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L'HISTOIRE NARRATIVE

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  • « Guerre aux historiens sans érudition qui n'ont pas su voir; guerre aux écrivains sans imagination qui n'ont pas su peindre », a écrit Augustin Thierry. L'histoire, à ses yeux, doit être un art, en même temps qu'une science. Aussi peut-il être considéré comme l'initiateur au dix-neuvième siècle d'une école d'historiens qui ont cru hautement au prestige de la narration vivante.

  • LE LIBÉRAL

    Augustin Thierry, né à Blois, prend conscience de sa vocation en lisant, à quinze ans, un passage des Martyrs. Il entre en 1811 à l'École Normale, professe quelque temps au collège de Compiègne, devient secrétaire de Saint-Simon, puis, en 1817, se lance dans le journalisme. Il cherche d'abord dans l'histoire des arguments à l'appui de ses idées libérales, et il échafaude toute une théorie qui tend à expliquer l'évolution des peuples par l'antagonisme séculaire entre race conquérante et race conquise. Son premier grand ouvrage, la Conquête de l'Angleterre par les Normands (1825), illustre cette théorie : l'auteur décrit les spoliations successives de la race indigène au profit de la race étrangère, puis évoque les relations hostiles des deux peuples, jusqu'au Jour où Normands et Saxons, plus étroitement unis, forment enfin une nation. Cette thèse apparaît aujourd'hui beaucoup trop systématique; mais l'ouvrage demeure un modèle de narration historique.

    « « Guerre aux historiens sans érudition qui n'ont pas su voir; guerre aux écrivains sans imagination qui n'ont pas su peindre », a écrit Augustin Thierry.

    L'histoire, à ses yeux, doit être un art, en même temps qu'une science.

    Aussi peut-il être considéré comme l'initiateur au dix-neuvième siècle d'une école d'historiens qui ont cru hautement au prestige de la narration vivante. A Augustin Thierry (1795-1856) LE LIBÉRAL Augustin Thierry, né à Blois, prend conscience de sa vocation en lisant, à quinze ans, un passage des Martyrs.

    Il entre en 1811 à l'École Normale, professe quelque temps au collège de Compiègne, devient secrétaire de SaintSimon, puis, en 1817, se lance dans le journalisme.

    Il cherche d'abord dans l'histoire des arguments à l'appui de ses idées libérales, et il échafaude toute une théorie qui tend à expliquer l'évolution des peuples par l'antagonisme séculaire entre race conquérante et race conquise.

    Son premier grand ouvrage, la Conquête de l'Angleterre par les Normands (1825), illustre cette théorie : l'auteur décrit les spoliations successives de la race indigène au profit de la race étrangère, puis évoque les relations hostiles des deux peuples, jusqu'au Jour où Normands et Saxons, plus étroitement unis, forment enfin une nation.

    Cette thèse apparaît aujourd'hui beaucoup trop systématique; mais l'ouvrage demeure un modèle de narration historique. L'ÉVOCATEUR DU PASSÉ Augustin Thierry, dont la vue s'est de bonne heure affaiblie, devient aveugle en 1833; et bientôt s'éveille en lui le goût de revivre en imagination les scènes pittoresques du passé.

    Aidé par sa femme, il poursuit stoïquement ses travaux et publie en 1840 son ouvrage le plus populaire, les Récits des temps mérovingiens : des chroniques de Grégoire de Tours, il extrait une réalité vivante et dramatique.

    Le livre est un tableau de la Gaule au vie siècle : pas de récit continu, mais une succession d'épisodes groupés autour d'un personnage central; à côté de scènes de pillage et de meurtre, des images gracieuses et riantes; à côté de la figure sinistre de Frédégonde, la douce figure de Galswinthe. LE SAVANT En 1836, Augustin Thierry a été chargé par Guizot de diriger la publication de documents inédits sur l'histoire du Tiers État.

    La nécessité de dépouiller chartes et diplômes l'oriente vers une conception plus scientifique de l'histoire.

    Après la fougue de sa jeunesse, il trouve dans ses recherches l'apaisement et la sérénité.

    Son Essai sur l'histoire de la formation et des progrès du Tiers État (I850) comprend : une histoire de la bourgeoisie et des États généraux; un tableau de la révolution communale, qui contient quelques récits à juste titre classiques (insurrections de Laon, de Reims, de Vézelay).

    Il meurt en laissant l'ouvrage inachevé. B Contemporains et successeurs d'Augustin Thierry Parmi les historiens narrateurs, les uns, cultivent par tempérament le pittoresque ou l'éloquence, les autres recherchent avant tout la clarté et la sobriété. LE RÉCIT ÉLOQUENT Barante (1782-1866).

    Le baron Prosper de Barante, orateur du parti doctrinaire sous la Restauration, fut publisciste et ambassadeur.

    Son oeuvre maîtresse, l'Histoire des ducs de Bourgogne (1824-1828), porte en épigraphe la définition de l'histoire donnée par Quintilien : scribitur ad narrandum, non ad probandum; on écrit pour conter, non pour prouver.

    Barante s'est donné pour tâche « de restituer à l'histoire elle-même l'attrait que le roman historique lui a emprunté ».

    En fait, il montre une prédilection pour le récit orné et pour l'éloquence d'apparat. LE RÉCIT RÉALISTE Thiers (1796-1884).

    Adolphe Thiers, avocat, journaliste, orateur politique et homme d'État, a publié une Histoire de la Révolution (1823-1827), puis une Histoire du Consulat et de l'Empire (1845-1862).

    Réaliste, il s'intéresse avant tout aux faits : les questions économiques, financières et diplomatiques présentent à ses yeux une importance capitale; et il ne dédaigne pas, à l'occasion, « de donner jusqu'au prix du pain, du savon et de la chandelle ».

    Thiers possède, à un degré éminent, la faculté selon lui « essentielle » de l'historien, l'intelligence; son esprit vaste et pénétrant le met en mesure de démêler « le vrai du faux », d'entrer « dans les secrets ressorts des choses », d'éviter les exagérations, « le fard », et de peindre juste.

    Le souci qu'il a d'être constamment limpide l'entraîne, il est vrai, à méconnaître la complexité des événements et à en imposer une vision un peu schématique.

    En outre, son exposé, toujours clair, manque un peu de chaleur et de vie; selon lui, d'ailleurs, l'historien doit éviter toute recherche de style. Mignet (1796-1884).

    François Mignet fut un grand ami de Thiers.

    Tour à tour avocat, journaliste, professeur d'histoire, il devient, en 1837, secrétaire de l'Académie des Sciences morales et politiques, puis conseiller d'État et directeur des Archives au ministère des Affaires étrangères.

    Son Histoire de la Révolution française (1824) contient des modèles de récits objectifs, bien composés, et d'un style aussi élégant que sobre. Henri Martin (1810-1883).

    Henri Martin fut, dans sa jeunesse, romancier, dramaturge et poète.

    A partir de 1833, il se consacre à une Histoire de France, qu'il publie d'abord sous forme d'ébauche, puis qu'il remanie et complète de 1837 à 1854.

    Henri Martin a voulu donner aux Français « l'histoire nationale » qui leur manquait; il s'applique à retrouver à travers les époques de la France la persistance de l'élément gaulois.

    Il se réclame d'Augustin Thierry; mais il ne possède pas l'éclat ni le don de résurrection de son devancier.. »

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