L'homme heureux a-t-il des amis ?
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«
VOCABULAIRE:
AMI / AMITIÉ: Lien d'attachement et de sympathie entre deux ou plusieurs personnes, qui ne repose ni sur l'attrait
sexuel ni sur la parenté.
Heureux, heureuse: Qui jouit du bonheur, qui est durablement content de son sort.
L'intitulé semble indiquer que le bonheur serait un critère d'exclusion.
Est-on incapable de supporter le bonheur
d'autrui ? Aristote développe une distinction entre les pseudo-amitiés, amitiés utiles ou encore utilitaires (dans
lesquelles il distingue les amitiés fondées sur l'intérêt qui selon lui concernent surtout les personnes d'âge mûr, et les
amitiés fondées sur le plaisir qui, elles, concerneraient plutôt la jeunesse) et l'amitié réelle qui est amour de la vertu
de l'ami (et non de son argent ou du plaisir que je peux retirer de lui).
Par ailleurs, Aristote lie très intimement
l'amitié au bonheur.
L'homme heureux a des amis.
Pour deux raisons différentes qui permettent d'opérer une
distinction, quant à la nature du bonheur.
D'une part, les relations, les connaissances témoignent à la fois du fait
que nos mérites et avantages sont publiquement reconnus et du fait que nous pouvons améliorer notre condition
grâce aux facilités procurées par le réseau.
Le bonheur dans ce cas est défini comme le succès et la reconnaissance
sociale, comme le pouvoir sur et par les autres.
D'autre part, l'ami choisi pour sa vertu constitue une sorte de
double, de miroir de soi-même.
Regarder son ami, incarnation pour soi de la vertu, c'est s'observer soi-même et ainsi
s'aider à rester dans le difficile chemin de la sagesse.
Ici, le bonheur est conçu comme sagesse et vertu.
Références
utiles : l'Éthique à Nicomaque d'Aristote, ainsi que le résumé commenté de la conception aristotélicienne de l'amitié
fait par Aubenque dans un ouvrage intitulé La Prudence chez Aristote.
L'homme n'accède à l'humanité que s'il bénéficie d'un entourage amical.
Le manque d'amour tue les petits enfants et
torture toute personne quel que soit l'âge.
L'amitié, qui se définit comme le fait de vouloir de tout coeur le bonheur
de ses amis, est une passion essentielle et primordiale.
Son absence crée le malheur des personnes et des peuples.
L'AMITIÉ INTÉRESSÉE
Il existe plusieurs formes d'amitié.
La première et la moins noble est fondée sur l'intérêt, sur l'utilité: on veut le bien
de certaines personnes parce qu'on y trouve son compte, parce qu'elles nous rendent des services; dans ce cas, on
n'aime pas les personnes mais leurs biens; on les ménage, on les flatte, cela n'a rien de grand; cependant c'est
indispensable à la paix sociale.
L'AMITIÉ D'AGRÉMENT
Au-delà de l'intérêt on peut être amis parce que cela nous apporte plaisir et joie de vivre.
Ni l'amitié intéressée ni
l'amitié d'agrément ne sont très dévouées; on ne peut s'attendre à ce qu'elles nous accompagnent dans le malheur,
mais la société est inconcevable sans elles, car elles apportent du moins la concorde.
L'AMITIÉ VERTUEUSE
L'amitié véritable, vertueuse » comme dit Aristote, ne demande rien : elle offre et donne, se dévoue sans compter
et dans l'espace d'une vie entière.
Inséparable de la fidélité, elle est évidemment assez exclusive : « beaucoup
d'amis, pas d'ami ».
Elle veut le bonheur de l'autre, gratuitement.
L'amitié « vertueuse » ne se distingue pas de l'amour de bienveillance (qui veut le bien de l'autre).
A tort, nous
identifions trop souvent amour et sexualité; or il est évident que l'on peut jouir de l'autre sans l'aimer, et l'inverse:
nombreux sont les amours sans sexualité, comme celui des parents et grands-parents pour leurs enfants et petitsenfants.
« L'amitié est une certaine vertu ou ne va pas sans vertu; de plus, elle est ce qu'il y a de plus nécessaire
pour vivre.
Car sans amis, personne ne choisirait de vivre, même s'il avait tous les autres biens.
Et de fait
les gens riches, et ceux qui possèdent autorité et pouvoir semblent bien avoir, plus que quiconque, besoin
d'amis : à quoi servirait une pareille prospérité, une fois ôtée la possibilité de répandre des bienfaits,
laquelle se manifeste principalement et de la façon la plus digne d'éloge à l'égard des amis.
Ou encore,
comment cette prospérité serait-elle gardée et préservée sans amis? Car, plus elle grande, plus elle est
exposée au risque.
Et, dans la pauvreté comme dans toute autre infortune, les hommes pensent que les
amis sont l'unique refuge.
L'amitié est d'ailleurs un secours aux jeunes gens, pour les préserver de
l'erreur; aux vieillards pour leur assurer des soins et suppléer à leur manque d'activité dû à la faiblesse; à
ceux qui sont dans la fleur de l'âge pour les inciter aux nobles actions.
» ARISTOTE.
L'amitié n'est pas en apparence un thème philosophique classique.
Pourtant, ce texte permet de comprendre toute
son importance pour développer la réflexion sur autrui.
D'une part, l'extrait montre le caractère indispensable d'autrui
sous la figure particulière de l'ami : il m'est précieux parce qu'il peut m'être utile.
D'autre part, il m'est cher, parce
que sa compagnie est un agrément irremplaçable.
Enfin, il remplit une fonction éthique, dans la mesure où il peut
m'inciter à la vertu.
Ce sont les trois types fondamentaux d'amitié chez Aristote : ils mettent en évidence
l'omniprésence d'autrui dans mon existence.
D'autre part, il convient de remarquer que l'amitié et donc la relation avec autrui sont inhérentes à la nature
humaine.
Premièrement, elles sont fondées sur une sociabilité naturelle qui fait plus généralement de l'homme « un.
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