L'homme n'est-il qu'un animal comme les autres ?
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«
Ce sujet nous demande moins de caractériser l'homme que d e comparer l'homme à l'animal.
Il y a deux sous-entendus dans la
formulation de l'énoncer : lorsque l'on parle de l'homme en philosophie, on attend que soient étudiés trois notion : le désir, la conscience
et le langage.
Le second sous-entendu concerne la citation célèbre d'Aristote : « L'homme est un animal politique ».
Qu'est ce qui en l'homme, est si spécifique qu'il ne vit pas comme un animal et que l'on ne le peut le traiter comme un animal ? Qu'est ce
que la dignité humaine ?
I.
L'homme est un être de désir
Il est classique de dire que l'homme a des désirs tandis que l'animal a des besoins.
Le besoin relève d'une exigence de la nature et par
là même, présente un caractère de nécessité.
Le désir lui, relève de la culture, c'est-à-dire ce en quoi son objet à quelque chose de
contingent.
On réduit donc l'animal à la sphère bornée du besoin, tandis que l'homme, par le désir, recherche autre chose que ce dont il a
biologiquement besoin.
Descartes dit de l'animal qu'il est « une machine ingénieuse ».
LA conduite de l'animal, propre à satisfaire le
manque qu'est le besoin, est celle d'un automate.
L'animal n'est pas libre car il ne peut s'éloigner de sa conduite instinctive.
Mais
l'homme lui, est perfectible.
Il est voué à la sociabilité et à l'histoire.
Rousseau d'ailleurs, souligne combien l'amour-propre, produit de la
société et de l'histoire, remplace l'amour de soi.
L'homme est un animal d'artifice _ il désire le luxe _ mais il est aussi un animal
métaphysique.
Il peut s'écarter de la règle que prescrit l'instinct : il est libre, il dispose d'une capacité d'initiative.
Il y a donc en l'homme
une transformation métaphysique du besoin en désir.
L'imagination ouvre le désir à l'infini, elle ouvre au vertige de la prolifération
indéfinie des possibles.
Dans la mesure où il craint la mort _il peut se la représenter, il peut désirer l'éternité, il peut désirer une
perfection dont il sait qu'elle lui fait défaut.
Mais le besoin et le désir ont tous deux en commun d'être des structures de manque.
C'est
pourquoi Hegel voit dans le besoin animal et le mouvement de la vie la première manifestation du désir et de l'Esprit au sein de la
nature.
Hegel voit l'émergence de la vie au sein de l'inerte comme le travail de la négativité introduisant le mouvement au sein de la
nature.
Le besoin qui travaille la nature peut donc être interprété, selon une perspective téléologique, comme le mouvement au sein de la
nature.
Le désir ne serait alors rien d'autre que le besoin devenant peu à peu conscient de lui-même, rompant avec la finitude qui le
bornait à l'éternelle répétition du même, dans la sphère naturelle, pour s'ouvrir à l'altérité, au mouvement et à l'histoire.
Mais pour
l'homme, le désir marque l'infinie aspiration, l'inachèvement, puisque le désir n'a pas d'objet précis, c'est un mouvement, une ek-stasis.
Le besoin de l'animal se fixe sur des objets spécifiques, des manques même si cycliques.
II.
L'homme est un être conscient
L'animal est déterminé par son instinct, l'homme dispose d'une liberté de comportement.
Où celle-ci s'enracine-t-elle ? Qu'est-ce qui
permet à l'homme de se représenter un bien à rechercher, un mal à éviter ? Dans la représentation, il y a la projection.
L'homme se
projette dans le futur, il projette l'image du but à atteindre, de l'objet désiré, tandis que l'animal ne peut s'extérioriser de lui-même.
Il
reste prostré dans le sentir, sans pouvoir se penser.
Il n'y a pas de passage entre sensibilité et entendement chez l'animal.
C'est
pourquoi l'on n'attribue la conscience à l'animal.
La conscience st considérée comme réflexivité, elle doit pouvoir sortir de l'en-soi pour
atteindre le pour soi afin de savoir qu'elle est et de savoir ce qu'elle est.
Il faut que la conscience ait conscience d'être, qu'elle se sente
exister.
Pour qu'un être soit considéré comme conscient, il faut qu'il s soit constitué comme un et identique grâce au pouvoir de synthèse
qu'est l'entendement.
Il faut voir également que la conscience réflexive est aussi une conscience morale.
Grâce à la réflexion, la
conscience peut s'évaluer.
Tandis que l'animal lui, étant privé de la conscience réflexive, on ne peut lui attribuer de conscience morale.
Celle-ci ne peut seulement émerger que lorsque l'entendement réalise l'acte de synthèse, car la moralité inclue le concept de
responsabilité.
Etre responsable, c'est pouvoir répondre de ses actes à la première personne.
C'est pourquoi il est nécessaire d'être passé
du fait de se sentir au fait de se penser.
Donc si nous avons vu précédemment que l'homme désire, nous pouvons même compléter en
disant qu'il est un sujet désirant.
III.
L'homme est un animal politique
Si l'homme dispose d'une conscience porale, cela signifie qu'il est capable de distinguer le
bien du mal, le juste de l'injuste.
Pour Aristote, c'est cela qui distingue l'homme des autres
animaux mais c'est aussi la raison pour laquelle l'homme dispose de la parole, à l'inverse
des autres animaux grégaires, car Aristote lui aussi voit le monde selon une perspective
téléologique.
Il est vrai que la voix sert à exprimer la douleur et le plaisir.
Mais l'on observe
que les animaux, s'ils ont aussi une voix et la possibilité d'exprimer des affects, ne sont pas
capables de distinguer des notions morales qui sont des idées plus complexes et donc n'ont
pas à les exprimer par la conceptualisation.
Pour Aristote, cette parole, outil de l'évaluation
morale, est la base de ce qu'il nomme la politique.
C'est-à-dire la polis : les rapports entre
individus organisés au sein de la cité, par les lois et les institutions.
Nous comprenons dès
lors que la parole, le logos, ne peut s'expliquer que comme attribut propre de l'homme qui
l'on considère que l'animal politique ne peut être compris hors des relations avec es
semblables.
La parole, à l'inverse de la voix, est chargée de signification.
Ainsi, Aristote
donne comme définition essentielle de l'homme qu'il est un animal politique en plus d'être
un animal rationnel.
C e qui signifie deux choses : la nature et la fin ou perfection de
l'homme se trouve dans la construction d'une vie avec ses semblables.
L'être isolé, exclus de
la communauté, est un être soit dégradé, sauvage, puni, soit surhumain : un dieu.
Ce qui
distingue l'homme de l'animal, c'est la nature de cette communauté.
Ce n'est pas la survie,
la répartition des tâches nécessaires à la vie qui lie les hommes mais un lien intelligent
fondé sur le discours, l'échange rationnel, et l'organisation autour de lois faites pour assurer le bonheur.
La communauté animale
(abeilles, fourmis, etc.) est biologique et sert la survie.
Le lien politique est le langage et sert le bien-vivre et la liberté.
Pour caractériser cette spécificité de l'homme, qui reste un animal, Spinoza a exprimé dans son Ethique cette phrase très profonde et qui
est l'objet d'interprétations qui n'en épuisent jamais le sens : «Nous sentons néanmoins et nous savons par expérience que nous sommes
éternels.
».
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