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L'homme a-t-il des devoirs envers Iui-même ?

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« L'homme a-t-il des devoirs envers lui-même ? — On a souvent contesté que l'homme eût des devoirs envers lui-même.

Envers nos semblables qui ont des droits comme nous en avons, qui sont des personnes morales au même titre que nous, qui nous sont unis par les liens d'une étroite solidarité, on conçoit, dit-on, que nous ayons des devoirs, mais quels peuvent être nos devoirs lorsque nous sommes seuls directement en cause ? Si nous nous nuisons à nous-même, c'est de notre plein gré ; le mal que nous nous faisons, est un mal consenti, librement accepté : dès lors, est-il légitime de nous le reprocher comme une faute ? Évidemment non, puisque, d'ailleurs, ni l'opinion publique, ni la législation ne nous condamnent.

La maxime : Il ne fait tort qu'à lui-même, n'est-elle pas invoquée à chaque instant pour justifier les actes que l'on ne juge contraires ni aux droits de la famille, ni à ceux de la société ? Quant aux lois, elles laissent impunis tous les actes qui ne sont nuisibles qu'à leur auteur.

Il est certain, par exemple, que l'intempérance.

l'abus du tabac ou de l'alcool, détruisent la santé, affaiblissent l'intelligence, énervent la volonté, et, cependant, on n'a point encore songé à édicter des peines pour punir ces excès.

Si le législateur punit l'ivresse, c'est uniquement lorsqu'elle est publique, et peut alors devenir un danger pour la société. 2.

Critique de cette opinion.

— Nous n'hésitons pas à déclarer que ce sont là purs sophismes. Et d'abord, il est douteux qu'un acte réellement mauvais, au point de vue moral, puisse être nuisible à son auteur, sans l'être également à ses semblables.

Qu'arrive-t-il, en effet, lorsque nous violons la loi des moeurs, même à l'insu de tous? Nous habituons nos facultés à se détourner du bien ; nous vicions peu à peu en nous et l'esprit et le coeur, nous nous rendons, enfin, de plus en plus incapables de remplir dignement tous nos devoirs sociaux.

Si maintenant nos infractions au devoir sont publiques, la faute est plus grave encore, car, aux conséquences précédentes, il est nécessaire d'ajouter toutes celles qui résultent de l'influence de l'exemple. L'argument que l'on tire des lois civiles et de leur tolérance n'est pas plus concluant.

Il est vrai que leur action est limitée et qu'elle doit l'être, car leur rôle n'est pas de commander la vertu, mais de sauvegarder les intérêts de la société; seulement, où finit leur domaine, s'étend encore celui de la loi morale, et cette loi nous impose partout et toujours des devoirs à remplir.

La conscience qui en est l'interprète, nous affirme d'ailleurs, avec une autorité souveraine, que nous ne pouvons l'enfreindre sans nous avilir. Par conséquent, en supposant même que l'homme vécût seul, il aurait encore sa dignité propre à défendre, un idéal à atteindre, une personne morale de plus en plus parfaite et de plus en plus libre à créer en lui. 3.

Classification des devoirs personnels.

— Les devoirs que nous avons envers nous-mêmes diffèrent suivant que l'on considère plus spécialement l'âme ou le corps.

Les devoirs relatifs au corps se réduisent à celui de conservation ; quant aux devoirs relatifs à l'âme, ils se subdivisent, comme nos facultés elles-mêmes, et se rapportent à la sensibilité, à l'intelligence et à la volonté.. »

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