L'homme peut-il refuser toute contrainte ?
Extrait du document
«
[Dès lors que la liberté est une affirmation absolue, rien ne saurait la limiter; elle est totale et sans bornes
par le seul fait qu'elle est.
L'homme qui veut être libre doit nécessairement refuser tout ce qui est
contraignant.]
Être libre, c'est ne pas être contraint
Si je suis libre, je dois pouvoir faire ce que je veux.
Par suite, la liberté est conçue habituellement comme
absence de toute contrainte ou de tout obstacle.
Ce sens courant du mot rejoint d'ailleurs le sens originel: la
liberté est la libre condition de celui qui n'est pas esclave et dispose librement de sa personne.
La société bride l'individu
Pour Schopenhauer, plus un individu a de valeur, moins il supporte les
contraintes de la vie sociale qui limite sa liberté et bride son
développement.
En effet, l'adaptation de soi aux autres par le respect
de règles communes impose le sacrifice de soi puisque la liberté
individuelle est limitée par celle des autres.
Ainsi, celui "qui n'aime pas la
solitude, n'aime pas la liberté".
"Ni Dieu, ni maître"
Les anarchistes (les Russes Bakounine et Kropotkine, en France Élisée
Reclus et Jean Grave) voient au contraire dans l'État le Mal radical et
dans l'Individu la valeur suprême.
« Vivre sa vie», « faire ce qu'on veut
», «épanouir sa personnalité », telles sont leurs formules préférées.
Pour eux toute obéissance est une abdication, une destruction de la
personnalité.
La révolte est permise contre toute autorité : «Ni Dieu, ni
maître », s'écrie Jean Grave.
L'État est condamné parce qu'il est
l'aliénation de la liberté, et comme le dit Bakounine, «un immense
cimetière où viennent s'enterrer toutes les manifestations de la vie
individuelle».
Non seulement l'État est le monstre abstrait qui détruit la
liberté des individus vivants, concrets, mais l'État, parce qu'il rompt la
solidarité universelle, parce qu'il ne se pose qu'en s'opposant à d'autres
États, ce qui engendre la guerre et ses souffrances, apparaît comme le
plus grand obstacle à l'épanouissement des valeurs réellement universelles.
Comprenons bien que les anarchistes ne sont pas pour autant des immoralistes antisociaux.
Ils sont au
contraire tout à fait persuadés que l'individu ne peut s'épanouir que dans les relations de la vie
communautaire.
Mais il s'agit pour eux de liens sociaux librement consentis.
L'État avec ses contraintes
artificielles n'est qu'une caricature de la société naturelle.
Les anarchistes réclament donc une révolution qui
abattra l'État, ses juges, ses policiers, ses armées.
Sur les ruines de l'État s'établiront alors de libres
associations humaines.
Sans doute les théories anarchistes ne doivent-elles pas être rejetées sans examen.
Il est exact que l'État,
au cours de l'histoire, a pris souvent une forme tyrannique qui paralyse ou détruit l'épanouissement des
personnes.
L'Etat représente bien souvent l'expression déguisée d'une classe sociale dominante et ses lois ne
sont alors que l'instrument dissimulé d'une «exploitation de l'homme par l'homme».
On peut admettre aussi
qu'une meilleure organisation de la vie sociale, assurant une répartition plus juste des charges et des
richesses, permettrait de diminuer l'appareil de contraintes et de sanctions dont l'Etat est encore aujourd'hui
— sous tous les régimes politiques — inséparable.
Mais on ne saurait suivre les anarchistes jusqu'au bout de
leur rêve.
Leur idée-force est précisément que l'individu — en dehors de toute organisation imposée — ne
demande qu'à nouer avec ses semblables des liens pacifiques et féconds.
Kropotkine croit à un besoin naturel
irrésistible d'altruisme et d'entraide.
Les hommes par nature, ont des instincts généreux prédominants : c'est
là le postulat si discutable de l'anarchisme qui fait trop bon marché de l'égoïsme et des passions.
Les anarchistes croient, comme Fourier, qu'une organisation spontanée de la production et du travail est
possible.
Tout peut se faire par goût et sans contrainte, pourvu seulement qu'une organisation artificielle et
vicieuse n'y mette pas obstacle.
Pour cette raison, les anarchistes refusent tout principe extérieur d'autorité
parce que l'État empêche la libre expression de l'individu en réglementant la vie sociale.
si par «lois» on entend un droit positif énoncé par une Autorité souveraine dans le cadre d'un État, il est
possible d'avancer (comme le fait par exemple l'anarchisme) que les hommes peuvent vivre sans de telles lois
et cela sans pour autant en être réduits à l'état de bêtes sauvages, puisque les hommes pourront alors régler
leur rapport en s'appuyant uniquement sur des lois éthiques..
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