieu de fonctionner selon des comportements instinctifs, met en oeuvre des processus décisionnels et techniques qui puisent dans un capital d'expérience.

Contrairement aux autres mammifères, l'homme semble être par excellence un être de mémoire.

Au lieu de vivre un présent absolu, toujours renouvelé, au fil de ses perceptions et de ses actions, l'homme vit un perpétuel chevauchement du passé, du présent et du futur.

Sa conscience, retenant le passé immédiat et anticipant sur le futur proche, effectue une synthèse temporelle qui lui permet de lier les événements entre eux, bref de penser un ordre rationnel du moi et du monde. b) Le passé source d'identité du moi.

Le passé subsiste dans la mémoire selon des points de vue très subjectifs puisque le sujet l'enregistre à partir d'un « je » central qui est le centre de toutes ses perceptions.

Ce passé est en outre transformé et réinterprété par le sujet lui-même : des oublis, des corrections de jugements, de nouvelles versions le modifient sans cesse.

Par ce travail sur la mémoire, notre identité se constitue car je suis avant tout défini par la succession des événements qui forment ma vie.

Loin d'être résumée par une identité génétique, mon « moi » est avant tout une continuité temporelle. c) Nous pourrions aller plus loin, bien vivre exige aussi une cohérence existentielle entre les moments de ma vie, plutôt qu'une collection désordonnée d'événements sans liens entre eux.

Mais à quelles conditions mon passé peut-il acquérir cette cohérence ? Une simple connaissance du passé suffit-elle ou bien faut-il la compléter par une connaissance de soi ? Remarquons en premier lieu que, naturellement, une existence doit être ordonnée par des principes supérieurs à la succession des événements provoqués par le hasard ou celle des désirs aléatoires et contradictoires. d) Quelle est la source de cette cohérence ? C'est une éthique (du grec èthos, comportement, genre de vie) qui doit fournir des principes existentiels : principes d'action raisonnables, de maîtrise de soi, de contrôle des émotions et des passions, mais aussi de perfectionnement de ses potentialités afin de devenir « celui que l'on est ».

Bien vivre exige donc aussi la connaissance des mécanismes inconscients de notre comportement et des passions humaines.

Une telle mise en ordre existentielle rend alors possible une clarté, une intelligibilité et une progression du passé, bref, un sens, plutôt qu'une succession désordonnée.

La conscience du passé semble alors essentielle pour bien vivre : se retrouver s'oppose alors à la fragmentation de mon moi dans une diversité hétéroclite d'activités, de rôles psychologiques ou sociaux, de personnages joués sans authenticité selon les intérêts du moment.

Sénèque, dans De la brièveté de la vie n'insiste-t-il pas sur la nécessité de vivre conformément à la raison, et selon les. »

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