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L'histoire se fait-elle toute seule ?

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« [Tout comme l'individu est le produit de son propre inconscient, l'histoire est le fruit d'un inconscient collectif. Les hommes n'ont jamais été entièrement maîtres de leur destin.

L'histoire leur échappe.] L'histoire fait l'homme 1) Vieille conception du Destin ou de la Providence.

L'homme a l'impression qu'une force supérieure le domine et le conduit. 2) Les volontés sont déjouées.

L'homme veut quelque chose (la paix, la liberté, l'égalité), et l'histoire donne son contraire (la guerre, la servitude, l'injustice). 3) L'homme n'est pas conscient de ce qu'il fait.

Il déclenche des mécanismes qu'il ne maîtrise pas (pollution, déforestation, etc.). La raison de l'histoire dépasse l'homme Ainsi que l'écrit Hegel dans La Science de la logique: «Dieu laisse faire les hommes avec leurs passions et intérêts particuliers, et ce qui se produit par là, c'est la réalisation de ses intentions, qui sont quelque chose d'autre que ce pour quoi s'employaient tout d'abord ceux dont il se sert en la circonstance.» La formule exacte qui figure dans les « Leçons sur la philosophie de l'histoire » (1837) est : « L'histoire universelle présente le développement de la conscience qu'a l'esprit de la liberté, et de la réalisation produite par une telle conscience.

» Dans ce texte formé de notes de cours, Hegel signe la première grande philosophie de l'histoire, en prétendant montrer que l'ensemble du passé humain n'est pas livré au hasard, mais présente une rationalité et une nécessité que l'on peut ressaisir. Progressant dans la voie ouverte par Kant, Hegel propose une sorte de révolution en faisant de l'histoire un des objets centraux de la philosophie.

Aristote affirmait dans la « Poétique » : « La poésie est plus philosophique et plus noble que la chronique.

» En effet, selon lui, alors que l'auteur dramatique construit une intrigue cohérente et logique, l'historien décrit ce qui se passe effectivement, et qui semble livré à la contingence.

Contre cette vision traditionnelle, Hegel, plus encore que Kant, tente de saisir l'histoire comme digne de l'étude philosophique, c'est-à-dire comme rationnelle. Hegel affirme d'entrée de jeu : « La seule idée qu'apporte la philosophie est cette simple idée que la raison gouverne le monde, et que par suite l'histoire universelle est rationnelle.

» La scène du monde ne présente pas un chaos d'événements livrés au hasard et au caprice ; elle est rationnelle, ce qui signifie aussi que les événements, les guerres, etc.

sont gouvernés par la nécessité.

« De l'étude de l'histoire universelle même doit résulter que tout s'y est passé rationnellement, qu'elle a été la marche rationnelle, nécessaire de l'esprit universel.

» Cette nécessité est pour Hegel le développement de la conscience de la liberté et sa réalisation au sein de l'Etat.

« L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté, progrès dont nous avons à reconnaître la nécessité.

» Qu'est-ce à dire ? Ce qui caractérise l'homme, l'esprit, est la liberté.

L'histoire est le temps nécessaire pour que, d'une part l'homme prenne conscience de cette liberté, pour que l'esprit parvienne à la connaissance que : « L'homme en tant qu'homme est libre », et que, d'autre part, cette connaissance se concrétise dans le monde, se donne la forme politique qui lui correspond.

Ainsi Hegel propose-t-il une périodisation de l'histoire humaine, où l'Idée de liberté, présente dès le départ, se déploie, s'éprouve et se réalise. « Les Orientaux ne savent pas encore que l'esprit ou l'homme en tant que tel est en soi libre ; parce qu'ils ne le savent pas, ils ne le sont pas ; ils savent uniquement qu'un seul est libre [...] Cet unique n'est donc qu'un despote et non un homme libre.

» Cela signifie d'une part que l'Idée de liberté, même sous forme unilatérale et frustre (un seul est libre), est présente dès le départ, mais, de plus, que la conscience détermine l'être : ne pas se savoir libre, c'est ne pas pouvoir l'être, et qu'enfin à toute conscience de la liberté correspond une forme politique adéquate, ici le. »

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