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 L'homme peut-il être considéré comme un objet ?

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 Le manque d'objectivité se manifeste par la liaison étroite du sujet et de l'objet mais aussi par la subjectivité irréfutable du sujet pensant. Le débordement de l'objet en soi tient à la non séparation du sujet et de l'objet: selon Conte dans son Cours de philosophie positive, le sujet pensant ne peut pas se partager en deux entre un observateur passif et un expérimentateur actif. Il existe en effet une interaction évidente, une « intime liaison » selon Piaget entre le sujet égocentrique et le sujet épistémique. La conscience subjective est inhérente à l'individualité qui ne peut pas être « d'aucun temps ni d'aucun pays » comme le souhaitait Fénelon. L'individu, déterminé par l'espace et le temps a indéniablement sa culture, ses jugements moraux, ses préjugés sociaux et politiques: l'historien vit à un moment de l'histoire, l'économiste vit dans une économie et de cette économie, le psychanalyse  Freud a le complexe d'Œdipe… La connaissance humaine n'est donc ni universelle ni intemporelle mais spécifique à un individu qui s'inscrit dans un lieu donné à un moment donné. Le rapport à soi de chaque conscience révèle la particularité, c'est-à-dire la subjectivité. 

 

 

 

 

« Les succès de la méthode expérimentale au cours du XIXe siècle, non seulement en physique et en chimie, mais en biologie, ont fait de ce mode de connaissance un modèle.

Il semblait aller de soi que ce qui avait si bien réussi dans les sciences de la nature devait s'appliquer également aux sciences morales, aux sciences de l'esprit ou, comme nous disons, aux sciences humaines.

D'où la naissance, avec l'Allemand Wundt (1832-1920), d'une psychologie expérimentale, calquant ses procédés sur ceux des sciences physiques.

D'où la sociologie de Durkheim (1858-1917), chef de l'École sociologique française, qui pose que «la première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses».

Mais, pour nous en tenir aux deux principales sciences humaines, ce double parti pris est-il légitime? N'est-ce pas, d'un côté, négliger le sujet qui fait la science et, de l'autre, n'étudier les activités humaines qu'en tant qu'elles ont un caractère non individuel? Si tous ces énoncés reviennent au fond au même, il convient d'en relever d'abord certaines ambiguïtés.

Parler à propos du psychologue ou du sociologue de «l'activité du sujet qui fait la science», ce n'est pas mettre son objectivité en cause comme lorsqu'on dit que l'historien est dans l'histoire.

L'historien, qu'il le veuille ou non, est engagé.

En revanche, il n'y a guère plus de difficulté pour le psychologue qui recherche les lois de la mémorisation ou pour le sociologue qui détermine les causes du suicide à être aussi impartial que le physicien ou le biologiste.

Ce qui fait problème dans les ceux cas, ce n'est donc pas la personnalité du savant, c'est la valeur scientifique d'une discipline qui prend pour objet général des êtres qui sont des sujets, des êtres pensants. Remarquons aussi au préalable que les sciences humaines font aujourd'hui la preuve d'elles-mêmes en se développant, et que, comme pour Kant relativement à la physique, c'est la question de droit et non celle de fait qui se pose pour elles, à savoir en quel sens et à quelles conditions psychologie et sociologie sont des sciences. § 1.

La psychologie comme science positive En tant qu'elle prétend être une science positive.

la psychologie commence à écarter, d'une part, les problèmes métaphysiques sur l'essence de la pensée ou l'existence de l'âme, etc.

et, d'autre part, les problèmes normatifs ou axiologiques, c'est-à-dire qui mettent en jeu des jugements de valeur, qui ressortissent à la logique et à l'épistémologie, à la morale et à l'esthétique ; ce qui ne signifie pas d'ailleurs que ses résultats ne puissent conduire à des problèmes proprement philosophiques.

Mais elle se donne comme but, comme toute science, de fournir des jugements de réalité, c'est-à-dire d'établir des faits et des lois.

Ces lois s'appliquent aussi bien aux fonctions psychologiques élémentaires de la sensation, comme les lois du seuil, les lois de Weber et de Fechner, qu'à toutes les opérations de la perception, de la mémoire, de l'imagination, de l'association qu'à l'affectivité, désirs, émotions, passions, sentiments, qu'à l'activité, tendances, habitudes, comportements divers ainsi qu'aux fonctions les plus hautes de la connaissance, jugement et raisonnement.

Certes, dans l'état actuel de cette science, la certitude et la précision de ces lois restent loin de celles des sciences physiques, mais elles ne sont pas essentiellement différentes des lois de la matière et de la vie.

Il faut aussi reconnaître que, quoi qu'on en ait dit, la psychologie n'a pas trouvé son unité et que même des difficultés subsistent entre les psychologues sur la validité des différentes méthodes. Ces difficultés toutefois semblent se ramener à des querelles d'écoles.

La plupart des psychologues, en effet, estiment que la méthode subjective ou introspection, très critiquée, est indispensable.

Ils en connaissent les insuffisances : altération du fait observé par le fait de l'observation, impossibilité de s'observer dans les moments d'activité mentale intense (émotion, passion, effort), caractère fragmentaire de la conscience.

Mais toute recherche psychologique commence par elle et en reçoit son sens.

Néanmoins, il faut aussi recourir à des méthodes objectives, qui soit étendent l'observation à autrui, à l'enfant, au primitif, au malade mental, soit procèdent à l'expérimentation et à la mesure (épreuves de laboratoire, tests, psychométrie, etc.). Le souci de l'objectivité pure a même fait naître des formes de psychologie où l'on s'interdit toute référence à la conscience et toute interprétation objective, où l'on se borne à l'observation externe, qui rattache par une loi les réactions aux situations dans lesquelles elles se présentent.

En d'autres termes, on étudie uniquement «ce que l'organisme fait ou ce qu'il dit», le langage pouvant être considéré comme un système de réflexes conditionnés, qui se construisent de la même manière que les réflexes sialogènes chez les chiens de Pavlov.

C'est ce que nous appelons psychologie de comportement de l'école américaine du behaviorisme.

Pour les plus modérés, comme Thompson, ce n'est qu'une hypothèse de travail.

«Un behavioriste ne nie pas qu'il existe des états mentaux ; il décide simplement de ne pas en tenir compte.» Mais Watson, son chef de file, réplique : «Il n'en tient pas compte, au sens où la chimie ne tient pas compte de l'alchimie ; l'astronomie des horoscopes ; la psychologie de la télépathie ou des manifestations spirites.

Le behavioriste ne s'en occupe pas parce qu'à mesure que -le courant de sa science devient plus large et plus profond, ces vieux concepts sont engloutis pour ne jamais reparaître.» Un extrémiste de l'Ecole, Givler, va même jusqu'à dire : «Donnez-moi un nerf et un muscle et je vous ferai un esprit.» La psychologie n'est plus dès lors qu'un chapitre de la biologie. On ne voit pas l'intérêt d'une telle outrance et le principe méthodologique de Thomson a le mérite de circonscrire un type de recherche, qui n'empêche pas d'autres formes de psychologie de se développer de façon féconde à partir d'autres principes.

C'est le cas de la psychologie des conduites inaugurée par Pierre Janet.

A la notion de comportement il substitue celle de conduite.

Un comportement a nécessairement une signification, en ce qu'il répond à une situation déterminée et correspond à une intention, consciente ou non, du sujet.

Ainsi l'introspection apparaît comme indispensable à l'interprétation du comportement lui-même, et la conscience constitue «une conduite particulière, une complication de l'acte, qui se surajoute aux actions élémentaires ».

Il semble que cette conception, qui anime aujourd'hui la plupart des recherches psychologiques, ait l'avantage de respecter l'objectivité scientifique en se fondant sur l'expérience sans pour autant faire abstraction de l'activité du sujet. § 2.

La sociologie comme science positive. »

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