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l'homme a-t-il accès a l'éternité ?

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« Introduction -L'éternité, c'est la durée infinie dans l'élément de l'immobile : l'éternité, c'est donc l'absolu, c'est-à-dire ce qui n'est relatif à rien de changeant. -L'homme est défini par Aristote en tant qu' "animal rationnel" : en tant qu'animal, il appartient donc au monde sensible sans cesse changeant, son être est intrinsèquement lié au devenir naturel. -Mais en tant qu'être doué de raison, l'homme a la possibilité d'atteindre des vérités intelligibles et absolues. -Comment concilier la double essence contradictoire de l'homme ? L'homme a-t-il accès à cela même qui lui est refusé en tant qu'homme, c'est-à-dire en tant qu'être sensible ? Et si l'homme a accès à l'éternité, l'essence suprahumaine de l'homme, elle, ne pourrait-elle pas avoir accès, à l'inverse, au temps lui-même, en tant que constitutif de son être ? La notion même d'éternité n'est-elle donc pas exclusivement relative à la conception "humaine" de l'homme, la temporalité touchant alors, au contraire, à l'essence plus profonde de l'homme ? I.

L'homme a accès aux Formes éternelles, grâce à sa faculté d'intellection, le noûs (Platon) -Le mythe de la Caverne : l'homme peut sortir du monde sensible pour contempler les Formes éternelles et immuables. -La théorie de l'âme immortelle (Phédon) : puisque l'âme a accès aux vérités éternelles, elle possède en elle un élément homogène à celles-ci, c'est son immortalité.

La partie non sensible de l'âme échappe au corps lorsque celui meurt : c'est ainsi que l'âme peut rejoindre son lieu originel, le monde des Formes. II.

L'homme, en tant qu'homme comme en tant qu'être rationnel, n'a pas accès à l'éternité, puisqu'il ne peut saisir qu'un monde déterminé par le temps (Kant). -L'homme, c'est l'être rationnel qui se saisit et saisit le réel à travers les structures transcendantales de sa subjectivité ; il ne perçoit notamment le monde qu'à travers le sens interne du temps, qui constitue l'une des formes a priori de sa sensibilité.

L'homme ne saurait donc avoir accès à un monde sans temps, puisque le temps constitue la condition de toute saisie possible d'un monde (en tant que donné). Le temps n'est pas un concept qui dérive de l'expérience.

Nous ne pourrions en effet saisir la succession ou la simultanéité en tant que telles, si nous n'avions au préalable la représentation du temps antérieure à toute expérience possible.

Le temps sert donc de fondement a priori à la perception des phénomènes.

Il constitue le fondement transcendantal de toutes les intuitions, tant externes qu'internes.

On ne peut considérer les phénomènes en dehors d'un temps donné, mais il est en revanche possible de produire une intuition du temps, abstraction faite des phénomènes qui s'y déroulent.

Le temps est donc donné a priori, il est la condition de possibilité de l'expérience des phénomènes qui peuvent disparaître sans que le temps lui-même soit supprimé.

De cette intuition a priori du temps découlent des principes universels et nécessaires : le temps n'a qu'une dimension ; des temps différents ne peuvent être que successifs et non simultanés (alors qu'inversement des espaces différents n'existent pas successivement mais simultanément).

Il faut noter que si le temps dérivait de l'expérience, s'il était une réalité empirique, ces principes ne seraient ni universels ni nécessaires.

De la même façon que l'espace, le temps n'est pas un concept, mais la forme pure de l'intuition sensible : il est impossible de dériver d'un concept la proposition suivant laquelle des temps différents sont nécessairement successifs.

Enfin l'intuition originaire du temps se donne comme illimitée : toute détermination temporelle se donne comme une limitation au sein de cet infini.

Le temps n'est donc pas une réalité en soi ou une chose objective.

C'est la condition subjective et transcendantale sous laquelle toutes nos intuitions peuvent trouver place et s'ordonner les unes par rapport aux autres.

Nous avons l'intuition de nous-mêmes et de notre propre état intérieur dans le temps.

Non lié aux phénomènes extérieurs, il ne relève pas d'une figure ou d'une position déterminée : il opère le rapport de nos représentations.

Comme l'espace, il est la condition a priori et formelle de toute phénoménalité, mais à la différence de l'espace qui ne regarde que la forme des objets externes, le temps est ce en quoi nous intuitionnons tous les objets, tant internes qu'externes, de l'expérience. -Mais l'homme est avant tout un être rationnel, c'est-à-dire un être libre dont la nature échappe précisément aux structures transcendantales de la subjectivité qui rendent possible la connaissance en tant que telle.

Néanmoins, il ne peut avoir accès à cette nature extra-temporelle, car il est dépourvu d'une intuition intellectuelle qui rendrait cet accès possible. III.

L'homme a accès à l'éternité, précisément en tant qu'homme ; mais la vraie nature de l'homme, c'est. »

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